Le langage peut-il éviter la violence ?

Langage et violence semblent constituer les deux termes d'une alternative absolue : la relation de violence s'installe entre des hommes ou des groupes lorsque le dialogue n'est plus possible, ou n'est pas voulu ; la relation violente est pur déchaînement de forces, où chacun des protagonistes ne compte que sur ses forces pour venir à bout de celui qui est désormais un adversaire à abattre. A l'inverse, lorsque s'apaisent les conflits violents, surviennent souvent la parole, le dialogue, la négociation.  Il serait cependant imprudent de figer les deux termes de cette alternative dans une exclusion absolue. Il faut au contraire se demander si le recours au langage (notion au demeurant très large) est incompatible avec un usage. éventuellement limité, de la violence des exemples concrets ne montrent-ils pas qu'il est souvent possible de suivre en même temps les deux voies, du langage et de la violence?  On devra même se demander si la violence, non contente de persister à côté du langage comme moyen secondaire ou auxiliaire de celui-ci, n'est pas susceptible de s'introduire à l'intérieur même du langage, de manière à en déterminer un usage particulier, détourné de sa fonction habituelle. A moins que la fonction habituelle du langage ne soit précisément violente, et que les autres usages soient l'exception !