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Kant et le jugement de goût

Publié le 08/05/2005

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kant
Lorsque quelqu'un ne trouve pas beau un édifice, un paysage ou un poème, cent avis qui au contraire les apprécient ne lui imposeront pas intérieurement un assentiment. Bien entendu, il peut faire' comme si la chose lui plaisait afin de ne pas passer pour manquer de goût ; il peut même commencer à douter d'avoir assez formé son goût par la connaissance d'un nombre suffisant d'objets d'un certain type (comme quelqu'un qui, de loin, s'imaginant reconnaître une forêt, tandis que d'autres v voient une ville, doutera du jugement de sa propre vue). Il lui apparaîtra néanmoins très clairement que l'assentiment d'autrui ne fournit pas le moindre argument probant lorsqu'il s'agit de juger de la beauté ; que d'autres peuvent bien voir et observer pour lui, et que ce que beaucoup ont vu de la même manière peut constituer pour lui, qui croit avoir vu les choses autrement, un argument probant suffisant pour former un jugement théorique et donc logique ; jamais pourtant ce qui a plu à d'autres ne peut servir de fondement à jugement esthétique. Le jugement d'autrui qui désapprouve le nôtre peut certes à bon droit nous faire douter, mais jamais nous persuader que nous avions tort. Il n'existe donc aucun argument probant d'ordre empirique qui puisse imposer un jugement de goût à quelqu'un. KANT.
POUR DÉMARRER  Le jugement de goût ne semble dépendre que de nous, car il n'existe aucun moyen de démontrer que nous avons tort ou raison : la dernière phrase du texte, bien qu'elle soit la conclusion de la démonstration kantienne, renferme l'idée directrice de ce texte. Aucun argument issu de l'expérience n'imposera à quiconque un énoncé relatif au beau. En bref, je continue, quels que soient les faits, à postuler l'universalité de mon jugement.  CONSEILS PRATIQUES  Un certain nombre de termes, tout à fait classiques dans la philosophie kantienne (jugement de goût, assentiment, jugement théorique et donc logique, jugement esthétique), doivent être soigneusement expliqués. Mais c'est surtout la démonstration minutieuse de Kant qui doit retenir votre attention. N'oubliez pas de replacer ce texte dans la philosophie kantienne du goût et de l'esthétique.

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« Ø la beauté est-elle dans l'objet ? Ø si elle ne l'est pas, le jugement de goût peut-il être universel ? B.

Les critères objectifs du beau. Nos jugements de goût sont contradictoires puisque à la fois nous disons: « c'est beau », et renvoyons le jugement à la subjectivité de chacun.

Et, de fait les jugements sont divers et il semble impossible de lesramener à l'unité.

Mais, considérons les choses de plus près.

Le consensus n'est-il pas étonnant ? Aprèstout n'y a-t-il pas moins de désaccord sur la grandeur de Sophocle, sur la beauté du ciel étoilé que sur lathéorie du big-bang? Cet accord surprenant des esprits n'est-il pas l'indice de l'objectivité du beau ? Nouspouvons nous accorder donc que la beauté est quelque chose que nous saisissons dans l'objet. C'est à partir du XVIe sous l'impulsion de la redécouverte de la culture gréco-latine et de l'esthétiquegrecque imitée par les Romains et surtout au XVIIe que la question du beau fait l'objet d'un examenparticulier, de la part des artistes et des philosophes.

Il revient donc à l'esthétique de la Renaissance et duXVIle, appelée classique, d'avoir dégagé les règles de production du bel objet.

L'inspiration en estplatonicienne.

S'inspirant de la théorie platonicienne du beau ( attention: absolument pas de sa critique del'art bien que celle-ci en raison de son ambiguïté ait permis la réconciliation de l'art et du beau opérée parl'esthétique classique), l'esthétique classique considère le beau comme une réalité qui existe par soi.

Le beauexiste et une fleur ou une œuvre d'art sont belles parce que la beauté est présente en elles.

