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Littérature anglaise

Publié le 30/11/2011

Extrait du document

 

La poésie de T.-S. Eliot vient d'être rééditée en édition bilingue par le Seuil. La traduction est de Pierre Leyris. C'est dire qu'elle convient fort bien, par le verbe et le rythme, à l'originale qu'elle n'habille pas, n'explique pas mais découvre pas à pas, vers par vers, dans la splendeur un peu glacée d'un texte qui reste toujours dans les hauteurs. Eliot n'est pas un écrivain disert et son oeuvre complète ne prétend pas au nombre; il n'a pas habitue ses admirateurs à la faconde. Ce serait plutôt un poète muet. Volonté de rester à distance du public ou, plus encore, volonté toujours remise en cause d'une perfection, d'un ajustement qui ne peuvent s'accomplir que dans la rareté. « Poésie, dit Pierre Leyris, strictement nécessaire, parcimonieusement sécrétée (à raison d'un poème ou deux par an, certaines années restant muettes) par un destin jalousement économe d'expression lyrique«. L'ensemble de l'ouvrage dont le seul titre est Poésie s'étend des Premiers poèmes, écrits et publiés entre 1910 et 1920, aux quatre chants admirables des Quatre quatuors (1936-1942).

« vécue, qui était-il en fin de compte? Et Siniavski, marchant dans les sentiers du Doubrovlag, s'inter­ roge sur son héros.

Pouchkine est- il l'inventeur du roman russe et de la nouvelle ? Fut-il frivole et volontiers paillard, avait-il cet art suprêmement envié par les hommes de séduire toutes les femmes, sans qu'aucune osât refuser? Fut-il un versifica­ teur dont la principale vertu était d'écrire des vers entièrement vidés du moindre sens, « mais d'un vide aussi indispensable que l'air au feu » ; fut-il l'inventeur de la banalité en littérature, mais aussi celui qui a porté l'art radin du détail jusqu'aux dimensions de J'épopée ? Faut -il voir en lui Je pre­ mier écrivain russe a avoir eu, non des états de ser­ vice , mais une biographie ? Gogol l'appelait « le poète en soi •· Il aura it été Je tzar des lettres, l'ascè­ te de la pureté littéraire , Je Byron de Saint- Péters ­ bourg ...

Les questions se multiplient dans les notes de Siniavski ; elles ont trait à des idées toutes fai­ tes , à la tradition, à l'habitude ; elles sont aussi prise dans Je ferment de la réalité.

Mais, en fait, il ne s'agit pas tant de Pouchkine, devenu ici Je point de départ d'une réflexion sur l'homme, sur l'art, sur le destin, sur les rapports des êtres , sur la vérité, sur le courage.

Pouchkine aide Siniavski à se retrouver dans le labyrinthe où il est perdu.

Tout autre écri­ vain aurait peut-être fait aussi affaire.

Et c'est ce qui est bien étrange , ce lien qui se crée entre les deux hommes , dans les conditions d'une histoire tellement différente.

Dans une lettre à son traducteur, Siniavski écrit: « Ce livre tout entier a été conçu comme une suite à ma dernière déclaration lors de mon procès.

Pen­ dant ce procès , on m'a pressé, interrompu , on ne m 'a pas laissé parler.

Aussitôt arrivé au camp , je m'empressai de dire , et jusqu'au bout pour parler avec emphase , pourquoi j'était prêt à mourir.

C'est ainsi que ces notes ont vu le jour .

Pouchkine était un pretexte ; il m'était · seulement plus facile de marcher avec lui, « bras-dessus-bras-dessous ».

Je ne pensais évidemment pas que ce livre serait publié.

Tout m'était indifférent.

Le sérieux de mes propos sur l'art pur m'était dicté par les nécessités d'une dernière confession.

Tout de même, avant l'exécu­ tion , on ne peut pas éternellement plaisanter, ironi­ ser ; il faut bien qu'on prononce son monologue et qu 'on dise sa foie et ses raisons.

Ce qui fut fait».

L 'étonnant, c'est que cette confession est aussi un ouvrage éclairant sur Pouchkine , puisque c'est aussi de lui qu' il s'agit.

Comme si l'homme avait besoin parfois d'une certaine conjoncture pour découvrir, dans un monde trop connu, le secret qui lui avait échappé .

Littérature américaine Toute une part d'ombre de la littérature améri­ caine est abordée avec parfois, peut-être une ten- dance à chercher trop volontiers pour trouver ce qu'on cherche , par Georges -Michel Sarotte dans l'ouvrage qu 'il publie chez Flammarion sur l'ho ­ mosexualite dans les œuvres importantes parues aux États-Unis depuis longtemps, puisque les romans de Fénimore Cooper sont également abor­ dés par l'auteur (Comme un frère comme un amant ...

).

Le sujet a longtemps été tabou, c'est sûr : et il a fallu attendre le Beat generation pour qu'il apparaisse enfin au grand jour , mais il paraît bien qu ' il est s.ous-jacent à la plupart des courants litté­ raires américains , comme témoignage en liaison avec les conditions de formation du pays et les rap ­ ports existant entre les hommes et les femmes à l 'intérieur de la société.

Si Je puritanisme américain est une évidence, il n'est pas moins certain que J 'Amérique a aimé se donner d'elle une image viri­ le : celle des pionniers, des chercheurs d'or, des cow-boys, des policiers invincibles et des soldats des deux guerres mondiales.

Le scandale de ceux qui n'étaient pas « normaux » les rejetait au ban de la société.

On voit très bien cela dans le roman de Sherwood Anderson, Tempête à Washington dont le personnage central, soupçonné, est la proie d'une hostilité telle qu' il en est réduit à se suicider.

Geor­ ges -Michel Sarotte, qui tient bien sa thèse en mains, se lance alors dans une démonstration assez remarquable au cours de laquelle , prenant en fais­ ceau tout ce qui compte dans l'histoire littéraire américaine , il se plaît à y chercher les preuves nécessaires à sa demonstration.

Et il ne s'agit pas d'écrivains comme Truman Capote, Gore Vidal ou d 'autres, mais de Cooper, comme on l' a dit, de Mel ­ ville, de London, etc.

Les aventures des « beaux marins » de Melville seraient assez exemplaires et tradu iraient , sous le couvert de l' allégorie, des faits qui ne feraient aucun doute.

La camaraderie de la mer, comme celle des pionniers et des Indiens de Fenimore Cooper, comme celle des soldats, n'est pas un thème sans sous-entendus .

Ce que raconte Hemingway de Fitzgerald dans Paris est une jëte , ne laisse aucun doute sur les penchants de l' au­ teur.

Sarotte remarque qu'il y a, dans les œuvres des écrivains de l'entre-deux-guerres, comme Hemingway , une attirance marquée pour le sport , l 'alcool et les femmes.

On voit cela avec les cow­ boys.

Les femmes remplacent la femme.

Ce qui n'est pas une preuve de maturité et serait , beaucoup plus , la démonstration d'une misogynie latente, en rapport peut-ère avec l'idée de la femme dévoreuse, de la femme -dragon et tyran domestique.

La mère abusive domine cette triste épopée qui se résorbe dans la mort , dans l'imaginaire ou dans une ~sie baroque et luxuriante dont les clés peuvent echap­ per aux non-initiés .

Les clés sont peut-être trop nombreuses ici, comme il arrive dans un conte des Mille et une nuits ; elles n'en ouvrent pas moins quelques portes jusqu'ici interdites.. »

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