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Le langage et la pensée. » GEORGE BERKELEY: « Communication des idées ou action directe du langage ?

Publié le 22/02/2012

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langage
Pour expliquer plus complètement comment les mots sont arrivés à produire la doctrine des idées abstraites, il faut noter que, selon une opinion reçue, le langage n'aurait d'autre fin que la communication des idées et que tout nom significatif représenterait une idée.... Une légère attention montrera qu'il n'est pas nécessaire (même dans les raisonnements les plus stricts) que les noms significatifs, qui représentent des idées, éveillent dans l'entendement, chaque fois qu'on les emploie, les idées dont ils sont, par notre décision, les représentants : quand on lit ou que l'on converse, on utilise le plus souvent les noms comme les lettres en algèbre.... En outre, la communication des idées exprimées par les mots n'est ni la seule, ni la principale fin du langage, comme on le pense couramment. Il y a d'autres fins, comme d'éveiller une passion, d'engager à l'action ou d'en détourner, de placer l'intelligence dans une disposition particulière.... Au début, certes, les mots peuvent avoir engendré des idées propres à créer des émotions ; mais, si je ne me trompe, on trouvera qu'une fois acquise la familiarité du langage, l'audition des sons ou la vue des caractères s'accompagne souvent immédiatement des sentiments qui, tout d'abord, s'éveillaient couramment par l'entremise d'idées désormais complètement omises.... Les noms propres eux-mêmes ne paraissent pas toujours prononcés dans le dessein d'éveiller les idées des personnes qu'ils sont censés désigner. Par exemple, quand un scolastique me déclare « Aristote l'a dit », tout ce qu'il vise, à mon sens, c'est de me préparer à embrasser son opinion avec la déférence et la soumission que la tradition a attachées à ce nom. GEORGE BERKELEY.

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