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Kosovo.

Publié le 20/04/2013

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Kosovo. 1 PRÉSENTATION Kosovo, en albanais Kosove, province autonome de la Serbie, située dans le sud-ouest des Balkans, qui a proclamé unilatéralement son indépendance en février 2008. Ancienne région autonome (1946-1968), le Kosovo a été une province autonome de la République fédérative de Yougoslavie de 1968 à 1989. Après la suppression de son autonomie par le gouvernement central serbe en 1989, il s'est proclamé indépendant en 1991 et a été le théâtre d'une répression sanglante. En juin 1999, il a été placé sous l'administration provisoire des Nations unies. Le 17 février 2008, il a déclaré son indépendance de manière unilatérale, sous supervision internationale. 2 GÉOGRAPHIE Le Kosovo est formé par les plaines intramontagneuses du Kosovo Polje et de la Metohijah, et par les massifs montagneux qui les bordent : la chaîne de Prokletije et de ?ar Planina, qui culmine à 2 640 m. La majeure partie de la région est située à plus de 500 m d'altitude ; elle est traversée par quatre rivières : la Bell, l'Ibar, le Drin blanc et le Drin noir. Malgré ses richesses minières (importants gisements de plomb, de zinc, de lignite, de chromite et de magnésite), le Kosovo a longtemps été l'une des régions les plus pauvres d'Europe. Les principales cultures sont le maïs, le blé et l'orge, les pommes de terre, les prunes et le tabac ; le bois est produit en grande quantité. On note aussi la présence d'horticulture et de viticulture. L'élevage bovin et ovin est l'activité principale dans les montagnes du Kosovo. Les grandes villes sont Pri?tina, la capitale, Prizren et Pe?, cette dernière fut le siège du patriarcat de l'Église orthodoxe serbe (1557-1766). Plus de 90 % des habitants du Kosovo sont albanais et 10 % environ serbes et monténégrins. Le 1er janvier 2002, l'euro est devenu la monnaie officielle du Kosovo. 3 HISTOIRE 3.1 L'annexion romaine À partir du IIe millénaire av. J.-C., les Illyriens (ancêtres des actuels Albanais) occupent une grande partie de la péninsule des Balkans, englobant le Kosovo moderne. Les territoires illyriens, qui comprenaient le Kosovo et une partie de la Macédoine, finissent par être annexés par l'Empire romain. Au VIIIe siècle, ces peuples romanisés sont refoulés sur les côtes par les Serbes, qui fondent plusieurs principautés, dont celles de Rascie (Monténégro) et de Zeta. 3.2 L'unification L'unification se fait au XIIe siècle. Le roi des Serbes, Étienne Douchan, règne sur un territoire qui englobe la Macédoine, l'Albanie et la Grèce continentale. En 1389, l'armée ottomane du sultan Murat Ier écrase la chevalerie serbe à la bataille de Kosovo Polje. La Serbie est définitivement conquise en 1459 et devient possession de l'Empire ottoman. Au XVIIe siècle, sous la pression des Turcs, la population serbe de la région du Kosovo-Metohija, patriarche en tête, s'enfuit pour se réfugier au-delà de la Save et du Danube ; elle est remplacée par des Turcs et des Albanais islamisés. À la fin du XIXe siècle, la décadence de l'Empire ottoman, conjuguée au renouveau national serbe, croate et bulgare, fait fréquemment du Kosovo un champ de bataille. Les organisations nationalistes serbes et macédoniennes, comme l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (ORIM), sont en butte à la répression du pouvoir ottoman, qui recrute ses meilleurs auxiliaires parmi les Albanais et les musulmans de Bosnie. Le cycle infernal des représailles se met en place. La création du royaume d'Albanie en 1912 est mal admise par ses voisins directs. 3.3 La partition du Kosovo Sous la pression de la Russie, les grandes puissances partagent le Kosovo entre la Serbie et le Monténégro. Dès 1915, les heurts reprennent et l'armée serbe, au cours de sa retraite de 1915, se livre à de nombreux massacres d'Albanais. En 1918, le Kosovo est incorporé au jeune royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, qui devient par la suite la Yougoslavie. Les Albanais vivant dans la région organisent des soulèvements entre 1918 et 1919, réprimés sans pitié. Le gouvernement de Belgrade a recours à l'expulsion systématique des Albanais, à la fermeture des écoles, à la confiscation des terres et au repeuplement par des Serbes. