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La littérature française depuis 1850 : Le théâtre moderne De 1850 à 1900. -Du Théâtre libre au Vieux-Colombier. Du Vieux-Colombier à la seconde guerre mondiale

Publié le 20/11/2011

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Les bouleversements économiques, politiques et sociaux de la Révolution et des années suivantes ont donné à la France de 1820 un visage transformé : une réalité sociale nouvelle appelle de nouvelles formes artistiques. Le drame romantique laisse très vite apparaître les limites de son originalité. Esthétiques ancienne ct nouvelle se rejoignant dans le même idéalisme ne se distinguent que par la manière de « déguiser « la vérité. « Le carnaval de la nature continue « (1). On reprend donc les traditions classiques en les assaisonnant au goût du jour. La tragédie sc range sous le signe de la vérité historique, la comédie est fille de Diderot, le peuple rit au vaudeville ct pleure au mélodrame du Boulevard.

« théâtre descend dans les salons, mais les salons aussi montent sur scène pour y jouer leur comédie.

Grand manège que fait tour­ ner la musique d'Offenbach.

Théâtre de divertissement, comédie de mœurs, certains participent de l'un et de l'autre.

Chez PAILLERON (1843-1899) (Le Monde où l'on s'ennuie, 1881) l'étude des mœurs est enjouée, elle prend une teinte mondaine et sentimentale.

Jusque dans ses vaudevilles (Les Ganaches, 1862; La Fa­ mille Benoiton, 1865; Nos intimes) Victo­ rien SARDou (1831-1908) ébauche un tableau de la société contemporaine.

Il voit les grands problèmes qui se posent, mais se contente de les effleurer .

Ses drames histo­ riques (Patrie, 1869; Madame Sans-Gêne, 1893) ne se fixent pas davantage sur les mœurs du passé.

Pour Sardou, l'hi~toire est spectacle et plutôt que l'histoire il .cherche l'anecdote qui satisfait le goftt du public pour les petits côtés des grands Hommes ou des grandes Epoques.

Madame Sans­ Gêne en est le brillant exemple.

Il sacrifie la vraisemblance à l'effet et au détail plai­ sant, comme il la sacrifiera à l'idéologie gouvernementale.

Moyen de plaire, moyen de parvenir, il reste du théâtre de Sardou un métier sftr, une technique sans défaut comme sans génie.

D'autres à sa suite cherchent dans l'his­ toire leur matière, mais l'exaltation de sen­ timents généreux appelle sa forme : le vers romantique.

Henri de BoRNIER chante La Fille de Roland (1871) - François CoPPÉE Pour la Couronne (1895); vers traditionnel encore chez Jean RICHEPIN Le Flibustier (1888), Le Chemineau (1897), chez Catulle MENDÈS La Reine Fiaminette.

La comédie de mœurs.

La peinture des mœurs contemporaines liée à la responsabilité sociale de la haute bourgeoisie règne en maîtresse sur la scène d'Augier et de Dumas.

L'inventaire de la société prend la rigueur et la cohérence d'un système.

Emile AuGIER (1820-1889), disciple dans ses premières œuvres (La Ciguë, 1844, pastiche en vers de l'antique; l'Aventurière, 1848; Gabrielle, 1849) du sage et classique PoNSART, représente au théâtre l'esprit de la révolution de 48.

Il soumet au critère du bon sens une vie sentimentale sauvée des orages romantiques et placée sous le signe de l'Ordre ct de la Famille.

Mais l'éloge des vertus bourgeoises ne rend pas compte d'une société où l'amour de l'argent, du pou­ voir, du plaisir, l'ambition, le désir de pa­ raître, introduisent le désordre jusque dans la cellule familiale.

Dès 1852, l'éloge de la vertu disparait du théâtre d'Augier comme de la société qu'il dépeint.

Dégénérescence de l'aristocratie coupée des sources de ri­ chesse, vanité du bourgeois nouveau-riche (Le gendre de Monsieur Poirier, 1854); fa­ milles menacées par l'Argent (Ceinture Do­ rée, 1855; Maître Guérin, 1863), la vanité d'une coquette (Les Lionnes pauvres, 1858), les intrigues d'une courtisane (Le Mariage d'Olympe, 1855), la question des enfants naturels (Les Fourchambault, 1878) ou du divorce (Madame Caverlet, 1876), telle sera la matière d'une œuvre qui fait même place à la satire politique d'actualité (Les effron­ tés, 1861; Les fils de Giboyer, 1862).

Augier sc préoccupe peu de l'art.

Son style est sans éléganr.c; ses intrigues sans originalité four­ nissent un canevas uniforme à différentes analyses.

Le grand, l'unique critère c'est le métier, condition de l'efficacité sociale.

La création dramatique, chez Augier, comme chez Dumas et Sardou, s'appuie sur une série de recettes et de formules définissant une technique du théâtre .

Scribe en a montré l'exemple, le critique Sarcey le ratifie.

Entre le dramaturge et la vie, un cadre conven­ tionnel dresse un rempart.

Une réalité litté­ raire, créée par une forme préexistante, s'écarte de la réalité objective.

Plus pro­ fond encore le divorce chez Alexandre DuMAS fils (1824-1895) qui n'hérite de son père que l'enthousiasme et oppose à son romantisme excessif une excessive austérité.

Etranger au demi-monde où l'introduit sa naissance, il entreprend de réformer des mœurs qu'il réprouve.

Moraliste par réaction, il fait de la littérature comme on exerce un apostolat, prenant la scène pour chail'e.

Lors même que ses pièces s'enracinent dans une biographie, il remplace les références vécues par des références littéraires ou mo­ rales .

Le Demi-Monde (1855), Le Fils naturel (1858), Le Père prodigue (1859) ne l'enga­ gent pas plus personnellement que La ques­ tion d'Argent (1857), ou Denise (1885).

!ais sa fougue l'entraîne si loin qu'il oublie les impératifs du théâtre.

L'abstrait envahit la pièce et ne s'incarne qu'imparfaitement.

La thèse refoule la peinture de mœurs.

Dans Les Idées de illadame Aubray (1867) préci­ sément, dans La Femme de Claude (1873), dans L'Etrangère (1876) un auteur-démiurge tire les ficelles de personnages dont l'exis­ tence se réduit aux idées abstraites qu'ils. »

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