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La Légende des Siècles - Tome I - Chapitre: XXI LES CHEVALIERS ERRANTS EVIRADNUS (Hugo)

Publié le 18/02/2011

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Le burg est aux lichens comme le glaive aux rouilles; Hélas! et Corbus, triste, agonise. Pourtant L'hiver lui plaît; l'hiver, sauvage combattant, Il se refait, avec les convulsions sombres Des nuages hagards croulant sur ses décombres, Avec l'éclair qui frappe et fuit comme un larron, Avec les souffles noirs qui sonnent du clairon, Une sorte de vie effrayante, à sa taille; La tempête est la soeur fauve de la bataille; Et le puissant donjon, féroce, échevelé, Dit: Me voilà! sitôt que la bise a sifflé; Il rit quand l'équinoxe irrité le querelle Sinistrement, avec son haleine de grêle; Il est joyeux, ce burg, soldat encor debout, Quand, jappant comme un chien poursuivi par un loup, Novembre, dans la brume errant de roche en roche, Répond au hurlement de Janvier qui s'approche. Le donjon crie: -En guerre! ô tourmente, es-tu là?- Il craint peu l'ouragan, lui qui vit Attila. Oh! les lugubres nuits! Combat dans la bruine! La nuée attaquant, farouche, la ruine! Un ruissellement vaste, affreux, torrentiel, Descend des profondeurs furieuses du ciel; Le burg brave la nue; on entend les gorgones Aboyer aux huit coins de ses tours octogones; Tous les monstres sculptés sur l'édifice épars, Grondent, et les lions de pierre des remparts Mordent la brume, l'air et l'onde, et les tarasques Battent de l'aile au souffle horrible des bourrasques; L'âpre averse en fuyant vomit sur les griffons; Et, sous la pluie entrant par les trous des plafonds, Les guivres, les dragons, les méduses, les drées, Grincent des dents au fond des chambres effondrées; 

Le décor est typiquement romantique avec ses ruines, ses nuées, ses fantômes. La tempête rappelle le thème du chasseur sauvage condamné par une malédiction à errer dans les nuits d'automne et d'hiver en suscitant des tempêtes qui font mourir les voyageurs attardés. On pense aussi à toutes les interprétations que la tradition populaire donnait aux orages de janvier : sabbat des démons, déchaînement de mauvais esprits en un lieu maudit. D'ailleurs Sigismond et Ladislas qui y rôdent ont fait alliance avec Satan.

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« qui sonne l'assaut.

Le mot noirs allié à souffles a un sens physique et moral à la fois : c'est la nuit noire etsépulcrale.

Le vers 115 complète enfin le début de II.

Entre le verbe et le complément rejeté plus loin, le poèteénonce tout ce que le burg engloutit, ce qui lui rend une vie.

La césure au 9e pied du vers 115, venant après unenjambement sur l'hémistiche, montre que cette vie n'est pas celle des hommes.

Le vers 116 est sans césure : c'estun tableau qui évoque la mêlée des éléments, l'allégresse du burg qui retrouve sa première raison d'être : la bataille.L'épithète fauve, mise en relief par l'enjambement sur l'hémistiche a une valeur morale : le burg semble jouir de cettecruauté sauvage. b) Joie du combattant (v.

117-124)Les deux vers précédents nous ont fait assister à une sorte de miracle.

Maintenant que le donjon est personnifié,son action est décrite par des verbes placés au début du vers : dit...

il rit...

il est joyeux, etc...

Le donjon prendune figure humaine; il a des sentiments, il paraît échevelé.

Il ressemble à un de ces sombres croquis de Hugo où lesnuages font une chevelure aux tours.

On trouve fréquemment dans la poésie allemande des choses : arbres, vents,tours, monts qui deviennent des géants fascinants.L'aspect fantastique est matérialisé par les allitérations en s, i, f pour imiter les vents, en ri, re, is, tre, pour ledéchaînement de la tempête d'équinoxe, en è pour le bruit des grêlons.

Les mois, les saisons ont leur caractère.

V.Hugo qui « pense par images » leur donne une forme concrète.

