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Jusqu'où s'étend la responsabilité individuelle ?

Publié le 14/06/2009

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Jusqu'où s'étend la responsabilité? Est-elle partielle ou totale, superficielle ou profonde? Dans quelle mesure sommes-nous responsables? Un penseur va nous aider à poser la question sans détours : A. GIDE dans sa théorie de l'acte gratuit. a) L'acte gratuit selon A. Gide. Tout en se défendant d'en faire une théorie systématique, GIDE a soulevé le problème de la gratuité des actions humaines, notamment dans les Caves du Vatican et le Prométhée mal enchaîné. Exposé de la thèse gidienne. « J'ai longtemps pensé, nous dit l'auteur, que c'était là ce qui distinguait l'homme des animaux : un acte gratuit. J'appelais l'homme l'animal capable d'une action gratuite. « Mais qu'est-ce qu'un acte gratuit ? Sinon un acte sans motif, sans raison, sans but, libre de cette liberté que GIDE appelle la disponibilité et qui n'est autre que libre-arbitre ou même la liberté d'indifférence entre les contraires. Un tel acte nous le voyons commis sous les espèces du crime contre la personne d'Amédée Fleurissoire et par les soins de Lafcadio, héros cynique de la gratuité dans l'agir. «A le supposer gratuit, l'acte mauvais, le crime, le voici tout inimputable et imprenable celui qui l'a commis... Je ne veux pas de motif au crime ; il me suffit de motiver le criminel. Oui je prétends l'amener à commettre gratuitement le crime, à désirer commettre un crime parfaitement immotivé. «

« et très enclins à rejeter sur les circonstances les responsabilités que nous devrions assumer et même revendiquer.Nous nous faisons même complices de cette prétendue fatalité.La contrainte peut être naturelle, physique ou biologique.

C'est celle que nous fait subir le corps avec ses besoinstyranniques, ses tares, ses maladies.

Une véritable fatalité biologique pèse sur nous en vertu de l'hérédité ou del'atavisme.

Qui dira exactement ce qui vient de la force du sang et du déséquilibre des nerfs dans les actes lesmoins honorables de l'homme.

Comment évaluer la part exacte de la névrose ?On sait que la justice des tribunaux tient compte des facteurs biologiques dans la détermination de la culpabilitéd'un accusé.

L'examen psychiatrique a pour objet de s'assurer de la santé mentale du prévenu.

S'il advenait qu'il fûtdément, la condamnation ne pourrait être prononcée.

Le cas pathologique évident annule la responsabilité et,partant, l'inculpation.

Quant aux degrés qui existent entre l'état pathologique et l'état dit normal, on peut en tenircompte dans l'application de la peine et le dosage de la sanction.Il va de soi que la folie est une contrainte irrésistible mais, sauf les cas extrêmes, l'argument pathologique ne portepas contre la responsabilité.

Dans un récent procès de parricide, les experts psychiatres se sont élevés contretoute tendance à présenter la monstruosité du crime comme un indice de folie et à croire qu'un crime est d'autantplus excusable qu'il est monstrueux.La vérité c'est que nous devons surveiller les forces dangereuses qui sommeillent en nous à notre insu, afin d'éviterleur possible déchaînement.

La morale invite l'homme à être lucide et maître de soi, à obtenir et à maintenir l'empirede l'esprit sur les forces aveugles et suspectes de la nature humaine, sur les tendances inférieures.Tout doit être mis en œuvre pour rendre possible le plein exercice de la responsabilité, cette souveraineté del'homme.La contrainte peut être intérieure ou psychologique.

C'est alors celle des passions.

Là aussi il s'agit de forcestyranniques encore qu'invisibles et qui tentent de nous asservir.

Par elles nous sommes agis plutôt que nousn'agissons.

Le moi, dépossédé de sa liberté, subit la dictature passionnelle et se voit entraîné à des actes qu'il n'eûtpas accomplis autrement, dont il semble difficile de lui imputer la responsabilité et qui paraissent l'innocenter.

Unesimple définition en dit long cependant : la passion est une inclination exceptionnellement développée devenueprépondérante et exclusive au point d'asservir la volonté et d'aveugler l'entendement.