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'Italie organise en 1942 une « grande Albanie ethnique « comprenant le Kosovo. Dès le mois de juillet 1945, l'armée des partisans de Josip Broz, dit Tito, parvient à écraser la résistance albanaise. Le Kosovo devient une entité administrative de la république de Serbie, d'abord région autonome puis élevée au rang de province autonome à l'issue des émeutes de 1968. 3.4 Le conflit en ex-Yougoslavie Le Kosovo a joué un rôle essentiel dans la genèse du récent conflit yougoslave, en raison de sa situation au sein de la Yougoslavie et de l'imbroglio historique dont il est un des noeuds. Le Kosovo est l'exemple type d'une province autonome de la République fédérative de Yougoslavie ; pauvre, elle est alimentée par l'État fédéral qui redistribue à son profit certains des revenus des républiques les plus riches. Historiquement, le Kosovo constitue l'un des berceaux de la nation serbe, devenu par conséquent l'un des piliers de la mythologie nationaliste serbe. Lorsque les rouages de la république fédérative commencent à se gripper, le Kosovo, peuplé depuis trois siècles par une majorité albanaise musulmane, est la cible des idéologues serbes, qui voient dans l'accession du Kosovo au rang de province autonome une discrimination, d'autant que l'égalité de représentation affaiblit les Serbes du Kosovo. Les violentes émeutes albanaises en 1981 aboutissent à une purge des Albanais, qui sont chassés des postes à responsabilité politique, et à des manifestations des Serbes du Kosovo. La reconversion au patriotisme et à la xénophobie des dirigeants serbes s'accentue alors : en 1986, ceux-ci font même état d'un génocide physique, politique et culturel à l'encontre des Serbes du Kosovo. En mars 1989, Slobodan Milo?evi? élimine tout ce qui reste d'autonomie au Kosovo et instaure un régime discriminatoire envers les Albanais en plaçant la région sous le contrôle direct de l'armée fédérale. De violents affrontements ont lieu, tandis qu'un mouvement local de résistance clandestine poursuit la lutte pour les droits de la majorité albanaise à l'autodétermination. En septembre 1996, à l'instigation de la communauté internationale, Milo?evi? signe avec Ibrahim Rugova, chef de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) et président de la république du Kosovo autoproclamée, un accord en vue de normaliser la question de l'enseignement en albanais. Toutefois, la non-application de cet accord provoque l'exaspération des Albanais. Des attentats antiserbes ont lieu à partir de 1996, perpétrés par l'Armée de libération du Kosovo (UCK). La lutte entre l'UCK et l'armée serbe s'intensifie après la réélection, en mars 1998 de Rugova, que Milo?evi?, devenu entre-temps président de la République fédérale de Yougoslavie, rencontre sous la pression des Américains, afin d'entamer des négociations. Mais la situation demeure très tendue entre un pouvoir serbe n'entendant pas aller au-delà de la restauration de l'autonomie supprimée en 1989 et refusant la médiation internationale et le président du Kosovo, débordé par les indépendantistes. Face aux opérations serbes de « nettoyage ethnique « provoquant l'exode vers l'Albanie ou le Monténégro de dizaines de milliers de Kosovars, l'OTAN menace la Serbie de représailles et procède à des manoeuvres aériennes d'intimidation. Les Serbes n'en continuent pas moins leur politique de la terre brûlée. Un premier accord, proposé par l'émissaire américain Richard Holbrooke, est accepté par Slobodan Milo?evi?, mais condamné par l'UCK. Les combats reprennent fin décembre après le rejet par les deux parties d'un projet d'accord préparé par le Groupe de contact, formé par les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie. En janvier 1999, un massacre de 45 civils kosovars crée une vive émotion, et la pression militaire de l'OTAN s'accroît. Le Groupe de contact organise à Londres en janvier, à Rambouillet en