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KARL MARX: Le travail est l'activité vitale propre au travailleur

Publié le 01/02/2011

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« Le travail est l'activité vitale propre au travailleur, l'expression personnelle de sa vie. Et cette activité vitale, il la vend à un tiers pour s'assurer les moyens nécessaires de son existence. Si bien que son activité vitale n'est rien sinon l'unique moyen de subsistance. Il travaille pour vivre. Il ne compte point le travail en tant que tel comme faisant partie de sa vie ; c'est bien plutôt le sacrifice de cette vie. C'est une marchandise qu'il adjuge à un tiers. C'est pourquoi le produit de son activité n'est pas le but de son activité. Ce qu'il produit pour lui-même, ce n'est pas la soie qu'il tisse, l'or qu'il extrait de la mine, le palais qu'il élève. Ce qu'il produit pour lui-même, c'est le salaire ; et la soie, l'or, le palais se réduisent pour lui à une certaine quantité de moyens de subsistance, tels qu'une veste de coton, de la menue monnaie et le sous-sol où il habite (...). Si le ver à soie filait pour joindre les deux bouts en demeurant chenille, il serait le salarié parfait. «

KARL MARX.

Dans ce texte, Marx oppose deux formes de travail : l'une considérée comme l'activité vitale de l'homme, l'autre étant le travail vendu à un tiers contre un salaire. En vendant le produit de son activité à un tiers (le capitaliste), le travailleur se dessaisit de ce qui est essentiel en lui ; il aliène sa propre existence, puisque, selon les termes utilisés ici par Marx, le travail est « l'expression personnelle de sa vie «. Pourquoi le fait-il ? Afin d'obtenir les moyens de sa subsistance. Phénomène paradoxal : l'individu se vend pour survivre, il se laisse déposséder de la part essentielle de sa vie pour gagner de quoi subsister, sous la forme d'un salaire.

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« Ce texte de Marx ne comporte pas les distinctions plus précises que l'on peut rencontrer dans d'autres passages de son œuvre.

La réflexion reste ici prisonnière d'une conception essentialiste de l'homme.

Elle s'appuie sur leprésupposé non démontré que le travail est une caractéristique de l'homme.

En outre, plusieurs problèmes restentencore indifférenciés.

Par exemple, que vend le travailleur ? Est-ce la valeur de son activité, c'est-à-dire latransformation qu'il a imprimée aux matières premières ? Le salaire représente-t-il l'équivalent de ce qui estnécessaire à l'individu pour subsister ? En un mot : que paie le salaire 9 Cette question reste incertaine ici.

On sait que Marx, en d'autres textes, considère que le salaire ne paie pas la valeur ajoutée, mais seulement les moyens nécessaires pour que, dans des circonstances historiques données, l'individu revienne travailler le lendemain.

Lesalaire paierait donc la reconstitution de la force de travail.

Ce concept, capital dans la théorie marxiste, est absent du texte, de sorte que la nature exacte du salaire reste obscure.

En ne dégageant pas le concept de forcede travail, et en gardant le terme ambigu de « travail », Marx s'interdit de penser exactement le « salaire ». Travail et individu Par ailleurs, le texte rapporte l'activité laborieuse à l'individu, il en fait même sa caractéristique principale : on peutse demander si ce rapport est légitime.

Le travail est d'abord une activité sociale, elle n'est pas a priori l'apanage del'homme isolé.

Du reste, Marx lui-même optera, dans le Capital, pour le concept de mode production, dans lequel le travail n'apparaît plus rapporté aux individus, mais à la structure sociale entière.

De ce fait, l'idée d'aliénation,développée dans le texte, se trouvera éliminée.

Pour qu'il y ait, en effet, aliénation du travail, il faut postuler quecelui-ci fasse partie intégrante de l'individu, qu'il soit sa propriété.

Or, si l'on abandonne ce postulat, la notiondevient caduque, puisque le travail n'est plus pensé comme intérieur à l'essence de l'homme. Dans le Capital, le travailleur n'est plus aliéné, il est exploité : le capital lui paie, sous forme de salaire, sa force de travail et il s'approprie la valeur ajoutée par son activité à la manière première : la différence entre les deux estextorquée au travailleur, dans le processus de production. Cependant les deux notions ne sont pas équivalentes sur le plan conceptuel.

L'une, l'aliénation fait référence àune théorie humaniste, dans laquelle tout est rapporté à l'individu ; l'autre renvoie à l'analyse d'un processuséconomique, d'un système de production dont les hommes ne sont que des rouages parmi d'autres.

La place del'homme, le lien entre lui et le travail son totalement différents. c) Les limites du texte Il est donc possible de cerner les limites de ce texte.

D'une part, la notion de travail n'est pas véritablementconceptualisée : elle est prise dans son acception concrète d'activité visant à fournir les moyens de sasubsistance à l'être humain.

Il n'y a pas d'élaboration théorique et abstraite.

C'est seulement avec l'apparitionde concepts comme ceux de force de travail, mode de production, plus-value, etc., que le travail quitte lasphère du concret pour entrer, par une élaboration abstraite, dans la sphère du concept. D'autre part, l'insuffisance de l'élaboration du concept de travail empêche une compréhension claire de ce quereprésente le salaire.

La question que paie le salaire n'est pas soluble dans la problématique du texte.

En effet,comme le travail est pensé comme une notion globale, où n'est pas distinguée la force de travail (pas plus quela plus-value, le profit, etc.), le salaire paraît payer l'activité déployée par le travailleur, sans autre précision. Enfin, le postulat de départ, selon lequel le travail est inhérent à la nature humaine, empêche de penser leprocessus de production dans son intégralité.

A tous ces titres, on voit que ce texte participe encore de lagenèse de la pensée de Marx, il n'est qu'une étape de la gestation. Enfin, il convient de remarquer que ce stade de sa réflexion est l'un de ceux qui ont le plus inspiré certains de sescontinuateurs.

La notion d'aliénation est certainement celle qui a donné lieu au plus ample développement, sous desformes souvent très édulcorées, dans la littérature sociologique et philosophique contemporaine.. »

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