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Liberia

Publié le 11/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Liberia, en anglais (langue officielle) Liberia, pays d’Afrique de l’Ouest ouvert sur l’océan Atlantique. Sa capitale est Monrovia.

Le Liberia est limité au nord-ouest par la Sierra Leone, au nord par la Guinée et à l’est par la Côte d’Ivoire. Le pays a été, en 1847, le premier État indépendant de l’Afrique, alors colonisée par les puissances européennes. Constitué par des esclaves libérés et rapatriés du continent américain, il est dirigé jusqu’en 1980 par les Américano-Libériens. La fin de la domination politique de ces descendants d’esclaves marque le début d’un conflit qui oppose différents chefs de guerre, en lutte ouverte pour le pouvoir depuis 1989.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La superficie du Liberia est de 99 067 km². Le pays possède une façade atlantique qui s’étend de l’embouchure du Mano à celle du Cavally, sur 579 km. La plaine côtière, d’une largeur de 15 km à 55 km, est dominée par des falaises escarpées au nord-ouest. Le relief est constitué d’une série de plateaux (900 m à 1 200 m), qui forment le rebord méridional de la dorsale guinéenne. Les vallées profondes sont parcourues par des fleuves qui prennent, pour la plupart, leur source sur les plateaux du Nord. Les uns descendent des monts Nimba (1 752 m), le point culminant du pays, à l’est, aux frontières de la Guinée et de la Côte d’Ivoire (Saint-John, Cess, Cavally),les autres, à l’ouest, descendent du massif de Béro (Saint-Paul), ou du mont Ziama (Loffa et Mano), en Guinée.

2.2 Climat

Le Liberia est soumis à un climat tropical humide causé par les échanges atmosphériques entre l’Atlantique et le continent. Les précipitations annuelles décroissent de la côte (5 080 mm) vers l’intérieur du pays (1 778 mm). Elles sont plus importantes au sud-est (3 000 mm à 4 000 mm) où le climat semi-équatorial est soumis aux effets de deux saisons des pluies. La température moyenne annuelle est d’environ 27,8 °C.

2.3 Flore et faune

La bande côtière alterne plaine cultivée et forêt pluviale, tandis que l’arrière-pays est couvert d’immenses forêts tropicales, dont les arbres ont des feuilles persistantes au sud et caduques au nord (forêt claire). Parmi les espèces les plus représentées, on trouve les chimpanzés, les éléphants et les buffles.

2.4 Ressources naturelles

Les ressources minières et forestières — minerai de fer, or, diamant, bois précieux (acajou) — constituent la source traditionnelle de revenus pour le pays. Le réseau hydrographique offre un potentiel hydroélectrique important, et les terres se prêtent aux grandes plantations d’hévéas (caoutchouc).

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 1981, la population du Liberia s’élevait à 1,2 million d’habitants. Elle est estimée à 3,33 millions en 2008, ce qui représente une densité faible de 35 habitants au km2. Entre 1990 et 1996, les combats ont fait plus de 200 000 morts et 750 000 Libériens ont dû trouver refuge à l’étranger (Côte d’Ivoire et Guinée), s’ajoutant au million de personnes déplacées à l’intérieur du pays. En raison de la guerre, le Liberia connaît un taux de mortalité infantile très élevé (144 p. 1 000).

La population du Liberia se répartit en deux composantes principales : les peuples autochtones, qui constituent 95 p. 100 de la population et sont représentés par une quinzaine de groupes ethniques — dont les plus importants sont les Kpellés (25 p. 100 de la population), les Bassa, les Gio, les Krous et les Vaïs ; les Américano-Libériens, descendants d’esclaves affranchis venus des États-Unis au xixe siècle (5 p. 100 de la population).

La population de Monrovia, capitale et principal port du pays, a considérablement augmenté du fait de l’exode des populations civiles fuyant les combats — de 425 000 habitants en 1984, elle est passée à 720 000 habitants en 1994 et à près d’un million en 2003. Le second port, Buchanan (27 300 habitants en 2003), est relié par voie ferrée aux mines de fer des monts Nimba, dont la production a été arrêtée pendant le conflit.

