LETO ET LES PAYSANS LYCIENS

« LES LOUPS FONT DAVANTAGE PREUVE DE CIVILITÉ QUE LES HOMMES Léto, qui a repris sa marche, prend soin de ménager ses forces.

La chaleur se fait toujours plus oppressante.

La malheureuse mère désespère de trouver un endroit ombragé et paisible où étancher sa soif lorsqu'une meute de loups vient à sa rencontre, raconte dans ses Métamorphoses Antoninus Liberalis.

Ces canidés ne lui veulent aucun mal, bien au contraire ! Pour rassurer Léto, ils remuent joyeusement la queue ; puis, douce­ ment, ils conduisent la jeune femme à travers les fourrés jusqu'aux rives du fleuve Xanthos, où elle peut enfin se désaltérer.

Elle en profite pour baigner ses deux enfants et se purifier.

A fin de remercier la meute sauvage de lui avoir servi de guide, Léto décide d'appeler la région Lycie, ou « pays des loups », en leur honneur; auparavant, cette contrée se nommait Tremilis .

Quant au fleuve Xanthos, la Titanide le place sous la protection de son jeune fils, le dieu Apollon .

œ LES GRENOUILLES SAGES-FEMMES Ce n'est peut-être pas un hasard si l'épisode de la vengeance de Léto contre les paysans lyciens se déroule juste après son accouchement.

En effet, dans plusieurs civilisations, la g~enouille symbolise la fécondité et la naissance.

Pour les Egyptiens, Hequet, la déesse qui protège les nouveau-nés et les femmes en couches, est une grenouille ou une femme à tête de grenouille .

De même, les mythes des Dayak de Bornéo prêtent à la déesse Salampandai, patronne des naissances , les traits de ce batracien.

LES RIVES DU XANTHOS Vue du fleuve d'Asie Mineure [auj.

Turquie!.

(P hoto G.

Sioe n I DeA Picture Lib rary) • • • • • LE LÉTÔON Situé près de Xanthos, la capitale de l'ancienne Lycie, le Létôon est dans l 'Antiquité le principal centre religieux de la région .

Il comprend plusieurs monuments, parmi lesquels trois temples dédies à Léto , Artémis et Apollon, qui témoignent de l'hellénisation de cette partie de l'Asie Mineure.

Ils ont en effet été élevés vers 400 av.

J.-C.

[puis reconstruits au 11' siècle av.

J.-C.] près d'une source sacrée, où étaient honorées auparavant des divinités aquatiques locales.

Là, selon la légende grecque qui a fini par s'imposer, Léto serait venue se désaltérer et se purifier.

Le temple ionique de cette dernière est remarquablement bien conservé : plus des trois quarts des blocs de pierre ont été sauvegardés .

L.:Unesco a inscrit le site au Patrimoine mondial de l' humanité .

LYCIEN TRANSFORMÉ EN GRENOUILLE Détail d 'un tableau de Giuse ppe Cresp i [1665-17471.

(Phot o A.

de Gr eg orio I DeA Picture Library). »