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LACLOS (CHODERLOS DE): Les Liaisons dangereuses (Analyse littéraire)

Publié le 18/11/2010

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choderlos

«Voyez donc à soigner davantage votre style. Vous écrivez toujours comme un enfant [...]. Cela peut passer ainsi de vous à moi, qui devons n'avoir rien de caché l'une pour l'autre : mais avec tout le monde ! avec votre Amant surtout ! vous auriez toujours l'air d'une petite sotte. Vous voyez bien que, quand vous écrivez à quelqu'un, c'est donc pour lui et non pour vous : vous devez donc moins chercher à lui dire ce que vous pensez, que ce qui lui plaît davantage.«

(Lettre CV)

Le second exemple porte la duplicité à son comble ; il concerne la lettre qu'écrit Valmont à Mme de Tourvel des bras d'une de ses maîtresses. Dans une première lettre, il raconte l'épisode à la marquise de Merteuil :

«Cette complaisance de ma part est le prix de celle qu'elle vient d'avoir, de me ser-vir de pupitre pour écrire à ma belle Dévote, à qui j'ai trouvé plaisant d'envoyer une Lettre écrite du lit et presque d'entre les bras d'une fille, interrompue même pour une infidélité complète, et dans laquelle je lui rends un compte exact de ma situation et de ma conduite.«

(Lettre XLVII)

choderlos

« (Lettre CV) Le second exemple porte la duplicité à son comble ; il concerne la lettre qu'écrit Valmont à Mme de Tourvel des brasd'une de ses maîtresses.

Dans une première lettre, il raconte l'épisode à la marquise de Merteuil : «Cette complaisance de ma part est le prix de celle qu'elle vient d'avoir, de me ser-vir de pupitre pour écrire à mabelle Dévote, à qui j'ai trouvé plaisant d'envoyer une Lettre écrite du lit et presque d'entre les bras d'une fille, interrompue même pour une infidélité complète, et dans laquelle je lui rends un compte exact de ma situation et dema conduite.» (Lettre XLVII) La lettre suivante, celle-là même écrite à Mme de Tourvel, nous offre un aperçu de ce compte rendu exact : «La situation où je suis en vous écrivant me fait connaître, plus que jamais, la puissance irrésistible de l'amour ; j'aipeine à conserver assez d'empire sur moi pour mettre quelque ordre dans mes idées ; et déjà je prévois que je nefinirai pas cette lettre sans être obligé de l'interrompre.» (Lettre XLVIII) Si la lettre enfin a tant d'importance dans Les Liaisons dangereuses, c'est que, pour le libertin, le plaisir est une stratégie qui s'élabore rationnellement.

L'intelligence domine le coeur, la jouissance naît de l'esprit et non dusentiment. 2.

LE ROMAN DU LIBERTINAGE Existant déjà au XVIIe siècle, incarné notamment dans le mythe de Don Juan, le libertinage se répand au XVIIIesiècle.

Il devient aussi bien un mode de vie mondain qu'un thème littéraire largement exploité.

C'est avec Laclos qu'iltrouve dans ce domaine sa forme la plus achevée, dépassant la simple étude des moeurs pour parvenir au niveaud'une véritable analyse de ses principes et de ses procédés. Le libertinage, tel qu'il est pensé et vécu par le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, peut se définir enplusieurs points : s'il est une vocation aux plaisirs de la chair, en particulier pour Valmont, héritier de Don Juan, il nesaurait se réduire à cela.

Au-delà de l'hédonisme des sens, le libertinage veut s'ériger en morale — ou en contre-morale — qui comporte des principes et des valeurs.

Le premier de ces principes est la maîtrise parfaite de soi, letriomphe de l'intelligence sur les sentiments, que proclame la marquise de Merteuil dans sa longue lettreautobiographique : «Mais moi qu'ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? quand m'avez-vous vue m'écarter des règles que jeme suis prescrites, et manquer à mes principes ? je dis mes principes, et je le dis à dessein : car ils ne sont pas,comme ceux des autres femmes, donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude, ils sont le fruit demes profondes réflexions ; je les ai créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage.» (Lettre LXXXI) Cette maîtrise de soi conquise par l'intelligence donne au libertin le sentiment d'appartenir à une élite, à unearistocratie de l'esprit qui méprise les autres.

Il marque cette distance en rejetant toutes les idées auxquelles serallie le commun des mortels.

C'est ainsi, par exemple, que la marquise raille l'institution du mariage : «Pour ce qu'on fait d'un mari, l'un vaut toujours bien l'autre.» (Lettre CV) Le libertin a donc clairement conscience de sa supériorité.

«Conquérir est notre destin», écrit Valmont (Lettre IV) àla marquise.

L'un et l'autre se targuent d'avoir sur les autres un ascendant irrésistible.

La première arme de cetascendant est leur lucidité sur eux-mêmes et sur les autres, qu'exprime encore la marquise de Merteuil : «Descendue dans mon cœur, j'y ai étudié celui des autres.

j'y ai vu qu'il n'est personne qui n'y conserve un secretqu'il lui importe qui ne soit point dévoilé [...1» (Lettre LXXXI) Conserver son ascendant sur l'autre implique naturellement de ne pas succomber à son charme : le libertin s'interditdonc l'amour car le sentiment est à ses yeux une chaîne, un esclavage.

Pire encore, il brouille les sens et l'esprit,tue la lucidité, de l'aveu même du jeune Danceny : «L'amour véritable ne permet pas de méditer et de réfléchir ; il nous distrait de nos pensées par nos sentiments.» (Lettre CXLVIII) Il prive donc le libertin de son «arme fatale» et le rend vulnérable.

La déchéance des deux héros, qui découle de la. »

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