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kierkegaard et la melancolie

Publié le 27/12/2012

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kierkegaard
1Kierkegaard et la mélancolieSøren Kierkegaard, 1813-1855Jules d’Espinay Saint-Luc« Rosalind : They say you are a melancholyfellow.Jaques : I am so; I do love it better than laughing.Ros. : Those that are in extremity of either are[...] worse than drunkhards.Jaq. : Why, ‘tis good to be sad and say nothing.Ros. : Why, then, ‘tis good to be a post. «Shakespeare, As you like it, IV-1« Qu’est-ce donc que la mélancolie? C'est l'hystérie de l'esprit. Il vient dans lavie d’un homme un moment où l'immédiateté a pour ainsi dire mûri et où l’espritdemande une forme supérieure où il veut se saisir lui-même comme esprit. L'homme,en tant qu'esprit immédiat, est fonction de toute la vie terrestre, et l’esprit, seramassant pour ainsi dire sur lui-même, veut sortir de toute cette dissipation2[entendue, au sens pascalien de divertissement, comme la dissolution de l’être dans lamultitude. J. d’E S.-L.] et se transfigurer en lui-même; la personnalité veut prendreconscience d'elle-même dans sa validité éternelle. Si cela n'arrive pas, le mouvementest arrêté, et si elle est refoulée, alors apparaît la mélancolie. On peut faire beaucouppour l’ensevelir dans l'oubli, on peut travailler, on peut se servir de moyens plusinnocents que ceux d’un Néron, mais la mélancolie reste. Il y a quelque chosed'inexplicable dans la mélancolie. Celui qui a de la peine ou des soucis en sait lacause. Si on demande à un mélancolique la raison de sa mélancolie, ce qui l’oppresse,il répondra qu'il ne le sait pas, qu'il ne peut pas l’expliquer. C’est en cela que consistel'infini de la mélancolie. Et la réponse est tout à fait juste; car, aussitôt qu'il le sait, lamélancolie n'existe plus, tandis que la peine de celui qui est affligé ne cesse pas dufait qu'il sait la raison de sa peine. La mélancolie est un péché, elle est au fond unpéché instar omnium, c'est le péché de ne pas vouloir profondément et sincèrement etc'est donc la mère de tous les péchés [entendue plutôt dans le sens de laprocrastination, si bien illustrée par Oblomov, lequel est présenté comme Un héros denotre temps par son auteur, Ivan Gontcharov (1812-1891), assez exact contemporainde Søren Kierkegaard (1813-1855) J. d’E S.-L.]. Cette maladie, ou plus correctement,ce péché est très fréquent de nos jours, et c'est par exemple celui sous lequel gémittoute la jeunesse de l'Allemagne et celle de la France. [...] ...Le fait d'êtremélancolique n'est pas un mauvais signe, car la mélancolie ne touche généralementque les natures les plus douées. [...] ... Aucun homme ne peut devenir transparent pourlui-même. Par contre, les gens dont l'âme ne connaît pas du tout la mélancolie, sontceux dont l'âme n'a pas l’idée d'une métamorphose. [...] ...Beaucoup de médecins[pensent] que la cause de la mélancolie réside dans l’état physique, et, ce qui est assezcurieux, ils ne peuvent pas malgré cela la maîtriser; il n'y a que l'esprit qui puisse lefaire.”Ce paragraphe que Kierkegaard qualifie aussitôt de "digression" (p. 487 del'édition de poche Tel, Gallimard) répond pourtant directement, par la négativeimpliquant la mélancolie, à cet impératif catégorique qu'expose, sur quelque 600pages, OU BIEN…OU BIEN (Enten… Eller en danois, publié en 1843) - en unseul mot, exige K.; ce ne sont pas, dit-il, des « conjonctions disjonctives «, (belexempl...
kierkegaard

« généralementque les natures les plus douées.

[...] ...

Aucun homme ne peut devenir transparent pourlui-même. Par contre, les gens dont l'âme ne connaît pas du tout la mélancolie, sontceux dont l'âme n'a pas l'idée d'une métamorphose.

[...] ...Beaucoup de médecins[pensent] que la cause de la mélancolie réside dans l'état physique, et, ce qui est assezcurieux, ils ne peuvent pas malgré cela la maîtriser; il n'y a que l'esprit qui puisse lefaire.”Ce paragraphe que Kierkegaard qualifie aussitôt de "digression" (p.

487 del'édition de poche Tel, Gallimard) répond pourtant directement, par la négativeimpliquant la mélancolie, à cet impératif catégorique qu'expose, sur quelque 600pages, OU BIEN...OU BIEN (Enten...

Eller en danois, publié en 1843) - en unseul mot, exige K.; ce ne sont pas, dit-il, des « conjonctions disjonctives », (belexemple d'oxymore et de contradiction à surmonter), mais une interjection quel'auteur supposé de la dernière longue lettre du recueil - comprenant huit essais,3dont Le Journal du Séducteur, auxquels répondent deux longs développementssous forme de lettres qui empruntent elles-mêmes beaucoup au genre littérairedu sermon, c'est un cri plutôt, disais-je, que S.

K. lance à l'humanité: il fautchoisir, c'est un devoir de se résoudre à prendre parti - non pas entre le bien etle mal, mais entre l'indifférence et l'engagement.

On est assurément loin del'engagement sartrien, mais on se trouve, entre médiation et méditation, auxavant-postes d'une doctrine de la liberté, bien qu'en pleine manifestationhégélienne de la phénoménologie de l'Esprit, dans une tentative, elle aussidésespérée, d'échapper aux cruelles tenailles du dépassement (Aufhebung) de lacontradiction - K.

évoque un instrument de torture du moyen-âge, appelé « lademoiselle » dont les bras servaient, en se resserrant, à produire une mortelleétreinte.On pourrait assurément aussi ranger sous la bannière de Rabelais le subtilet moqueur prêchi-prêcha de Kierkegaard qui n'offre pas d'alternative à laquestion restée sans réponse de Panurge: me marierai-je, ne me marierai-jepoint? Car chacun sait bien qu'on ne peut rester dans les nuages (nubes), dansl'indécision, quand on se marie (nubere), en engageant la confiance d'une fillenubile, sa fiancée.Qu'on me pardonne une courte digression! Kierkegaard renvoie encore àRabelais lorsque, sur le point d'achever Le Journal du Séducteur (p.

330), ildissocie la peur de la haine pour l'attacher à l'amour, comme lui ressemblant leplus, formant un couple par affinité et donnant une paire de la même substance:« ...Comme si ce n'était pas la crainte qui rend l'amour intéressant? »demande-t-il, avant de s'interroger sur ce qui fait notre amour pour la nature:« N'y entre-t-il pas un fond mystérieux d'angoisse et d'horreur? [...] Et c'estjustement cette angoisse qui. »

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