libertin, courant - littérature.
Publié le 28/04/2013
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(1611-1682), François Payot, sieur de Lignières (1628-1704), l’abbé de Choisy (1644-1724) qui, travesti en femme, prend les noms de Madame des Barres ou de Madame de Sancy, Guillaume Amfrye, hédoniste abbé de Chaulieu, ou encore Charles
Sorel.
Ce dernier, auteur d’une Histoire comique de Francion à la verve gaillarde, se fait plus audacieux et plus visible socialement, annonçant par là le courant libertin du siècle suivant.
Même s’ils se retrouvent sur certaines idées, notamment
l’affranchissement des mœurs, les libertins divergent sur beaucoup de points, proposant parfois des thèses extrêmes pour leurs contemporains — par exemple la négation de Dieu —, qui sont en partie exposées dans l’ouvrage anonyme Theofrastus
redivivus (v.
1660).
6 LE LIBERTINAGE DE MŒURS AU XVIII E SIÈCLE
À partir de la Régence qui succède au règne de Louis XIV, le libertinage de mœurs (liberté d’agir et d’aimer) connaît un essor important, alors que les Lumières reprennent l’héritage de la libre pensée.
C’est en effet surtout dans les mœurs
amoureuses que le libertinage se développe au XVIII e siècle, pour devenir un jeu érotique fondé sur la séduction.
La mise en scène de la conquête amoureuse, l’intellectualisation du plaisir et le rejet de toute contrainte morale caractérisent en effet les
pratiques des libertins de ce siècle.
La littérature porte naturellement la trace de ce fait de société.
Les œuvres dites libertines — essentiellement des romans ou des nouvelles — sont d’une grande variété : histoires légères et coquines, ou bien pornographiques, tantôt véhiculent-elles une véritable pensée philosophique, tantôt ne cherchent-elles
qu’à procurer un divertissement licencieux.
Cependant, selon certains critiques, la littérature libertine est « celle qui, utilisant des thèmes et une forme érotiques, les dépasse, dans le propos de l’écrivain comme dans la signification de l’œuvre, dans
une direction philosophique ou artistique » (Péter Tibor Nagy, Libertinage et Révolution, 1975).
Cette définition, plus restrictive, exclut par là-même tout écrit grivois, licencieux, érotique ou pornographique.
Quelques-uns des plus grands auteurs du XVIII e siècle s’y essayent : on doit à Voltaire des contes érotiques en vers, et à Denis Diderot des Bijoux indiscrets (1748).
Mais l’un des récits les plus représentatifs de la littérature libertine reste peut-être
Point de lendemain (1777) de Vivant Denon (1747-1825), puisqu’il présente un jeune homme naïf quoique sensuel (le narrateur, en fait le libertin en herbe) aux prises avec une femme plus mûre (la libertine), qui le séduit mais se joue de lui.
Cette
intrigue mettant en présence le libertin avec des êtres plus jeunes et inexpérimentés qu’il initie à son vice est en effet un des motifs favoris du genre : Crébillon fils utilise déjà ce schéma dans les Égarements du cœur et de l’esprit (1736) , qui est
encore repris dans les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos, chef-d’œuvre du roman libertin.
Dans ces romans, le libertinage est présenté telle une lutte, comme si la classe aristocratique désœuvrée du siècle des Lumières avait reporté dans
le domaine amoureux ses anciennes fonctions guerrières.
Parmi les auteurs importants du courant libertin figurent également Honoré Gabriel Riqueti, Comte de Mirabeau ( le Rideau levé ou l’Éducation de Laure, 1786), Nicolas Chorier (1712-1792, l’Académie des Dames ou les sept Entretiens galants d’Aloïsia,
1757) et Restif de la Bretonne ( l’Anti-Justine ou les Délices de l’amour, 1798).
Une autre œuvre majeure, anonyme (mais attribuée à Jean-Charles Gervaise de Latouche, 1717-1782), est l’Histoire de Dom Bougre, portier des Chartreux (1741).
Philosophe et libertin, le marquis de Sade (la Philosophie dans le boudoir) est pour sa part un auteur extrême, qui transfigure les motifs du libertinage pour en faire des récits fantasmatiques personnels.
Il apparaît en son siècle comme d’une
irréductible singularité, et son œuvre se situe à la fois au cœur du libertinage et bien au-delà de lui.
7 QUELQUES ŒUVRES LIBERTINES DU XVIII E SIÈCLE
Parmi les autres œuvres libertines du XVIII e siècle figurent les romans galants de Charles Pinot Duclos (1704-1772 ; les Confessions du comte de***, 1741 ; Acajou et Zirphile, 1761), Claude Godard d’Aucour (1716-1795 ; Thémidor ou Mon histoire et
celle de ma maîtresse, 1745), l’abbé Voisenon (1708-1775 ; le Sultan Misapouf, 1746), les romans cyniques (l’expression est de Henri Coulet) de Claude Villaret (1716-1766 ; la Belle Allemande ou les Galanteries de Thérèse, 1776), Gimat de
Bonneval (1711-1783 ; la Fanfiche ou les Mémoires de mademoiselle de***, 1748), Paul Baret (1728-1795 ; Mademoiselle Javotte, ouvrage moral écrit par elle même et publié par une de ses amies, 1758), Louis-Charles Fougeret de Monbron (1706-
1760 ; Margot la Ravaudeuse, 1748-1750), mais aussi les œuvres de Jean-Baptiste Boyer d’Argens (1704-1771, probable auteur de Thérèse philosophe ou Mémoires pour servir à l’histoire du Père Dirrag et de Mademoiselle Éradice, 1748), François-
Antoine Chevrier (1721-1762 ; le Colporteur, 1761), Jacques Rochette de La Morlière (1719-1785 ; Angola, Histoire indienne, 1746), Claude-Joseph Dorat (1734-1780 ; les Malheurs de l’inconstance, 1772), Andréa de Nerciat (1739-1800 ; Félicia ou
Mes fredaines, 1775), ainsi que nombreux ouvrages anonymes.
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