février, et à Paris en mars, des pourparlers auxquels participent les autorités yougoslaves et les principales formations albanaises, dont l'UCK. 3.5 La transformation du conflit en guerre Entériné par l'UCK, l'accord final du 15 mars 1999 est rejeté par la Yougoslavie, qui refuse la présence des forces de l'OTAN. Une ultime tentative menée par le médiateur Richard Holbrooke échoue et, alors que les forces serbes ont pénétré au Kosovo et que les observateurs de l'OSCE quittent la province, l'OTAN déclenche l'opération « Force alliée «, le 23 mars. Huit pays -- Allemagne, Canada, Espagne, États-Unis (ceux-ci apportant l'essentiel des forces et des armements), France, Italie, Pays-Bas et RoyaumeUni -- participent aux opérations aériennes qui visent, tout d'abord, les cibles militaires de la Yougoslavie. Opposée à la décision des puissances occidentales, la Russie, qui gèle sa coopération avec l'OTAN, tente, le 30 mars, une médiation politique, qui se solde par un échec. La Chine proteste également contre cette opération, qui n'a pas reçu formellement l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies. Et si le gouvernement monténégrin réaffirme sa réserve vis-à-vis de la politique serbe, l'opposition démocratique serbe reste silencieuse. Pour faire face à l'escalade de la répression serbe contre les Albanais, contraints à l'exode, l'OTAN intensifie ses raids et multiplie et élargit ses cibles (politiques et économiques), commettant diverses « erreurs « (civils touchés ; bombardement accidentel de l'ambassade de Chine qui attise la tension entre ce pays et les États-Unis) et entraînant un durcissement de l'action serbe. Des dizaines de milliers de personnes expulsées de la province (près de 900 000 selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), environ 90 % des Albanais) affluent aux frontières de l'Albanie, de l'Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) et du Monténégro. Le Tribunal pénal international inculpe Slobodan Milo?evi? et quatre autres dirigeants pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Parallèlement aux frappes aériennes qui se poursuivent sur la Serbie, le Monténégro, le Kosovo et la Voïvodine, des tentatives diplomatiques, qui cherchent à replacer le conflit dans le cadre de l'ONU et à redonner à la Russie sa place dans la négociation, sont entreprises pour trouver une solution à la crise. Les divergences entre l'OTAN et Milo?evi?, d'une part, et l'OTAN et la Russie, d'autre part, ralentissent les négociations. Elles sont menées par le président finlandais Martti Ahtisaari (pour l'Union européenne) et le Russe Viktor Tchernomyrdine. Un plan de sortie de crise préparé au sein du G8 (qui réintègre la Russie) est finalement accepté sans condition par Slobodan Milo?evi? en juin 1999, après plus de 70 jours de bombardements. Ce plan, qui réaffirme l'appartenance du Kosovo à la République fédérale de Yougoslavie, mais instaure de facto un protectorat international, reprend les cinq conditions posées par l'OTAN sur la base des accords de Rambouillet : l'arrêt des exactions contre la population civile du Kosovo, le retrait des forces militaires et paramilitaires serbes de la province, le retour dans leurs foyers de tous les réfugiés, la mise en place d'un statut d'autonomie pour le Kosovo et le déploiement d'une force multinationale de maintien de la paix (la KFOR). Il est voté par le Conseil de sécurité de l'ONU (résolution 1244, 10 juin 1999). Selon l'accord, le Kosovo est, par ailleurs, divisé en cinq zones, dont le commandement est confié aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l'Italie et à l'Allemagne, mais le rôle et la place du contingent russe restent l'objet de divergences. En juin, quand les forces de la KFOR pénètrent au Kosovo (35 000 hommes placés sous l'égide de l'ONU), elles y ont été précédées par les Russes, qui seront finalement déployés dans les secteurs américain, français et allemand, ainsi que sur l'aéroport de Pri?tina. 3.6 Le Kosovo sous administration des Nations unies 3.6.1 L'application de la résolution 1244 de l'ONU L'arrêt des frappes précède le retrait des forces