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Le langage sert-il à exprimer la réalité ?

Publié le 12/05/2013

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Sujet de dissertation : Le langage sert-il à exprimer la réalité ? Au sens large, le langage est un système de signes permettant une communication entre les hommes, qu'il soit formel, gestuel ou symbolique. Plus précisément, le langage désigne le système linguistique propre à l'homme, c'est-à-dire la langue et sa manifestation qu'est la parole. C'est une forme d'expression et de communication liée à la pensée. Le langage remplit indiscutablement deux fonctions primordiales : l'expression et la communication. Communiquer, c'est mettre en commun, donc échanger. Exprimer, c'est faire sortir : ainsi, le langage (paroles et gestes) est l'expression de la pensée. C'est grâce au langage que la pensée peut en quelque sorte s'extérioriser, se manifester. Mais peut-on pour autant croire que le langage sert à exprimer la réalité ? Dans une première partie, nous traiterons de la spécificité du langage ; dans un second temps, nous verrons que le langage peut certes exprimer la réalité ; et enfin dans une troisième partie, qu'il peut également être tout à fait créateur dans la mesure où il n'exprime pas forcément la réalité. Si l'existence d'une communication animale est indéniable, il n'y a pas, à proprement parler, de langage chez les animaux. Pour Descartes, le langage est une spécificité humaine. Seul l'homme parle et utilise des signes pour communiquer ses pensées. Il doit apprendre ces signes, ces derniers étant d'une autre nature que le cri inné et codifié des animaux. Parler est donc le propre de l'homme. D'ailleurs, les sourds-muets en sont un excellent exemple dans la mesure où ils parviennent à commu...

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« Merleau-Ponty imagine que la parole, comme l’œuvre d’art, cherche à communiquer l’idée d’une chose en faisant partager son essence émotionnelle.

Selon lui, l’acte de parole fait exister un sens au-delà des mots qu’il emploie.

La combinaison des mots nous renverrait donc à une réalité au-delà des mots eux-mêmes, tout comme dans l’œuvre d’art, les couleurs ou les sons finissent par exprimer un sens qui les dépasse.

En effet, l’œuvre d’art, la peinture par exemple, est également un moyen de langage permettant de retranscrire une réalité.

Comme le fit remarquer Oscar Wilde, les gens voient des brouillards, non parce qu'il y en a, mais parce que des poètes et des peintres leur ont enseigné la mystérieuse beauté de ces effets.

Des brouillards ont pu exister pendant des siècles à Londres mais personne ne les a vus.

Ils n'existèrent qu'au jour où l'art les « inventa », qu’au jour où le langage les « nomma ». Néanmoins, le langage ne fait pas que retranscrire une réalité mais il tend aussi à la créer.

Il est tout aussi bien capable d’exprimer ce qui existe que ce qui n'existe pas.

Il me permet aussi bien de décrire un événement qui s'est réellement produit, qu'un événement ou une situation parfaitement imaginaires.

C'est d'ailleurs ce que révèle l'usage artistique ou poétique du langage : l'artiste, l'écrivain ou le poète font surgir, grâce aux mots, des situations qui n'existent tout d'abord nulle part ailleurs que dans leur esprit.

D’ailleurs, Bergson affirme que les mots et le langage ne traduisent qu’imparfaitement la « vraie vie de l’âme ».

Il y a donc une difficulté générale des mots à atteindre la singularité de nos sentiments et de nos états d’âmes.

Ainsi, le découpage opéré par la langue ne coïncide pas toujours avec celui du réel.

De plus, le langage permet de dire le vrai tout autant que le faux, d'être sincère ou de mentir.

En ce sens, la puissance du langage est tout à fait ambiguë : elle est puissance de dévoiler le vrai autant que de le masquer, d'enseigner la vérité à autrui, tout autant que de le tromper.

C'est de cette puissance ambiguë, équivoque, que firent d'ailleurs usage les sophistes de l'Antiquité qui, tels Gorgias, se complimentaient de pouvoir démontrer à leurs auditeurs une chose ou son contraire (par exemple, que l'homme est un être vertueux, puis que l'homme est un être sans aucune vertu).

Si Platon critique les sophistes, c’est parce qu’il les considère comme de dangereux manipulateurs du langage, cherchant à obscurcir et à tromper la raison des hommes. La parole reste la manifestation première fondamentale du langage humain.

On s’exprime pour être compris et pas seulement pour se comprendre soi-même.

Pour être compris de quelqu’un d’autre, je dois faire un véritable effort de clarification de ma pensée parce que ce que je dis à autrui, ce ne sont pas que des mots, mais du sens.

Lorsque Platon veut se faire comprendre du plus grand nombre, lorsqu’il veut avoir plus d’impact sur les esprits, il utilise le mythe.

Le mythe, en effet, va au-delà de la parole rationnelle, dialectique.

Il donne à voir, à imaginer, à poétiser.

Il a un pouvoir.

Tout comme les contes qui permettent aux enfants de laisser libre cours à leur imagination. Enfin, le langage peut nous éloigner de la réalité.

T oute parole ne recèle-t-elle pas essentiellement la possibilité de la trahison ? Parler n’est-ce pas déjà manipuler, consciemment ou pas ? « Traduttore, traditore » ( « Traduire, c’est trahir ») est une expression italienne qui reflète bien cette trahison, cette fausseté.

Elle compare le traducteur à un traître et suggère que la traduction d’un texte d’une langue dans une autre ne peut jamais respecter parfaitement le texte de l’œuvre originale.

Dans un cas extrême, traduire un poème en le modifiant pour garder les rimes altère particulièrement l’œuvre du poète.

Toutefois, certains traducteurs ont réussi à rendre leur traduction au moins aussi bonne que le texte original ; ce qui est notamment le cas de Charles Baudelaire avec les œuvres d’Edgar Allan Poe. En somme, le langage permet d’accéder à la faculté de comprendre le réel, de symboliser, d’établir des relations de signification entre des réalités différentes.

La parole et la pensée créent du sens et permettent de se construire.

Cependant, le langage humain fait également. »

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