Sa force est si grande quenous y voyons volontiers un destin, le fatum latin. Or qu'en est-il exactement ? Toute mauvaise foi mise à part, nous devons reconnaître que ce destin prétendu n'estqu'un nom donné à la puissance de nos penchants exagérés et extériorisés.

Cette fatalité, qui nous semble venir dudehors pour s'imposer à nous, n'est jamais que l'objectivation de nos tendances dont nous n'avons pas le couragede reconnaître l'identité.

Autrement dit, c'est le moi lui-même qui se forge ses propres chaînes pour se prétendreensuite enchaîné en faisant jouer la loi des excuses.

Il veut dégager le plus possible sa responsabilité alors qu'il estdéjà coupable d'avoir laissé grandir en lui les forces qui l'ont réduit en servitude.

Il faudrait donc savoir si la passion,au lieu d'atténuer la responsabilité, comme on le croit d'habitude pour le crime passionnel par exemple, ne l'aggravepas au contraire, s'il est vrai que la personne puisse commander à son destin psychologique et doive répondre del'actualisation des tendances qui sont en elle à l'état latent, du choix qu'effectue à l'origine sa liberté.

Dans sa pièceDieu est innocent, LUCIEN FABRE montre comment ŒDIPE, en agissant contre les lois de la nature, s'est livré enaveugle à ses passions et fait preuve de mauvaise foi en rejetant sur les dieux la cause de ses malheurs.Certains auteurs parlent d'une contrainte théologique ou transcendante, celle même que la divinité ferait peser surnous.

Mais la notion est absurde.

Dans une philosophie athée elle ne peut être retenue, évidemment.

Dans unephilosophie religieuse pas davantage, si l'on met à part les croyances inférieures.

Quelles que soient l'omniscience etla toute-puissance de Dieu, on ne peut concevoir qu'il prive ses créatures de toute liberté et exige cependantqu'elles répondent de leurs actes devant son tribunal suprême.

A vrai dire la prédestination radicale est incompatibleavec la dignité de l'homme et la grandeur de Dieu.

Le but de Dieu créateur semble bien être d'avoir créé des êtreslibres, à son image et à sa ressemblance, et dignes, en tant que tels, de son amour.Quant à la liberté, nous pensons qu'il faut dire non pas que l'homme est libre malgré l'existence de Dieu, mais aucontraire que sa liberté n'a de fondement solide dans l'être que si Dieu existe. c) Limites du côté de la connaissance. La connaissance n'est pas moins nécessaire que la liberté à la plénitude de la responsabilité et il semble bien quetout manque de lumière entraîne ipso facto la réduction de la responsabilité.

Cela va de soi pour ce qui regarde lacompétence d'ordre professionnel et le degré de lucidité requise.

Mais il y a maintes difficultés pour ce qui regarde lediscernement du bien et du mal.Du côté de l'intention.

Nous sommes responsables dans la mesure où nous agissons en connaissance de cause.

Or ily a des cas où nous croyons bien faire, où notre intention est droite et pure sans pour autant que l'action soitbonne en elle-même ou dans ses conséquences.

Nous est-elle encore imputable ? Il est bien évident que nous nepouvons prévoir toutes les incidences d'un acte et que, parmi ses effets, plusieurs ne peuvent manquer de nouséchapper.

C'est vrai pour chacun de nous et plus encore pour les hommes d'État dont les décisions ont, dansl'Histoire, un retentissement incalculable.

De plus nous pouvons noustromper en toute bonne foi.

C'est dire que le critère de l'action morale n'est pas seulement la pureté de l'intentioncomme le voudrait KANT.La solution est dans l'effort pour bien juger, pour juger aussi bien que possible sans jamais se satisfaire des opinionstoutes faites à l'égard du bien.

C'est en ce sens qu'il faut prendre la formule cartésienne : il suffit de bien juger pourbien faire.

D'où résulte que la vertu est « d'avoir une volonté ferme et constante d'exécuter tout ce que nousjugeons être le meilleur et d'employer toute la force de notre entendement à en bien juger ».

Pour DESCARTES ledevoir essentiel est de veiller, de faire attention.Du côté des tendances.

On connaît la thèse de PLATON suivant laquelle nul n'est méchant volontairement.

Elle. »

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