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LEIBNIZ: La raison ne peut nous tromper.

Publié le 27/02/2008

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leibniz
Les apparences des sens ne nous promettent pas absolument la vérité des choses, non plus que les songes. c'est nous qui nous trompons sur l'usage que nous en faisons. C'est-à-dire par nos consécutions. (...) Une telle erreur est pardonnable, et quelquefois lorsqu'il faut agir promptement, et choisir le plus apparent ; mais lorsque nous avons le loisir et le temps de nous recueillir, nous faisons une faute si nous prenons pour certain ce qui ne l'est pas. Il est donc vrai que les apparences sont souvent contraires la vérité ; mais notre raisonnement ne l'est jamais lorsqu'il est exact et conforme aux règles de l'art de raisonner. Si par la raison on entendait en général la faculté de raisonner bien ou mal, j'avoue qu'elle nous pourrait tromper, et nous trompe en effet, et que les apparences de notre entendement sont souvent aussi trompeuses que celles des sens : mais il s'agit ici de l'enchaînement des vérités et des objections en bonne forme, et dans ce sens il est impossible que la raison nous trompe.LEIBNIZ

 Est-ce à cause de la raison que nous nous trompons ? La raison est-elle cette faculté de comprendre et d’organiser qui peut aboutir au vrai comme au faux ? Telle est la question à laquelle ce texte de Leibniz répond. Selon le philosophe, la raison est définie non pas comme une faculté qui peut produire elle-même des erreurs, mais comme « l’enchainement des vérités et des objections en bonne forme «. Ce n'est donc pas à cause de la raison que nous nous trompons, mais à cause de l’absence de raison : rien de ce qui est conforme à la raison n'est faux.  Il n’y a donc pas de faculté trompeuse : ni la raison, ni même la sensibilité ne peuvent rendre compte des erreurs que nous commettons. Comment dès lors expliquer l’erreur ? Comment l’éviter ? C’est ce que nous verrons en examinant le mouvement du texte avant de passer à l’étude de son intérêt philosophique.

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« le monde sensible en général.

Depuis Platon qui dans la République fait commencer la philosophie avec le rejet et le discrédit des apparences jusqu'à Descartes qui commence dans ses Méditations métaphysiques par jeter le doute sur les connaissances que nous tenons de nos sens, le sensible est présenté comme un obstacle pour laconnaissance.

Or, l'originalité de ce texte de Leibniz, c'est de refuser d'attribuer nos erreurs à nos sens, non pasparce qu'ils nous diraient toujours la vérité, mais parce qu'ils ne peuvent nous promettre la vérité, et ne peuventdonc pas non plus par conséquent être cause d'erreur.

Il ne glorifie donc pas le sensible, et ne le condamne pas nonplus, mais explique que ce n'est pas le sensible qui est la pierre de touche de la connaissance, mais bien la raison.Les apparences peuvent en effet être « contraires à la vérité », mais ce n'est pas elles qu'il faut accuser.

Prenonsun exemple : on a longtemps cru que le soleil tournait autour de la terre parce qu'on le voyait se déplacer dans leciel.

Mais la cause de l'erreur, est-ce véritablement l'apparence trompeuse ? non, car voir le soleil bouger peut aussibien vouloir dire qu'il bouge que vouloir dire que c'est nous qui bougeons.

On voit bien que l'apparence sensible nedoit donc pas être accusée ici. B.

Une explication de l'erreur : c'est donc bien notre consécution, c'est-à-dire notre raisonnement ou déduction qui nous induit en erreur, et non l'apparence elle-même, puisqu'en elle même, elle ne nous dit pas que le soleil tourne.Mais l'erreur n'est pas non plus reportée sur la raison, auquel cas on serait tout autant dans l'embarras pour yéchapper, puisque notre propre faculté serait en proie à la produire.

L'erreur est attribuée à notre attitude et àl'usage que nous faisons ou non de la raison.

