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La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?

Publié le 26/01/2005

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·         Le travailleur n'est pas libre d'agir comme il le souhaite, il doit obéir à des chefs, se conformer à un code du travail qui règle la vie sociale.  

2- Cependant, la nécessité de travailler oblige l'homme à dépasser sa condition :

·         Hegel : la dialectique du maître et de l'esclave montre que par le travail qu'il accomplit, l'esclave transcende sa condition et dépasse son maître. Symbole de réalisation personnelle et de libération. Kant : le travail est dans la nature de l'homme. De plus, il est une condition du progrès de l'humanité et de la libération des déterminismes naturels. La nature a bien fait les choses, l'homme doit développer ses propres talents. Le travail humanise le monde. Maîtrise de la nature et émancipation par rapport à elle.

Lorsqu'on évoque l'homme au travail, qu'il s'agisse de l'esclave de l'Antiquité ou de l'ouvrier moderne, on le conçoit comme soumis à un ensemble de contraintes et d'obligations qui paraissent peu compatibles avec l'exercice de sa liberté. S'agit-il là d'une simple impression, ne correspondant pas aux véritables relations entre la liberté de l'homme et le travail ? Ou, l'obligation de travailler limite-t-elle la liberté ?

« On connaît Nietzsche par ses attaques contre la religion et la morale, par son projet de création de nouvelles valeurs, mais on oublie souvent sacritique de la société de son temps, société du commerce, du travail, de cel'on nommera « culture de masse ».

Dans une optique strictement opposée au socialisme, méprisé par Nietzsche , il s'agit d'une dénonciation en règle du nivellement des valeurs, de la promotion de la médiocrité. « Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours sur la‘bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans les louangesadressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de toutce qui est individuel […] on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matinau soir - qu'un tel travail constitue la meilleure des polices. » NIETZSCHE comprend la société de son temps (mais la nôtre correspond à ses analyses) comme celle du culte de l'activité, du travail, du commerce.Derrière cette boulimie d'activité se cache toujours le même but : la sécurité« et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ». Or le danger, pour la foule, réside toujours dans l'individualité.

Le travail etson culte imposent une fatigue telle, une dépense d'énergie, si immense, quetoute cette force est soustraite « à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour, à la haine, il présence constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. » La sécurité, c'est la routine et le nivellement.

Le gaspillage des forces à des buts mesquins au lieu d'une pensée durisque.

Le monde moderne est l'anti « il faut vivre dangereusement ».

Le travail et le commerce imposent le manquede distinction entre les choses, les activités et les valeurs, l'incapacité à s'affirmer par soi-même et la nécessité detout juger selon autrui.

Or tout cela signifie refuser l'individu, l'individualité, tout ce qui est grand ou seulement soi-même. « On assiste aujourd'hui […] à l'apparition de la culture d'une société dont le commerce constitue l'âme tout autantque la rivalité individuelle chez les anciens Grecs et que la guerre, la victoire et le droit chez les Romains. » Les sociétés antiques étaient des sociétés antagonistes, polémiques, où l'on se battait pour s'affirmer, se faire valoircomme individualité.

Le monde moderne est un monde de commerçants et de travailleurs. Le commerçant est celui qui taxe « d'après les besoins du consommateur, non d'après ses propres besoins les plus personnels ».

Cela est d'autant plus dramatique que ce type d'estimation est appliqué à l'art et aux sciences, à la politique.

« A propos de tout ce qui se crée, il s'informe de l'offre et de la demande, afin de fixer pour lui-même la valeur d'une chose. » C'est abaisser toute création au rang de marchandise, tout fruit de la culture à celui d'objet de vente, toute réussite d'un individu à une valeur d'échange. Le travailleur est celui qui s'abêtit en gaspillant ses forces au lieu de se former lui-même, de devenir une œuvre Dès« Aurore », NIETZSCHE voyait le modèle de la société moderne dans la culture américaine, une non-culture en vérité, une « sauvagerie » dans l'aspiration à l'or et la frénésie au travail. Les textes sont on ne peut plus explicites et scandent la mort de la haute culture, de l'individu, de la méditation etde l'art. « On a maintenant honte du repos et on éprouverait presque un remords à méditer […] Car la vie, devenue chasseau gain, oblige l'esprit à s'épuiser sans trêve au jeu de dissimuler, duper […] la véritable vertu consiste maintenant àfaire une chose plus vite qu'une autre […] le goût de la joie s'appelle déjà ‘besoin de repos'. » (« Gai Savoir », $329). Le culte du travail et la valorisation de l'argent imposent une activité continuelle : on se détermine face à autrui ens'oubliant, et le loisir ne peut plus être ce qu'il signifiait pour les Grecs, « le temps libre », mais seulement l'indice de la nécessité du repos.

Nul rapport véritable à soi—même et encore moins aux autres n'est possible dans une tellesociété. Cette société est régie par la nécessité, cad par l'absence de distinction et de reconnaissance.

« On veut vivre et l'on doit se vendre, mais on méprise celui qui exploite cette situation inévitable et qui achète l'ouvrier. » Mais elle est surtout une incompréhension de ce qu'est le travail véritable, cad celui par lequel on se forme.

Pour leshommes modernes « le travail leur est un moyen, il a cessé d'être un but en lui-même ; aussi sont-ils peu difficiles dans leur choix, pourvu qu'ils aient de gros bénéfices […] Chasser l'ennui à tout prix est vulgaire, comme detravailler sans plaisir ». L'individu, par opposition à l'homme de la masse, est celui qui travaille par plaisir, cad qui peut s'imposer la plus dure,la plus pénible des activités, pourvu qu'elle représente une valeur à ses yeux, et qui refusera de travailler, quelleque soit la pression sociale, si la tâche à effectuer est indigne.

C'est celui qui sait endurer et travail et ennui pour. »

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