serbes (juin 1999), souvent accompagné par l'exode de civils serbes du Kosovo ou de Tziganes (200 000 environ) craignant des représailles de la part de l'UCK. Celle-ci cherche à garder ses armes et à s'imposer comme pouvoir public et administratif, mais un accord est signé avec la KFOR, prévoyant la démilitarisation de cette organisation et sa transformation en force politique. Une partie de ses hommes devrait intégrer un corps de protection du Kosovo (TMK), décision qui provoque l'inquiétude des Serbes. Selon la résolution du Conseil de sécurité, une Mission des Nations unies pour le Kosovo (Minuk) assure l'administration civile et le Français Bernard Kouchner est désigné haut représentant de l'ONU avec, pour adjoint, l'Américain John Covey. Avec les trois principaux partis albanais du Kosovo, mais sans les Serbes du Kosovo qui s'y refusent, la Minuk constitue, en décembre, un Conseil de 8 membres (4 Kosovars et 4 représentants de la Minuk) chargé de la direction administrative de la province, sous la présidence de Kouchner. Ils décident également la création de 19 départements administratifs codirigés par des représentants locaux et ceux de la Minuk. Un bilan des violations des droits de l'homme depuis le début du conflit est dressé par le HCR et l'OSCE. Un an après la signature du plan, les affrontements intercommunautaires se poursuivent. Le G8 décide d'un plan de reconstruction englobant l'ensemble des pays de la région, mais conditionne son application à la démocratisation de la Serbie. Désireuse d'accélérer ce processus, l'opposition serbe manifeste, réclamant le départ de Milo?evi? et la tenue d'élections anticipées. La chute de Milo?evi? et la victoire de l'opposition menée par Vojislav Kostunica, qui devient président de la Yougoslavie, favorisent l'évolution de la situation. Lors des élections municipales organisées le 28 octobre 2000 par la Minuk, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), le parti du leader des Albanais modérés, Ibrahim Rugova remporte avec 60 % des suffrages ce premier scrutin libre et démocratique depuis dix ans. Les électeurs serbes, qui représentent moins de 10 % du corps électoral, ne prennent pas part au vote, mais la participation des Albanais est massive. Cependant, Bernard Kouchner nomme « des représentants serbes dans toutes les municipalités où ils vivent «. Ces élections marquent une étape essentielle dans l'application de la résolution 1244 de l'ONU qui prévoit « une autonomie substantielle « pour le Kosovo. Après le remplacement de Bernard Kouchner par le Danois Hans Haekkerup, en janvier 2001, l'avenir du Kosovo demeure difficile. La population serbe, dont une grande partie a fui vers la Serbie, est régulièrement victime de représailles de la part des Albanais et vit recluse dans des enclaves. Dans le même temps, les rebelles albanais étendent leur action dans le sud de la Serbie, où réside une importante minorité albanaise. Considérée par l'OTAN comme une zone de sécurité, cette région a été au lendemain de la guerre au Kosovo interdite à l'armée yougoslave, favorisant l'essor de la rébellion albanaise qui s'est aussi étendue à la Macédoine. Cependant, en signe de bonne volonté, l'OTAN permet en avril 2001 aux troupes yougoslaves de se redéployer dans certains secteurs de la zone-tampon. De leur côté, les autorités de Belgrade libèrent 150 Kosovars qui avaient été arrêtés lors de la retraite de l'armée yougoslave et emmenés en Serbie, où la justice les avait condamnés à de lourdes peines de prison. 3.6.2 Ibrahim Rugova, président du Kosovo (2002-2006) En novembre 2001, les premières élections législatives depuis la fin de la guerre en juin 1999 sont organisées au Kosovo. 