De plus, Leibniz tient compte des conditions dans lesquelles nousréfléchissons, il met donc au centre de l'erreur le problème de l'attention (mot qui n'est pas utilisé dans ce texte,mais qui est au centre de la philosophie de la connaissance chez Leibniz).

C'est parce que nous sommes attentifsque nous raisonnons juste, et c'est quand nous ne le sommes pas ou ne pouvons pas l'être que nous noustrompons.

Leibniz tient donc compte du fait que nous sommes souvent contraints d'émettre un jugement dans cequ'on appelle « le feu de l'action », autrement dit, que l'impératif de l'agir nous contraint parfois à décider de ceque l'on estime vrai ou faux, à interpréter une apparence sensible alors que nous n'en sommes pas absolumentcertain. C.

Enfin, Leibniz redéfini complètement le champ de la vérité : après avoir exclus les sens du processus d'erreur ou de vérité, il exclut également la raison, puisqu'elle est entièrement définie comme la faculté qui nous permet d'établirla vérité.

La liaison entre vérité et raison est donc nécessaire et indestructible.

La raison est donc cette faculté quidécouvre des connexions indubitables.

La raison est l'enchainement des vérités elles-mêmes.

Le choix que faitLeibniz entre les deux définitions de la raison qu'il suggère ici permet une véritable confiance en la raison et indiquela voie à suivre pour atteindre la vérité : celle de la logique, c'est-à-dire de l'art de raisonner selon des règlesjustes, telles que la règles de contradiction, qui nous dit qu'un même objet ne peut être à la fois et au mêmemoment A et non-A. Conclusion Parmi les deux définitions de la raison que l'on trouve au XVIIè siècle, l'une qui la considère comme la faculté deraisonner bien ou mal, et l'autre qui la considère comme l'enchainement des vérités, Leibniz choisit la seconde,excluant ainsi qu'elle puisse donner lieu à l'erreur.

En rendant légitime à la fois l'usage réglé de la raison et l'usagedes apparences sensibles – qui ne peuvent ni donner lieu à l'erreur, ni donner lieu à une vérité indubitable – Leibnizpose la vérité comme étant en notre seul pouvoir.

Il n'y a en effet aucun obstacle à la découverte de la vérité,puisque notre attention et notre connaissance de la logique suffisent à nous montrer la voie de la certitude. LEIBNIZ (Gottfried Wilhelm). Né à Leipzig en 1646, mort à Hanovre en 1716. Il étudia les mathématiques à Iéna, la jurisprudence à Altdorf et la chimie à Nuremberg.

En 1667, il rencontra lebaron Jean-Christian de Boinebourg, et commença de s'intéresser à la politique et aux hautes mathématiques.

En1672, il fut chargé d'une mission auprès de Louis XIV, pour engager celui-ci à conquérir l'Egypte.

Il fit un voyage àLondres et commença d'entretenir une correspondance suivie avec les plus grands esprits de son temps.

Il tenta,dans ses lettres à Bossuet, d'aboutir à la réunion des Eglises chrétiennes.

Au terme de longs travaux, il constitua lecalcul intégral (29 octobre 1675) et le calcul différentiel (1er novembre 1675).

En 1676, il quitta Paris pour Hanovre,où il devint bibliothécaire du duc de Brunswick-Lunebourg.

Il soutint les droits des princes allemands dans l'Empire en1678, préconisa un plan qui permît à Pierre le Grand de faire bénéficier ses peuples de la civilisation occidentale, etpublia un recueil de droit des gens.

Il mourut en novembre 1716, et n'eut que son secrétaire pour accompagner aucimetière sa dépouille mortelle.

En relations avec l'Europe entière, homme d'une culture universelle, Leibniz futmathématicien, philosophe, juriste, historien et fondateur de la critique historique, géologue, ingénieur et théologien.Il institua l'Académie de Berlin.

— Il se révéla, d'abord, disciple de Descartes.

Puis, ses réflexions sur le dogmeluthérien de la présence réelle et sur la transsubstantiation de la doctrine catholique l'incitèrent à chercher une. »

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