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La liberté de penser consiste t'elle pouvoir penser tout et n'importe quoi?

Publié le 16/03/2005

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Peut-on, en droit, définir cette liberté si fondamentale et si chère à l'individu, comme le pouvoir penser tout ce qu'on veut, indifféremment ? N'est-ce pas bien au contraire une négation de cette liberté de penser que d'en faire une simple capacité du « tout et n'importe quoi « ? N'est-ce pas dans la réflexion de la pensée sur elle-même que s'exprime le plus essentiellement notre liberté de penser ?  

  • Analyse du sujet : Une définition est proposée dont on demande de juger la validité : dans le domaine de la pensée, y a-t-il des limites, ou faut-il poser des limites ?
  • Conseils pratiques : Un sujet très ouvert qui peut se traiter à différents niveaux. Évitez de vous limiter au seul terrain de la philosophie politique et à la liberté de penser garantie par les « Droits de l'homme «.

Interrogez-vous sur ce que recèle l'expression « n'importe quoi «. Demandez-vous s'il n'y a pas, dans toute pensée, quelque chose d'obligatoire et de présupposé.

« · La description stoïcienne (Epictète, Manuel , « Pensées » 1 à 16) de la souffrance nous permet de comprendre comment l'idée de liberté de penser met en jeul'idée d'une coupure entre l'extérieur et l'intérieur, entre lepropre et l'étranger.

Avec eux, on s'aperçoit que si lesévénements et les choses ne dépendent pas de nous, lejugement que je porte sur elle dépend entièrement de nous.

Parconséquent, nous sommes les maîtres absolus de notre penséeet de nos jugements.

La liberté de penser peut donc se définircomme un dialogue de soi avec soi, dialogue qui peut tout à fait, puisque nous en sommes le guide et le maître, porter surtout et n'importe quoi (entendu comme tout ce qu'on veut,même). "Il n'y a qu'une route vers le bonheur, c'est de renonceraux choses qui ne dépendent pas de notre volonté..."ÉPICTÈTE Bien que la référence ne soit pas indiquée, le candidat quipossède une certaine culture philosophique aura reconnu iciune formulation stoïcienne.

Il s'agit précisément d'une citationd' Epictète (Entretiens, IV, 4, 39).

On peut cependant traiterce sujet alors même qu'on ignore tout de la philosophie desstoïciens.

Si les hommes n'atteignent pas le bonheur, c'est bien parce qu'ils ont des désirs multiples et que, parmi ceux-ci, nombreux sont ceux qui ne peuvent être satisfaits.

Il y ades choses, comme la santé ou la richesse, qui ne dépendent pas entièrement de notre volonté.

Savoir secontenter de ce qui est possible, serait alors la seule « route vers le bonheur ».C'est dans la quatrième partie du livre IV des Entretiens, dédiée « A ceux qui cherchent à mener une vie tranquille »,et sous le titre « Le labeur véritable » qu'Épictète déclare :« Il n'y a qu'une route vers le bonheur (que cela soit présent à ton esprit dès l'aurore, jour et nuit), c'est derenoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté, de croire qu'aucune d'elles n'est notre propriété, de lesabandonner toutes à la divinité, à la Fortune.

»Comme un leitmotiv revient sans cesse dans la philosophie stoïcienne l'impérieuse nécessité des distinctions : «S'instruire ? C'est apprendre à diviser les choses, en choses qui dépendent de nous, et en choses qui n'endépendent pas.

» Ce qui en grec ancien a le charme de l'assonance : ta eph êmin, ta ouk eph êmin ; ce qui dépendde nous, ce qui ne dépend pas de nous.Ce qui dépend de nous, c'est la volonté et les actes volontaires.

« Les dieux n'ont fait dépendre de nous que ce quiest supérieur à tout, ce qui domine tout, c'est-à-dire l'usage correct des représentations » (Épictète, Entretiens, I,1, 7).

Ce qui dépend de la volonté peut être un bien (vouloir supporter généreusement la mort de son fils) ou êtreun mal (vouloir se plaindre de la mort de son fils).

Vouloir l'un ou l'autre, cela est en notre pouvoir.

A partir de lareprésentation, il est possible de donner d'abord son assentiment (j'admets cette mort), puis de s'élever jusqu'à lacompréhension (de la loi universelle qui veut le cycle de vie et de mort).

On voit que ce qui dépend de nous, cesont nos actions, nos oeuvres propres, celles que nous accomplissons en conformité avec notre nature.

Etconnaître sa propre nature, pour l'homme, c'est reconnaître « qu'on n'est ni chair, ni os, ni nerfs, mais le principe quise sert de ces instruments, le principe qui, à la fois, gouverne et comprend les représentations » (Épictète,Entretiens, IV, 7).

Connaître sa propre nature, pour l'homme, c'est reconnaître qu'il y â en lui-même une facultécapable « d'avoir conscience d'elle-même, de sa nature, de son pouvoir, de la valeur qu'elle apporte en venant ennous », c'est reconnaître l'existence de la Raison (Entretiens, I, 1).Ce qui ne dépend pas de nous, ce sont le corps « et ses parties, les biens, les parents, les frères, les enfants, lapatrie et en général tous les membres de notre communauté » (Épictète, Entretiens, I, 22, 10).

Plus généralement,l'ensemble des événements, qui, comme le nom l'indique, sont extérieurs à nous-mêmes.

Les choses qui nedépendent pas de nous ne sont pas des biens.Cette distinction faite, il est possible de reconnaître les biens, les maux, et les choses indifférentes.

Les biens sontliés à l'utile : la réflexion, la justice, le courage, la sagesse.

Les maux sont liés au nuisible : l'irréflexion, l'injustice, lalâcheté, la folie.

Et puis, il y a des choses indifférentes, qui ne sont ni des biens ni des maux : la vie, la mort ; lasanté, la maladie ; la beauté, la laideur.

Elles ne servent ni ne nuisent par elles-mêmes, mais l'homme peut se servird'elles pour nuire ou pour être utile.

Elles peuvent donc apporter le malheur, ou le bonheur, selon l'usage qu'on enfait.A partir de là se développe toute la pratique de la philosophie morale stoïcienne, qui vise non pas tant à supprimer ledésir (qui est un mouvement de rapprochement, conforme à la nature), ou à supprimer l'aversion (qui est unmouvement d'éloignement, conforme à la nature), mais à déterminer correctement ce sur quoi porte ce mouvement.Désir et aversion ne doivent s'appliquer que sur ce qui dépend de nous ; sinon, nous allons désirer ce qui ne dépendpas de nous (la réputation, la richesse, le pouvoir) et haïr ce qui ne dépend pas de nous (la maladie, la mort, lapauvreté).

C'est à ce prix que l'on peut faire la conquête progressive de la liberté — le bien suprême —, du moins dela liberté intérieure, totalement affranchie des circonstances extérieures.Il y a donc un principe d'action, aisé à comprendre, et dont nous pouvons maintenant saisir toute la portée :« Renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté », principe qui est rappelé en tête de cet Entretien.Mais la leçon de philosophie, avec Épictète, est toujours très concrète, elle se nourrit d'exemples.

Celui qui estfourni, dans la suite du texte, est le suivant : « Aussi ne puis-je appeler travailleur celui dont j'entends direseulement qu'il lit ou qu'il écrit, même si l'on ajoute qu'il y passe des nuits entières.

». »

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