3.2 Langues et religions

Environ 10 p. 100 des Libériens sont chrétiens, pour la plupart protestants. Les musulmans, établis principalement à l’intérieur du pays, représentent 30 p. 100 de la population. Près des deux tiers des habitants sont animistes. L’anglais est la langue officielle, mais il n’est parlé que par le cinquième des habitants, qui utilisent les diverses langues africaines (mandé, krou, etc.).

3.3 Éducation

En 1912, le Compulsory Education Act institue l’enseignement gratuit et obligatoire pour les enfants âgés de six à seize ans. Après la Seconde Guerre mondiale, un programme de scolarisation pour tous est mis en œuvre, mais les écoles restent rares ; seule une minorité d’enfants en bénéficie. À partir du déclenchement de la guerre civile, à la fin de l’année 1989, le système éducatif n’a plus fonctionné qu’au ralenti. En 2005, 59,5 p. 100 de la population est alphabétisée et moins de 30 p. 100 des enfants âgés entre douze et dix-sept ans sont scolarisés. Seuls 14,9 p. 100 des Libériens ont accès à l’enseignement supérieur. Nombreux sont les enfants soldats, enfants et adolescents livrés à eux-mêmes et manipulés par les différents « seigneurs de guerre « ayant pris les armes et rejoint les bandes de pillards qui terrorisent les populations civiles.

3.4 Institutions et vie politique
3.4.1 Historique

La première Constitution du Liberia, promulguée en 1847, est abolie en 1980, à la suite du coup d’État sanglant mené par le sergent Samuel K. Doe. Une nouvelle Constitution est adoptée par référendum le 3 juillet 1984 et promulguée en 1986. Le suffrage censitaire, qui avait permis la longue hégémonie des Américano-Libériens, est remplacé par le suffrage universel, et le pouvoir passe aux mains des autochtones. L’année suivante, Samuel K. Doe devient président de la République au terme d’une élection marquée par une fraude massive. En septembre 1989, Charles Taylor, fondateur du Front national patriotique du Liberia (National Patriotic Front of Liberia, NPFL), lance une rébellion contre le gouvernement libérien. C’est le début d’une longue guerre civile qui voit également s’affronter de nombreuses factions rebelles rivales. En 1991, le président Doe est assassiné. Le pays sombre dans la guerre et le chaos politique jusqu’à ce qu’en 1996, au terme de nombreux accords de paix avortés et de tentatives de gouvernement d’union nationale, les factions belligérantes acceptent la tenue d’élections générales.

À l’issue du scrutin de juillet 1997, Charles Taylor est élu président de la République et son parti, le Parti national patriotique (National Patriotic Party, NPP), issu de la dissolution du NPFL, obtient la majorité absolue au Parlement. À la suite de la reprise de la guerre civile, dès 1999, Charles Taylor est contraint de renoncer au pouvoir en août 2003. Conformément aux accords de paix signés le 18 août entre les mouvements rebelles et le gouvernement, l’homme d’affaires Gyude Bryant, leader du Liberian Action Party (LAP), est investi au mois d’octobre à la tête d’un gouvernement de transition — qui représente les différentes factions armées, les dix-huit partis politiques du pays ainsi que la société civile — chargé de conduire le pays jusqu’aux prochaines élections générales de 2005. Une Assemblée législative nationale unicamérale de transition est également nommée, en lieu et place du précédent Parlement bicaméral.

Mettant fin au régime de transition, des élections présidentielle et législatives se déroulent le 11 octobre 2005, sous la protection des troupes des Nations unies et dans un climat jugé pacifique par les observateurs internationaux. Une vingtaine de partis politiques y participent, tandis que vingt-deux candidats s’affrontent pour l’accession à la magistrature suprême. Aucun parti ne détient la majorité à l’issue du scrutin législatif. Au second tour du scrutin présidentiel, le 8 novembre, Ellen Johnson-Sirleaf, chef de file du Parti de l’unité (UP), est élue avec 59,4 p. 100 des suffrages contre 40,6 p. 100 à son rival George Weah, ex-star du football à la tête du Congrès pour le changement démocratique (CDC).

