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Kant: Liberté et droit

Publié le 10/01/2004

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L'homme est un "animal" qui, lorsqu'il vit parmi d'autres membres de son espèce, "a besoin d'un maître". Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables ; et quoique en tant que créature raisonnable il souhaite une loi qui pose les limites de la liberté de tous, son inclination animale égoïste l'entraîne cependant à faire exception pour lui-même quand il le peut. Il lui faut donc un "maître" pour briser sa volonté particulière, et le forcer à obéir à une volonté universellement valable ; par là, chacun peut être libre. Mais où prendra-t-il ce maître ? e part ailleurs que dans l'espèce humaine. Or ce sera lui aussi un animal qui a besoin d'un maître. De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne voit pas comment, pour établir la justice publique, il pourrait se trouver un chef qui soit lui-même juste, et cela qu'il le cherche dans une personne unique ou dans un groupe composé d'un certain nombre de personnes choisies à cet effet. Car chacune d'entre elles abusera toujours de sa liberté si elle n'a personne, au-dessus d'elle, qui exerce un pouvoir d'après les lois.

articulation formelle du texte    « L'homme est un animal qui... a besoin d'un maître. Car... et quoique, en tant que créature raisonnable... son penchant animal... l'incite toutefois à... Il lui faut donc un maître qui... Mais où va-t-il trouver ce maître ?... dans l'espèce humaine. Or... De quelque façon qu'il s'y prenne on ne conçoit vraiment pas comment il pourrait se procurer... un chef juste par lui-même : soit qu'il... soit qu'il... Cette tâche est par conséquent la plus difficile... «.    questions indicatives    Pourquoi, selon Kant, l'homme a-t-il besoin d'un maître ? En tant que quoi, selon Kant, pourrait-il apparaître que l'homme n'a pas besoin de maître ?  Qu'est-ce qui, en lui, fait qu'il a néanmoins besoin d'un maître ?  Il en a besoin en vue de quoi ?  Comment comprenez-vous « un chef juste par lui-même « ? Pourquoi ne peut-on concevoir comment on pourrait se procurer « un chef juste par lui-même « ?  Comment résoudre alors le problème ?  De quel problème s'agit-il ?  S'agit-il de savoir si l'homme a besoin d'un maître (et pourquoi) ?  S'agit-il de savoir où trouver ce maître ? (quel maître ? ayant quelles caractéristiques ?)  S'agit-il de faire apparaître tout autre chose ? Mais quoi ?  

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« B - EXPLICATION DE TERMES. "Le forcer à obéir à une volonté universellement valable" : Pour agir justement, l'homme doit donner à la maxime de son action la forme de l'universalité (c'est ce que Kantappelle l'impératif catégorique). Pour le dire plus simplement, je dois agir d'une façon dont tout le monde pourrait toujours agir, c'est-à-dire enrespectant la personne d'autrui comme possédant une dignité égale à la mienne. "Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine": C'est-à-dire, ni en dessous de l'homme, ni au-dessus : la nature animale ne peut donner de règles à l'homme, qui estun être culturel, essentiellement affranchi de l'animalité.

Quant aux dieux, ils ne parlent jamais que par la voix deshommes. Comment donc être sûr d'agir conformément à une volonté divine ? L'homme est condamné à être son proprelégislateur. II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE. (Question 3 : à partir de ce texte, montrez ce à quoi l'homme doit renoncer pour vivre en société). L'homme, selon Kant, "abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables".

Autrement dit, comme l'écrit Kantdans La religion dans les limites de la simple raison , le mal est "radical".

C'est-à-dire que, parce que l'homme n'estpas un pur esprit, il lui restera toujours un appétit égoïste à côté de la conscience de la loi morale. Cependant cet égoïsme ne peut valoir comme règle d'existence dans une existence sociale : le risque serait celuid'une guerre perpétuelle, pour reprendre l'expression de Hobbes dans Le Citoyen. C'est pourquoi l'existence en collectivité suppose de renoncer à la liberté native de vivre selon ses désirs. Pour des raisons aussi bien morales que de prudence, il doit désirer qu'une loi "pose les limites de la liberté de tous". On peut cependant préciser, comme le fait Rousseau dans Le contrat social , qu'en renonçant à la liberté naturelle,c'est la liberté véritable qu'il acquiert ainsi, celle de l'autonomie. Ce à quoi l'homme renonce enfin, peut-être, dans l'existence en société, ce sont ses illusions à l'égard de lui-mêmeet de l'humanité : ce à quoi aboutit le texte de Kant, c'est à l'idée qu'aucune solution idéale, aucun règne de lajustice parfaite, ne peuvent être espérés dans les sociétés humaines. III - LES REFERENCES UTILES. ARISTOTE, La Politique.HOBBES, Le Citoyen.ROUSSEAU, Du Contrat Social.RAWLS, Théorie de la Justice. IV - LES FAUSSES PISTES. Un contresens sur le texte consisterait à croire que Kant suppose que les hommes sont par nature esclaves.

Or, lasuite du texte montre que cette interprétation serait un malentendu : les maîtres ne peuvent être d'une naturesupérieure à ceux dont ils sont les maîtres. La question traitée, malgré certaines apparences, est politique plutôt qu'anthropologique ou psychologique.. »

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