Elles ne sontpas belles pour nous mais en elles-mêmes.

Elles ne sont pas belles parce que nous les trouvons belles; nousles trouvons belles parce qu'elles sont belles.

Quelles sont alors les propriétés de ce qui est beau? Là encorela conception platonicienne de la beauté inspire la réponse à cette question. 1) La perfection .

Ce qui est beau est ce à quoi il ne manque rien.

Rien de ce qui appartient à sa nature ne lui fait défaut.

De même qu'un cheval avec des oreilles d'âne n'est pas beau, de même une œuvre inachevéen'est pas belle.

On n'aurait jamais exposé à l'époque des esquisses. 2) L'ordre et l'harmonie .

En effet qu'est-ce qu'un objet parfait ? C'est un objet, qui, étant complet, forme un tout.

Il est l'unité d'une diversité d'éléments.

Mais, pour que cette diversité ne soit pas une purejuxtaposition, il faut un principe d'ordre qui harmonise les éléments, substitue à la juxtaposition d'élémentssans lien ni rapport une interdépendance de ces mêmes éléments.

« Le beau ne consiste que dans l'ordre c'est à dire dans l'arrangement et la proportion », écrit Bossuet .

Tout ce qui est disloqué, désordonné, démesuré est laid.

Il s'agit alors de trouver la juste mesure, les rapports adéquats, les beaux rapports.

D'oùles travaux mathématiques des artistes de la Renaissance recherchant la proportion idéale qu'ils ont crutrouver dans le nombre d'or, déjà utilisé par les grecs (Parthénon). 3) La simplicité .

Ce qui est parfait et l'harmonieux ne peut qu'être simple.

Tout ce qui a l'apparence de la complexité est laid.

La complexité ne doit pas se voir, rien ne doit voiler l'unité.

L'esthétique classique secaractérise par son rejet de l'ornementation, de la parure, des entrelacs, préférant la ligne droite. 4) L'immobilité et la sérénité .

Représenter le mouvement c'est introduire le désordre. 5) La clarté .

Est beau ce qui est clair, se voit bien, à l'œil et à l'esprit.

Est laid tout ce qui empêche de voir.

Tout ce que l'on perçoit mal (confusion des sons, des couleurs, des formes) est laid.

les règles del'harmonie musicale, particulièrement du contrepoint, donnent les moyen d'éviter le pire, la cacophonie.

Enpeinture, il est recommandé d'utiliser des couleurs lumineuses.

Sont belles les œuvres claires et distinctes. 6) Conséquence, est beau ce qui est vrai , ce qui rend visible.

« Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.

Il doit régner partout et même dans la fable » ( Boileau , « Art Poétique » ). Quelles sont les implications de cette définition du beau ? 1) L'esthétique classique donne une interprétation dite intellectualiste du beau.

Par conséquent, l'émotion esthétique est le retentissement dans la sensibilité humaine des belles propriétés de l'objet qui nepeuvent être saisies que par l'entendement.

Seule la raison peut appréhender l'harmonie des rapports carun rapport est par nature quelque chose d'intellectuel.

On ne sent pas un rapport, on le comprend et on necroit le sentir que dans la mesure où on n'a pas clairement conscience de l'opération intellectuelle.

« Ainsi quand nous trouvons un bâtiment beau, c'est un jugement que nous faisons sur la justesse et la proportionde toutes les parties en les rapprochant les unes aux autres.

Il y a dans ce jugement un raisonnementcaché que nous n'apercevons pas à cause qu'il se fait fort vite » ( Bossuet ).

Le jugement de goût est un jugement de connaissance.

Nous avons une connaissance des proportions de l'objet et cette connaissancene doit rien à la sensibilité, ou plutôt, elle ne lui doit que la mise en présence de l'objet.

C'est la raison quijuge et le jugement de goût n'est pas par nature différent du jugement mathématique.

Donc, parce que lebeau est une certaine proportion, le jugement sur le beau est un jugement de connaissance effectué par la. »

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