3.4.2 Organisation des pouvoirs

Aux termes de la Constitution de 1986, le pouvoir exécutif est exercé par le président qui, élu pour un mandat de six ans reconductible, est à la fois le chef de l’État et le chef de gouvernement. Le pouvoir législatif est conféré à un Parlement bicaméral composé du Sénat (30 membres élus au scrutin direct pour un mandat de neuf ans) et de la Chambre des représentants (64 membres élus au scrutin direct pour un mandat de six ans).

3.4.3 Défense nationale

La restauration de la paix, à la suite des accords d’Accra (août 2003), s’effectue sous l’égide de la mission des Nations unies au Liberia (MINUL), chargée du maintien de la paix et de la sécurisation du pays par le désarmement et la démobilisation des miliciens des différentes factions armées. Cette mission, dont le mandat débute en octobre 2003, compte environ 15 000 militaires. Un programme de désarmement, démobilisation, réhabilitation et réintégration est également mis en place par le gouvernement transitoire (2003-2005). Le désarmement et la démobilisation d’environ 50 000 hommes, femmes et enfants soldats sont achevés en octobre 2004.

Le processus de paix implique également la restructuration et la réforme de l’armée libérienne (Forces armées du Liberia, AFL), qui compte en 2005 quelque 15 000 hommes (dont 8 000 à 9 000 « recrues de guerre « enrôlées de manière irrégulière pendant la guerre civile). À la suite de la dissolution des AFL, une nouvelle armée est formée par le gouvernement américain.

4 ÉCONOMIE

Doté d’un bon réseau hydrographique, de ressources minières et forestières — caoutchouc, minerai de fer, bois — et d’un climat favorable à l’agriculture, le pays a développé, jusqu’au déclenchement de la guerre civile en 1989, une économie reposant sur la production et l’exportation de matières premières et de produits de base. L’exploitation des richesses naturelles est traditionnellement contrôlée par des multinationales — jusqu’au milieu des années 1980, l’immense plantation d’hévéas de Harbel, propriété de la firme américaine Firestone, était le deuxième employeur du pays, après l’État. Depuis le milieu du XXe siècle, une grande partie des revenus du Liberia est également assurée par des recettes provenant de l’octroi de pavillons de complaisance aux navires marchands.

Si des erreurs de gestion, conjuguées à la baisse des prix des matières premières sur les marchés mondiaux, ont plongé le pays dans la crise économique bien avant le début de la guerre civile, celle-ci a presque entièrement détruit son économie, en particulier l’ensemble des infrastructures situées autour de la capitale, Monrovia. La détérioration des conditions économiques a été en outre accentuée par le départ de nombreux hommes d’affaires, privant le Liberia de leurs capitaux et de leur expertise. Le redressement de l’économie dans un pays dépendant très largement de l’aide internationale est soumis au règlement de la guerre civile, à l’afflux d’investissements étrangers et au soutien de pays donateurs.

4.1 Agriculture

Seulement 4 p. 100 des terres du Liberia étaient mises en culture avant la guerre civile. Le riz occupait 38 p. 100 des surfaces cultivées, suivi du manioc (12 p. 100) et du cacao (7 p. 100). Fruits, légumes et patates douces sont également cultivés pour la consommation locale. La production dans son ensemble a brusquement chuté à partir de 1990. Pour les cultures vivrières, celle du riz paddy est passée de 297 000 t en 1989 à 50 000 t en 1994, alors que les besoins de consommation sont estimés à 400 000 t par an. La principale culture d’exportation est l’hévéa. Les plantations couvraient 670 km2 en 1981. Elles produisaient environ 81 000 t de caoutchouc naturel par an, contre 10 000 t en 1994. En revanche, l’exploitation du bois a repris (6,33 millions de m³ en 2006) et s'effectue hors de tout contrôle.