1,25 million de Kosovars, dont 170 000 Serbes, sont appelés aux urnes pour élire à la proportionnelle une Assemblée législative de 120 membres, pour trois ans. La Ligue démocratique du Kosovo (LDK), d'Ibrahim Rugova, donnée favorite, obtient 46,3 % des suffrages. Le Parti démocratique du Kosovo (PDK), dirigé par l'ancien chef de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), Hashim Thaçi, recueille 25,5 % des suffrages et l'Alliance pour l'avenir du Kosovo (AAK), 7,8 %. Le seul parti serbe en lice, la Coalition pour le retour (Povratac), obtient 11 % des suffrages, la participation des électeurs serbes ayant été massive. Après plusieurs mois de blocage politique, faute de majorité parlementaire, Ibrahim Rugova est élu président du Kosovo par le Parlement le 4 mars 2002, à la suite d'un compromis trouvé avec le nouvel administrateur de l'ONU, l'Allemand Michael Steiner. Bajram Rexhepi, issu des rangs du PDK, devient Premier ministre. Selon les termes de la résolution 1244 de l'ONU, le Kosovo, qui doit s'administrer sous l'égide de la Minuk, dispose d'institutions aux moyens très limités, mais Ibrahim Rugova ne cache pas que l'indépendance de la province reste pour lui l'objectif à atteindre. En mars 2004, alors que des pourparlers sont engagés entre les autorités serbes et kosovares, sous l'égide de l'ONU, avec en perspective la décision sur le statut définitif du Kosovo, une flambée de violences interethniques embrase l'ensemble de la province. Partis de la ville de Kosovska Mitrovica, qui abrite l'une des plus importantes communautés serbes, les heurts entre Serbes et Albanais font une vingtaine de morts et plusieurs centaines de blessés ; selon un rapport des Nations unies, plusieurs villages serbes sont incendiés, ainsi que des églises et des monastères serbes orthodoxes. Ces affrontements -- les plus graves depuis la fin de la guerre -- soulignent la fragilité de la paix au Kosovo et l'échec d'une réconciliation entre les deux communautés. Les élections législatives qui se déroulent au mois d'octobre suivant témoignent également de la difficile édification d'une société multiethnique, que la communauté internationale appelle de ses voeux et que rejettent les Serbes du Kosovo. Conformément aux consignes de boycottage données par de nombreux leaders serbes, moins de 1 % des électeurs serbes participent au scrutin, remporté massivement par le parti du président Ibrahim Rugova, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), avec 45,3 % des suffrages. Le Parti démocratique du Kosovo (PDK), du Premier ministre Bajram Rexhepi, recueille 28,6 % des voix, et l'Alliance pour l'avenir du Kosovo (AAK), 8,3 %. La minorité serbe occupe les dix sièges qui lui sont réservés. Le nouveau Premier ministre, Ramush Haradinaj, fondateur de l'AAK, ne reste en poste que quelques mois, à la tête d'un gouvernement de coalition entre la LDK et l'AAK. Inculpé par le TPIY de crimes de guerre, cet ancien commandant de l'UCK démissionne en effet en mars 2005 pour comparaître devant le tribunal de La Haye. Il est remplacé par Bajram Kosumi, qui est également l'un des leaders de l'AAK. Au mois de novembre 2005, Martti Ahtisaari est nommé par le secrétaire général des Nations unies au poste d'Envoyé spécial chargé de superviser les pourparlers sur le statut final du Kosovo. Au même moment, le Parlement du Kosovo vote une résolution en faveur d'un « État indépendant et souverain « alors que Belgrade refuse toute idée d'indépendance de la province et que les négociations se déroulent à partir de janvier 2006 sans Ibrahim Rugova, décédé des suites d'un cancer -- Fatmir Sejdiu lui succède à la présidence du Kosovo. En mars 2007, le médiateur de l'ONU conclut dans son rapport final que « l'indépendance sous supervision internationale est la seule option viable «. Soutenu par le secrétaire général de l'ONU, par les États-Unis et l'Union européenne, le plan Ahtisaari suscite l'opposition de la Serbie et de la Russie. 3.7 Le Kosovo indépendant, sous supervision internationale Le 17 février 2008, le Parlement du Kosovo réuni en session extraordinaire adopte à l'unanimité des députés présents (les dix députés représentant la minorité serbe sont absents) l'indépendance de leur province. Le Premier ministre Hashim Thaci proclame la naissance d'un État « libre, souverain et indépendant «. Cette indépendance, sous supervision internationale d'une mission civile européenne, est reconnue par les États-Unis et par plusieurs pays de l'Union européenne, mais elle est rejetée par la Russie et la Serbie.

