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La Littérature malgache

Publié le 23/10/2011

Extrait du document

Il existe d'autres formes de poésie que les halnteni et les passages qui coupent la narration de contes. Le choeur des femmes intervient, par des mélopées, lors des a.ppels aux esprits pendant les processions de palladiums - qu'il s'agisse du protecteur d'un village ou d'une tribu -, durant les promenades solennelles du souverain ou des reliques royales, A l'occasion des circoncisions, principales phases rituelles de la vie.

« éviter.

Ces fictions ne justifient pas les cou­ tumes et les usages par un raisonnement abstrait, mais par la narration plaisante et vivante de précédents.

La récitation de tels exemples intervient jusque dans le règlement des litiges devant l'assemblée villageoise.

Les récits qui transmettent ces modèles les situent en dehors du temps, en une pé­ riode où dieux, déesses, esprits et génies organisaient le monde et l'humanité, où il n'y avait pas encore de limite entre les hommes et le reste de la nature.

Ainsi, des lignées royales attribuent leur pouvoir à une décision d'un dieu patriarcal, quand elles ne prétendent pas descendre de cette divinité.

Là où les familles paternelle et maternelle forment des groupes complémen­ taires, le même dieu favorise les hommes, tandis que la déesse terre, associée aux naiades et aux esprits de la vie, protège les femmes et défend leur droit.

Une telle my­ thologie ne serait justifiée ni dans l'Est, où la règle impose d'épouser sa cousine, ni chez les habitants du Sud-Ouest, où les unions conjugales associent les terriens des rivages aux piroguiers vezo.

Ceux-ci vivent exclu­ sivement des produits de la mer qu'ils con­ somment, ou vendent, ou, surtout, échan­ gent avec les habitants de l'intérieur.

Que représenterait pour eux un dieu pasteur et solaire imaginé comme un souverain? Car ces marins n'ont jamais été vraiment soumis à un roi.

Ici, des divinités océanes, imagi­ nées comme de grands oiseaux marins, rem­ placent les esprits qui vivifient savanes, champs et forêts, tandis que des ondines hantent les eaux salées, suppléant les naJa­ des des étangs, des lacs et des rivières.

Dans l'ensemble de Madagascar, la pré­ sence d'un héros associe des thèmes variés en une sorte de cycle dont il est le person­ nage essentiel.

L'un de ces héros, Zatouvou, créé par la terre et par les esprits de la vie, provoqué par le dieu solaire, parvient à capturer la fille de ce dernier, unissant ainsi deux catégories de puissances surhumaines.

lbounia est le héros des Mérnes du Centre, correspondant à Zatouvou.

A la suite d'une révélation, d'un vœu et d'épreuves, les gé­ nies des arbres ont accordé lbounia comme fils à un couple stérile.

Ce n'est pas un dieu qui le défie, mais un personnage qui sym­ bolise la puissance magique.

lbounia, sur lequel veillent les puissances de la vie, écrase son adversaire.

Un motif, qui n'exis­ tait pas dans le cycle de Zatouvou, parait dans celui d'lbounia : doué d'une puissance surhumaine, le héros viole usages et règles.

Une telle mythologie se transforme et se diversifie selon les écoles de conteurs, car elle n'est ni fixée par des croyance précises, ni associée à un rite déterminé.

Que le dieu céleste et solaire garde toujours les mêmes caractères dans d'autres récits se comprend car il est imaginé comme un patriarche ou un prince.

Tout Malgache , selon son clan, sa tribu, le lieu où il demeure, les endroits où il passe, les circonstances de sa vie, est sou­ mis à des interdits.

Le caractère flou et con­ fus de traditions multiples correspond à l'abondance de légendes concernant l'origine des prohibitions.

Certains récits proposent des explications d'aspect rationnel, tandis que d'autres affirment le fait, sans justification.

D'autres encore associent l'origine des in­ terdits aux dieux et aux génies, l'incorpo­ rant dans le cycle de Zatouvou.

Un thème répandu dans toute l'Ile assure que la malice et la ruse intelligente sont supérieures à la force brutale.

L'enfant fai­ ble, mais malin, échappe toujours à l'ogre ou au monstre.

Que ce monstre soit imaginé comme un être humain ou une hydre gigan­ tesque, l'adolescent doué hérite de ses ri­ chesses.

Parfois, il lui ouvre le ventre et ramène à la lumière - et en vie! -les adultes puissants qui ont été dévorés.

Il devient alors leur chef.

Les narrateurs, quand ils mettent en jeu plusieurs frères, attri­ buent au cadet la vivacité d'esprit.

Le motif de conte devient : le dernier né qui venge ses ainés.

Un thème analogue au précédent est celui qui montre un homme Infirme ou disgracié rivalisant avec le dieu céleste.

Par son Intelligence, le malheureux arrache à la divinité à la fois la richesse et sa transfor­ mation en un être normal.

De telles légendes se mêlent parfois aux généalogies familiales qui sont l'armature de vagues traditions his­ toriques.

Chroniques et mémentos écrits Les hommes de trois groupes du Sud de la Côte Orientale : les Antanousi, les An­ temourou et les Antambaok ne soumettent pas leurs chroniques légendaires aux risques de la transmission orale.

Depuis le XI~ ou le xv• siècle, ils les conflent à des manus­ crits écrits en caractères arabes.

Le souve­ nir d'anciennes navigations à travers l'Océan s'y mêle aux contes vraiment malgaches.

Le caractère sacré de ces documents oblige les chefs qui en sont dépositaires à réserver leur. »

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