4.2 Mines et industrie

Au début des années 1980, la production de fer devançait celle du caoutchouc. Grâce à d’importantes réserves et à l’exceptionnelle teneur en fer du minerai brut (68 p. 100), le Liberia produisait 18,9 millions de t par an, plaçant le pays dans les premiers rangs exportateurs mondiaux de fer. Depuis 1990, la production est arrêtée. Le contrôle des autres ressources constituées par les diamants, l’or et le mica, a été l’un des enjeux majeurs des combats entre factions en raison de la facilité de leur commercialisation et de la discrétion qui l'entoure. En 1995, la zone diamantifère est entre les mains des troupes du NPFL. La Western Mining Corporation Ltd, créée à partir de capitaux australiens, s’est proposée d’investir dans la prospection d’or et de diamant sur un quart du territoire national.

4.3 Échanges

La monnaie est le dollar libérien (divisible en 100 cents), qui vaut théoriquement un dollar américain depuis 1940. Mais le dollar américain, qui a aussi légalement cours, est préféré dans les transactions. Après le début de la guerre civile, des billets de banque différents ont été utilisés en territoire gouvernemental et en territoire rebelle.

Avant le conflit, le commerce extérieur (voir commerce international) libérien était excédentaire : le minerai de fer, le bois et le caoutchouc assuraient 90 p. 100 des recettes d’exportation. Les importations consistent en produits énergétiques et en biens de consommation manufacturés, en provenance essentiellement des États-Unis et des pays de l’Union européenne.

Quelque 10 600 km de routes desservent le pays, dont 9 p. 100 sont recouverts de bitume. Le réseau ferroviaire, long de 493 km, qui servait à transporter le fer vers la côte, a été endommagé à la fin de l’année 1994 par les effets du conflit. Le Roberts International Airport, situé à l’est de Monrovia, n’est plus desservi que par la compagnie nationale. En 1990, environ 1 370 navires (au total 88,3 millions de tonneaux) naviguaient sous un pavillon de complaisance libérien.

5 HISTOIRE

Le peuplement de la région est ancien. Dès le Ier millénaire avant notre ère, la métallurgie du fer y est pratiquée par les habitants des forêts. Les Krous étaient probablement établis de longue date lorsque des Mandé du Sud se sont installés sur le territoire de l’actuel Liberia. Au XVe siècle, des Mandé du Nord, islamisés, arrivent du Haut-Niger et s’installent à l’ouest du pays.

À partir de 1461, les Portugais explorent la côte et créent des comptoirs commerciaux d’où ils exportent du poivre de Guinée (malaguette), de l’or, avant de se lancer dans le commerce des esclaves. La traite négrière se développe à partir du XVIIe siècle pour se poursuivre jusqu’au début du XIXe siècle.

5.1 La création du Liberia

En 1816 est créée l’American Colonization Society, une société philanthropique anglo-saxonne, dont le but est de favoriser le retour des victimes de la traite négrière sur le sol africain. Une première tentative d’installation des esclaves américains affranchis en Sierra Leone se solde par un échec. En 1821, la société obtient des chefs locaux des terres sur le cap Mesurado, à l’embouchure du fleuve Saint-Paul. La ville, bâtie par les premiers esclaves libérés, prend le nom de Monrovia, en l’honneur de James Monroe, cinquième président des États-Unis. D’autres colonies séparées s’établissent peu à peu sur la côte, malgré l’opposition croissante des populations autochtones qui se sentent exclues. En 1841, Joseph Jenkins Roberts devient le premier Noir gouverneur de Monrovia. Une Constitution inspirée de celle des États-Unis est rédigée, et le Liberia devient république indépendante en juillet 1847. Roberts, son premier président, gouverne jusqu’en 1856.

L’institution du suffrage censitaire devait permettre aux Américano-Libériens de dominer le pays politiquement durant un siècle. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, ils étendent leur influence sur l’intérieur du pays. Leurs revendications territoriales sont cependant contestées, non seulement par les populations autochtones, mais aussi par les États européens. Les pressions exercées par les États-Unis permettent la conclusion d’une série d’accords avec la Grande-Bretagne et la France entre 1892 et 1911, qui fixent les frontières actuelles. Toutefois, le contrôle des terres et des populations de l’intérieur ne devient effectif que dans les années quarante.