« massacre de 45 civils kosovars crée une vive émotion, et la pression militaire de l’OTAN s’accroît.

Le Groupe de contact organise à Londres en janvier, à Rambouillet enfévrier, et à Paris en mars, des pourparlers auxquels participent les autorités yougoslaves et les principales formations albanaises, dont l’UCK. 3.5 La transformation du conflit en guerre Entériné par l’UCK, l’accord final du 15 mars 1999 est rejeté par la Yougoslavie, qui refuse la présence des forces de l’OTAN.

Une ultime tentative menée par le médiateurRichard Holbrooke échoue et, alors que les forces serbes ont pénétré au Kosovo et que les observateurs de l’OSCE quittent la province, l’OTAN déclenche l’opération « Forcealliée », le 23 mars.

Huit pays — Allemagne, Canada, Espagne, États-Unis (ceux-ci apportant l’essentiel des forces et des armements), France, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni — participent aux opérations aériennes qui visent, tout d’abord, les cibles militaires de la Yougoslavie. Opposée à la décision des puissances occidentales, la Russie, qui gèle sa coopération avec l’OTAN, tente, le 30 mars, une médiation politique, qui se solde par un échec.

LaChine proteste également contre cette opération, qui n’a pas reçu formellement l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies.

Et si le gouvernement monténégrin réaffirmesa réserve vis-à-vis de la politique serbe, l’opposition démocratique serbe reste silencieuse.

Pour faire face à l’escalade de la répression serbe contre les Albanais, contraintsà l’exode, l’OTAN intensifie ses raids et multiplie et élargit ses cibles (politiques et économiques), commettant diverses « erreurs » (civils touchés ; bombardementaccidentel de l’ambassade de Chine qui attise la tension entre ce pays et les États-Unis) et entraînant un durcissement de l’action serbe.

Des dizaines de milliers depersonnes expulsées de la province (près de 900 000 selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), environ 90 % des Albanais) affluent auxfrontières de l’Albanie, de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) et du Monténégro.

Le Tribunal pénal international inculpe Slobodan Milošević et quatreautres dirigeants pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Parallèlement aux frappes aériennes qui se poursuivent sur la Serbie, le Monténégro, le Kosovo et la Voïvodine, des tentatives diplomatiques, qui cherchent à replacer leconflit dans le cadre de l’ONU et à redonner à la Russie sa place dans la négociation, sont entreprises pour trouver une solution à la crise.

Les divergences entre l’OTAN etMiloševi ć, d’une part, et l’OTAN et la Russie, d’autre part, ralentissent les négociations.

Elles sont menées par le président finlandais Martti Ahtisaari (pour l’Unioneuropéenne) et le Russe Viktor Tchernomyrdine.

Un plan de sortie de crise préparé au sein du G8 (qui réintègre la Russie) est finalement accepté sans condition parSlobodan Miloševi ć en juin 1999, après plus de 70 jours de bombardements.

Ce plan, qui réaffirme l’appartenance du Kosovo à la République fédérale de Yougoslavie, maisinstaure de facto un protectorat international, reprend les cinq conditions posées par l’OTAN sur la base des accords de Rambouillet : l’arrêt des exactions contre la population civile du Kosovo, le retrait des forces militaires et paramilitaires serbes de la province, le retour dans leurs foyers de tous les réfugiés, la mise en place d’unstatut d’autonomie pour le Kosovo et le déploiement d’une force multinationale de maintien de la paix (la KFOR).

Il est voté par le Conseil de sécurité de l’ONU(résolution 1244, 10 juin 1999). Selon l’accord, le Kosovo est, par ailleurs, divisé en cinq zones, dont le commandement est confié aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l’Italie et à l’Allemagne,mais le rôle et la place du contingent russe restent l’objet de divergences.

En juin, quand les forces de la KFOR pénètrent au Kosovo (35 000 hommes placés sous l’égide del’ONU), elles y ont été précédées par les Russes, qui seront finalement déployés dans les secteurs américain, français et allemand, ainsi que sur l’aéroport de Priština. 3.6 Le Kosovo sous administration des Nations unies 3.6. 1 L’application de la résolution 1244 de l’ONU L’arrêt des frappes précède le retrait des forces serbes (juin 1999), souvent accompagné par l’exode de civils serbes du Kosovo ou de Tziganes (200 000 environ) craignantdes représailles de la part de l’UCK.

Celle-ci cherche à garder ses armes et à s’imposer comme pouvoir public et administratif, mais un accord est signé avec la KFOR,prévoyant la démilitarisation de cette organisation et sa transformation en force politique.

Une partie de ses hommes devrait intégrer un corps de protection duKosovo (TMK), décision qui provoque l’inquiétude des Serbes. Selon la résolution du Conseil de sécurité, une Mission des Nations unies pour le Kosovo (Minuk) assure l’administration civile et le Français Bernard Kouchner est désignéhaut représentant de l’ONU avec, pour adjoint, l’Américain John Covey.

