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LES « LETTRES PORTUGAISES »

Publié le 29/03/2012

Extrait du document

(1669)

L'énigme littéraire

Au mois de janvier 1669 paraissaient chez Claude Barbin, éditeur à Paris, les Lettres Portugaises traduites en François devenues à l'étranger la même année Lettres d'amour d'une religieuse portugaise écrites au Chevalier de * *. L'éditeur français dans son avis « Au Lecteur , précisait que le destinataire des lettres et leur traducteur lui étaient inconnus. Cet anonymat et ce· mystère n'avaient en soi rien de très étonnant au XVIIe siècle, mais le succès recueilli par les Lettres auprès du public .d'alors et, le fait que ce succès ne se soit pas démenti depuis, allaient forcer les critiques à se poser certaines questions. Avait-on affaire à un stratagème d'éditeur désireux de lancer un livre? Etait-ce prudence d'auteur abordant le sujet assez scabreux des amours profanes d'une religieusemême si l'on tient compte du nombre des vocations forcées à cette époque ?

« La note de Boi.ssonade et Maria-Ana Alcoforado.

La thèse qui fait des Lettres portugaises une œuvre vécue, est la thèse la plus ancienne; ·le chevalier de C * * *, certains contemporains, dont Saint-Simon, crurent pouvoir J'identifier avec le comte de Chamilly: .• grand et gros homme, fort bien fait....

• mais (qui) avait si peu· d'esprit qu'on en était toujours surpris., nous dit Saint-Simon 1.

Le nom du personnage féminin devait être révélé plus tard, en 1810, par un érudit, Boissonade, qui répondait à une demande de ren­ seignement parue dans le Journal de l'Empire.

Cet érudit disait que sur l'exemplaire de l'édition originale qu'il possédait, le nom de la religieuse avait été inscrit comme étant • Mariana Alcaforada, religieuse à Béja, entre I'Estramadure et l'Andalou­ sie •.

Les ·lettrés portugais devaient par la suite retrouver une Maria-Ana Alcoforada, religieuse au couvent de la Conception de Béja, née en 1640 et morte en 1723.

Non seulement les dates concordaient, mais on r-etrouvait même une certaine dona Britès, bienfaitrice du ·couvent à la même ép·oque, or dona Britès est citée dans les Lettres comme l'amie secourable qui se chargera de renvoyer le portrait et les bracelets donnés par l'infidèle2.

On le voit: un certain nombre de détails concordaient entre le personnage historique et l'auteur supposé des Lettres, et aujourd'hui encore on peut admettre comme possible qu'une idylle entre Maria-Ana Alcoforada et le comte de Chamilly ait eu lieu lors de la campagne française au Portugal, et que cette idylle ait servi l'inspiration de Guillera­ gues .

• ...

et le nom de celui qui en a fait la traduction est Guille­ ragues,.

a La thèse de l'authenticité des lettres fut .remise en question en 1926 par le professeur F.C.

Green, déjà cité.

Son principal apport consiste dans la découverte à la Bibliothèque nationale du privilège original en date du 17 novembre 1668 accordé pour un livre qui devait contenir • les Valentins, Lettres portu­ gaises, Epigrammes et Madrigaux de Guilleragues"· Guilleragues n'était donc plus le traducteur mais l'auteur, et les Lettres portugaises ·pour une raison donnée, avait été publiées sépa­ rément.

F.

Deloffre devait compléter cette découverte en retrou- 1.

Edition des Grands Ecrivains de la France (P.

Boislile), t.

Xl, pp.

10 et 11.

2.

Edit.

Gamier, p.

61.

· 3.

Edit.

de Cologne déjà citée et édit.

F.

Roger d'Amsterdam, 1699.. »

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