Des prêts américains et britanniques permettent au nouvel État de faire face aux difficultés financières. Le Liberia, en retour, déclare la guerre à l’Allemagne le 14 août 1917, procurant ainsi aux Alliés une base supplémentaire en Afrique occidentale. En 1926, la Firestone Tire and Rubber Company obtient du gouvernement libérien une concession pour une plantation d’hévéas de 400 000 ha. La production de caoutchouc devient rapidement la principale activité économique du pays. Mais cette prospérité est largement fondée sur le travail forcé imposé par les Américano-Libériens aux populations autochtones. Cette pratique, dénoncée par la Société des Nations (SDN), en 1931, provoque un scandale qui contraint le gouvernement à la démission. Dès 1936, le nouveau gouvernement interdit le travail forcé, mais les autochtones, privés du droit de vote, sont toujours traités comme des citoyens de seconde zone.

5.2 Le régime de Tubman

Élu en mai 1943, le président William Vacanarat Shadrach Tubman resserre les liens entre son pays et les États-Unis, qui utilisent le Liberia comme base militaire contre les puissances de l’Axe. Dès 1945, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Tubman tente de s’attirer les faveurs des Libériens autochtones en leur accordant le droit de vote. Il met en place un vaste programme de scolarisation pour tous, valorise l’exploitation de l’ensemble du territoire et lance un plan d’amélioration des infrastructures. Lors du scrutin présidentiel de mai 1951, si les propriétaires fonciers autochtones sont autorisés à voter, le régime Tubman interdit d’expression les partis de la Réforme et du Peuple uni dont les dirigeants, qui bénéficient du soutien des autochtones, sont arrêtés ou exilés. Tubman, candidat du parti majoritaire à dominante américano-libérienne, le True Whig Party, est réélu.

En 1958, une loi punissant la discrimination raciale est adoptée. Deux ans plus tard, le True Whig Party est consacré parti unique. La personnalité de Tubman va marquer l’histoire institutionnelle du Liberia pendant 20 ans, période pendant laquelle, grâce à des concessions offertes à des multinationales étrangères, notamment américaines et allemandes, pour exploiter les gisements de minerai de fer que recèle le pays, le Liberia va connaître la prospérité. En 1971, à la mort de Tubman, William Tolbert, vice-président du Liberia depuis 1951, lui succède.

5.3 Le régime de Doe

Le président Tolbert qui prend quelque distance avec les États-Unis pour faire entrer son pays dans la communauté africaine indépendante, fait porter ses efforts sur l’amélioration de la situation économique amorcée au début des années soixante-dix, et qui a pour effet d’accentuer le clivage entre la minorité des Américano-Libériens aisés et la majorité des autochtones, premières victimes de la crise économique. En 1979, des émeutes, provoquées par l’augmentation du prix du riz, éclatent. La répression qui s’ensuit fait plusieurs centaines de victimes. L’année suivante, les adversaires de Tolbert, enhardis par l’autorisation des partis d’opposition, tentent de le renverser. Leur meneur, Gabriel B. Matthews, ainsi qu’une douzaine d’autres insurgés, sont arrêtés. Mais le 12 avril 1980, le sergent-chef Samuel K. Doe, un Krahn, s’empare du pouvoir à l’issue d’un coup d’État sanglant. Ce changement de pouvoir subit donne lieu à un véritable bain de sang : le président Tolbert est éventré et ses plus proches collaborateurs sont exécutés et offerts à la vindicte populaire. Cette image sanguinaire va rester comme une marque indélébile apposée sur le régime de Doe. Ce putsch marque la fin du contrôle de l’État par la minorité américano-libérienne et son effacement provisoire de la scène politique.

Le sergent-chef Samuel K. Doe, qui s’octroie le grade de général, prend la tête d’un Conseil de la rédemption du peuple (People’s Redemption Council). Il suspend la Constitution, supprime les libertés politiques et s’attribue les pleins pouvoirs. Sous la pression des États-Unis, Samuel K. Doe, devenu général, consent à quelques gestes d’apaisement en promulguant une nouvelle Constitution en juillet 1984. Cependant, il muselle les partis d’opposition et manipule les résultats de l’élection présidentielle d’octobre 1985. Le régime est alors très clairement caractérisé par la corruption, la violation systématique des droits de l’homme, et ce dans un contexte diplomatique (tension des relations avec les États-Unis) et économique (chômage, inflation) des plus tendus.