Ainsi le burg est un soldat, Novembre et Janvier desanimaux farouches.

A cause du tumulte de ce pandémonium, les vers n'ont pas leur césure à l'hémistiche : Il rit (2epied), Sinistrement (4e) Quand (1er), Novembre (3e).

La structure des vers correspond aux attitudes et auxmouvements : la résistance s'exprime par les nombreuses coupes du vers 121, la fuite par l'absence de coupe.

Lesdeux derniers vers (123-124) nous transportent dans un monde hallucinant, irréel, effrayant : après un appel(Novembre), suivi de la césure, les sons r et l'image évoquent les brumes et les tempêtes.

Le vacarme est imité parle rythme ïambique : ...

errant de roche en roche — Répond au hurlement...; l'accent est porté sur le 2e pied.Novembre, c'était la brume et l' « errance » romantique, Janvier ce sont les tempêtes d'hiver déchaînées. II.

— LE RÉVEIL DES MONSTRES (131-140) La vision et la lutte fantastiques atteignent leur point culminant Comme toujours, V.

Hugo, pour y parvenir, atransformé un détail visuel : quand il pleut, les gargouilles crachent des cascades comme des défenseurs quiverseraient de l'huile bouillante ou du plomb fondu.

Sous l'effet du vent, les girouettes, qui sont parfois des montresdécoupés, tournent et grincent : le passage des rafales à travers les salles croulantes fait croire à la présence d'unêtre qui gémit et hurle.

Des détails semblables se trouvaient déjà dans les Feuilles d'Automne ou dans Notre-Damede Paris.

Mais ici V.

Hugo obtient une rare unité de ton : c'est la légende qui naît vivante.

Ces vers se composentd'une énumération de monstres, le plus souvent nommés à la fin de l'alexandrin tandis que leurs cris ou leursmouvements sont placés en rejet pour marquer la surprise : aboyer, grondent, mordent, battent, grincent.

A chaqueenjambement il semble que quelque chose remue, se décroche, effraye.

Les monstres sont tirés de la mythologie,des blasons; certains ont été observés à Notre-Dame de Paris.

Les gorgones avaient été placées par Virgile àl'entrée des enfers ; la tarasque était un dragon monstrueux; le griffon, à corps de lion et à tête d'aigle, était connudepuis la plus haute antiquité et souvent sculpté au Moyen âge.

Les guivres (du latin vipera) sont les serpentshéraldiques; Méduse est l'une des gorgones.

Les drées sont, selon V.

Hugo, des monstres « aux dents grinçantesdans une phosphorescence ».

Ce sabbat est rendu plus bruyant par la richesse et l'originalité des rimes ( gorgones,tarasques), la variété des coupes dues à l'énumération, la répétition des consonnes dans la plupart des vers, etnotamment v, f, (137), d (139-40). III.

— LE ROMANTISME DE CETTE LÉGENDE Le décor est typiquement romantique avec ses ruines, ses nuées, ses fantômes.

La tempête rappelle le thème duchasseur sauvage condamné par une malédiction à errer dans les nuits d'automne et d'hiver en suscitant destempêtes qui font mourir les voyageurs attardés.

On pense aussi à toutes les interprétations que la traditionpopulaire donnait aux orages de janvier : sabbat des démons, déchaînement de mauvais esprits en un lieu maudit.D'ailleurs Sigismond et Ladislas qui y rôdent ont fait alliance avec Satan.Le rythme croissant de la bataille entre le donjon et les éléments, et surtout l'entrée en lice des figures de granitrappellent la virtuosité du célèbre poème des Orientales, les Djinns : avec le rythme et la musique des vers, le poètefait vivre ce qui n'existe pas.

L'attitude du burg toujours debout dans sa montagne est celle de Welf, castelland'Osbor, de Masferrer (Légende des Siècles, xix et xxi), de Job le patriarche des Burgraves qui : Debout dans sa montagne et dans sa volontérepousse d'un pied sûr...L'échelle de l'empire appliquée à son mur. (v.

808-811-812).. »

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