Avec les trois principaux partis albanais du Kosovo, mais sans les Serbes du Kosovo qui s’y refusent,la Minuk constitue, en décembre, un Conseil de 8 membres (4 Kosovars et 4 représentants de la Minuk) chargé de la direction administrative de la province, sous laprésidence de Kouchner.

Ils décident également la création de 19 départements administratifs codirigés par des représentants locaux et ceux de la Minuk. Un bilan des violations des droits de l’homme depuis le début du conflit est dressé par le HCR et l’OSCE.

Un an après la signature du plan, les affrontementsintercommunautaires se poursuivent. Le G8 décide d’un plan de reconstruction englobant l’ensemble des pays de la région, mais conditionne son application à la démocratisation de la Serbie.

Désireused’accélérer ce processus, l’opposition serbe manifeste, réclamant le départ de Miloševi ć et la tenue d’élections anticipées. La chute de Miloševi ć et la victoire de l’opposition menée par Vojislav Kostunica, qui devient président de la Yougoslavie, favorisent l’évolution de la situation.

Lors desélections municipales organisées le 28 octobre 2000 par la Minuk, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), le parti du leader des Albanais modérés, Ibrahim Rugovaremporte avec 60 % des suffrages ce premier scrutin libre et démocratique depuis dix ans.

Les électeurs serbes, qui représentent moins de 10 % du corps électoral, neprennent pas part au vote, mais la participation des Albanais est massive.

Cependant, Bernard Kouchner nomme « des représentants serbes dans toutes les municipalitésoù ils vivent ». Ces élections marquent une étape essentielle dans l’application de la résolution 1244 de l’ONU qui prévoit « une autonomie substantielle » pour le Kosovo. Après le remplacement de Bernard Kouchner par le Danois Hans Haekkerup, en janvier 2001, l’avenir du Kosovo demeure difficile.

La population serbe, dont une grandepartie a fui vers la Serbie, est régulièrement victime de représailles de la part des Albanais et vit recluse dans des enclaves.

Dans le même temps, les rebelles albanaisétendent leur action dans le sud de la Serbie, où réside une importante minorité albanaise.

Considérée par l’OTAN comme une zone de sécurité, cette région a été aulendemain de la guerre au Kosovo interdite à l’armée yougoslave, favorisant l’essor de la rébellion albanaise qui s’est aussi étendue à la Macédoine.

Cependant, en signe debonne volonté, l’OTAN permet en avril 2001 aux troupes yougoslaves de se redéployer dans certains secteurs de la zone-tampon.

De leur côté, les autorités de Belgradelibèrent 150 Kosovars qui avaient été arrêtés lors de la retraite de l’armée yougoslave et emmenés en Serbie, où la justice les avait condamnés à de lourdes peines deprison. 3.6. 2 Ibrahim Rugova, président du Kosovo (2002-2006) En novembre 2001, les premières élections législatives depuis la fin de la guerre en juin 1999 sont organisées au Kosovo.

1,25 million de Kosovars, dont 170 000 Serbes,sont appelés aux urnes pour élire à la proportionnelle une Assemblée législative de 120 membres, pour trois ans.

La Ligue démocratique du Kosovo (LDK), d’IbrahimRugova, donnée favorite, obtient 46,3 % des suffrages.

Le Parti démocratique du Kosovo (PDK), dirigé par l’ancien chef de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), HashimThaçi, recueille 25,5 % des suffrages et l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK), 7,8 %.

Le seul parti serbe en lice, la Coalition pour le retour (Povratac), obtient 11 % dessuffrages, la participation des électeurs serbes ayant été massive. Après plusieurs mois de blocage politique, faute de majorité parlementaire, Ibrahim Rugova est élu président du Kosovo par le Parlement le 4 mars 2002, à la suite d’uncompromis trouvé avec le nouvel administrateur de l’ONU, l’Allemand Michael Steiner.

Bajram Rexhepi, issu des rangs du PDK, devient Premier ministre.

Selon les termesde la résolution 1244 de l’ONU, le Kosovo, qui doit s’administrer sous l’égide de la Minuk, dispose d’institutions aux moyens très limités, mais Ibrahim Rugova ne cache pas. »

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