5.4 La guerre civile

L’opposition au régime de Doe, de plus en plus vigoureuse, s’organise sous l’impulsion et l’autorité du chef de guerre Charles Taylor, à la tête du Front national patriotique du Liberia (National Patriotic Front of Liberia, NPFL). Amorcée depuis la région des monts Nimba en septembre 1989, la révolte gagne rapidement l’ensemble du pays, sans rencontrer d’opposition sérieuse de la part des forces armées, mais au prix de représailles contre les populations civiles. Très vite, les insurgés sont aux portes de Monrovia, mais des dissensions internes au NPFL empêchent Taylor de remporter la victoire décisive qui lui semble promise. Celles-ci proviennent, pour l’essentiel, d’un désaccord entre le chef de la rébellion et un de ses principaux lieutenants, Prince Johnson qui, à l’été 1990, fait sécession et entraîne avec lui un millier de partisans afin de fonder l’INPFL (Independent National Patriotic Front of Liberia).

L’envoi d’une force d’interposition, l’Ecomog, par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), afin de défendre Monrovia, d’instaurer un cessez-le-feu et de désarmer les factions rivales, ne parvient pas à arrêter les combats. En septembre 1990, Samuel K. Doe est capturé, torturé, puis assassiné par les partisans de Prince Johnson. À la fin de l’année, Charles Taylor contrôle 90 p. 100 du territoire libérien, à l’exception de la capitale. Malgré la pression internationale et les tentatives de mise en place d’une conférence de réconciliation nationale sous l’égide de la CEDEAO (1991), la situation n’évolue guère. En 1992, les forces de Charles Taylor engagent de nouveaux combats afin de prendre la capitale : l’échec de cette seconde bataille de Monrovia marque le début du déclin du NPFL qui doit à la fois faire face aux forces de l’Ecomog et à l’apparition de nouvelles factions menées par des chefs de guerre qui s’arrogent le contrôle de certaines portions du territoire. C’est le cas de l’ULIMO dont une première faction emmenée par Alhaji Kromah se désolidarise de celle fédérée par Roosevelt Johnson. En 1993, c’est l’enlisement, alors qu’aucune faction rebelle ne parvient à s’octroyer un avantage décisif par les armes.

L’embargo sur les armes décrété par l’ONU en juillet 1993 marque le début d’un long processus de négociations, entrecoupées par la reprise, plus ou moins intense, des combats. Au mois d’août 1995, l’accord de paix d’Abuja, le treizième depuis le début de la guerre civile, prévoit pour la première fois la participation de l’ensemble des chefs des factions rivales à un gouvernement d’union nationale. Il n’empêche pas la reprise de la guerre dès le mois d’avril 1996. Le 28 mai 1996, l’Ecomog reprend le contrôle de Monrovia, une ville morte, pillée par les combattants. La CEDEAO parvient à imposer l’organisation d’élections générales et le désarmement des factions. Tandis que le désarmement volontaire ne concerne de manière effective que le tiers des miliciens en armes, les factions se transforment en partis politiques et acceptent le processus électoral, moins par enthousiasme que par la prise de conscience de l’impasse dans laquelle la guerre civile a conduit le pays. En 1996, le bilan de la guerre s’élève à plus de 150 000 morts, 750 000 réfugiés, un million de personnes déplacées et le recours à des milliers d’enfants soldats.

5.5 La présidence de Charles Taylor (1997-2003)

Le 19 juillet 1997, Charles Taylor est élu président du Liberia avec 75 p. 100 des suffrages, tandis que son parti, le NPFL, remporte la majorité des sièges à l’Assemblée nationale. Si les nombreux observateurs étrangers venus contrôler la validité du scrutin le qualifient de « globalement libre et transparent «, le choix de Charles Taylor est apparu comme obligatoire aux yeux de nombre d’électeurs, pour lesquels sa défaite aurait signifié la reprise de la guerre. Malgré les horreurs de la guerre civile dont il a été l’initiateur, le président du Liberia bénéficie de la confiance des pays occidentaux. Ceux-ci voient en lui la seule personne capable de faire régner l’ordre dans un pays où l’exploitation des richesses (forêts, diamants) est, pour l’essentiel, à l’origine du conflit.

Soucieux d’attirer les investissements étrangers afin de reconstruire un pays en ruines, le président Taylor s’efforce de se donner une image d’homme de paix et de dialogue en nommant au gouvernement des dirigeants de factions rivales. Son régime est toutefois rapidement mis en cause tant sur le plan national, par des mouvements rebelles, qu’au niveau international. Un rapport des Nations unies sur les trafics de diamants et d’armes en Sierra Leone, où Charles Taylor soutient activement la rébellion sanglante du Front révolutionnaire uni (RUF), aboutit en 2001 à des sanctions économiques contre le Liberia — celles-ci sont renouvelées en 2002, puis en 2003.

En février 2002, Charles Taylor décrète l’état d’urgence alors que les rebelles du mouvement Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD) approchent de Monrovia, après avoir lancé l’assaut à partir de la frontière avec la Guinée et la Sierra Leone. L’armée loyaliste parvient à inverser le rapport de forces, mais les combats se poursuivent avec, aux côtés du LURD, l’émergence d’un nouveau groupe armé, le Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL). De plus en plus isolé sur le plan international, et militairement affaibli, le président libérien est inculpé en juin 2003 par un tribunal spécial des Nations unies pour sa responsabilité dans les crimes de guerre et contre l’humanité commis en Sierra Leone. Au mois d’août, les forces rebelles s’apprêtent à prendre Monrovia, au prix de combats très meurtriers. Sous les pressions internationales, en particulier américaines, Charles Taylor est acculé à la démission. Après avoir abandonné le pouvoir à son vice-président, Moses Blah, il quitte le Liberia et trouve asile au Nigeria.

5.6 Le processus de paix et l’élection d’Ellen Johnson-Sirleaf (2005- )

Lors des pourparlers de paix inter-libériens à Accra (Ghana), qui aboutissent à un accord global de paix le 18 août 2003, les mouvements rebelles et le gouvernement s’accordent à l’unanimité sur la nomination de l’homme d’affaires Gyude Bryant, considéré comme neutre dans le paysage politique libérien, pour diriger le futur gouvernement transitoire. Celui-ci est investi au mois d’octobre pour une période de transition de deux ans. Au même moment entre officiellement en fonction la mission des Nations unies au Liberia (MINUL), chargée du maintien de la paix et de la sécurisation du pays (par le désarmement et la démobilisation des miliciens des différents groupes). Conformément à l’accord de paix du 18 août 2003, des élections présidentielle et législatives se déroulent le 11 octobre 2005, mettant fin au régime de transition. Au terme d’une campagne essentiellement axée sur le thème de la réconciliation, le second tour du scrutin présidentiel (8 novembre) voit la victoire d’Ellen Johnson-Sirleaf, chef de file du Parti de l’unité (UP), avec 59,4 p. 100 des suffrages contre 40,6 p. 100 à son rival George Weah, ex-star du football à la tête du Congrès pour le changement démocratique (CDC), qui conteste la régularité du scrutin tout en appelant ses partisans à garder le calme. Ancienne ministre des Finances et fonctionnaire de la Banque mondiale, Ellen Johnson-Sirleaf devient ainsi la première présidente élue d’Afrique. Alors que le pays a vu ses finances placées sous tutelle des bailleurs de fonds internationaux dans le cadre d’un programme anti-corruption sur trois ans — connu sous le nom de Gemap (Governance Economic Management Assistance Program) —, elle entend pouvoir récupérer rapidement la gestion des ressources nationales. Ses priorités sont la résorption de la dette publique et la lutte contre la corruption endémique, qui doivent permettre le développement de l’investissement étranger, et, à plus court terme, le rétablissement de l’électricité et de l’eau courante dans la capitale et la scolarisation des enfants.

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