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LA LITTÉRATURE NEERLANDAISE DE BELGIQUE

Publié le 22/10/2011

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belgique

On eût souhaité que le Siècle d'Or hollandais eût pu faire naître, en Flandre, un Siècle d'Or correspondant, et donc flamand, ne fût-ce que sur le plan littéraire, à l'instar de ce qui allait se réaliser dans les arts plastiques. Il n'en a, malheureusement, rien été. Coupé politiquement du Nord, aux prises avec des difficultés sans nombre en matière de commerce, d'économie et d'enseignement, le Sud ne pouvait que réagir faiblement à ce qui se passait, au point de vue littéraire, dans la jeune République des « stathouders «

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« une question qui doit encore être étudiée dans le détail, avant tout par l'historien de la littérature comparée.

Cependant, on peut déjà tenir pour acquis que c'est par les « marches romanes », françaises ou simplement franci­ sées, des fiefs féodaux bilingues, que l'influence de la littérature française a dft se faire sentir dans la direction du nord, et ce d'une manière de plus en plus profonde, à mesure que le Moyen Age flamand subira l'emprise des ducs de Bourgogne, plus tard celle de Charles­ Quint.

A quelques exceptions près, l'influence fran­ çaise est indéniable en Flandre, au cours du xn• et du x1n• siècle; c'est le cas, aussi bien pour la poésie lyrique que pour la poésie épique d'inspiration profane; quant à la litté­ rature dramatique, à ses débuts de caractère liturgique, et à la littérature d'inspiration reli­ gieuse, soit ascétique, soit mystique, elles attestent l'influence d'œuvres plus anciennes ou contemporaines écrites en latin, bien qu'ici aussi l'influence française ne soit pas négli­ geable.

Un bref coup d'œil sur quelques noms et quelques ouvrages peut nous en convaincre.

Nous avons déjà cité Hendrik van VELDEKE.

Il n'est pas possible, compte tenu de l'esprit et de la structure de son œuvre, que Hendrik van Veldeke n'ait connu l'ascendance de la poésie courtoise, tant épique que lyrique, des trouvères du nord de la France, ainsi que des trouvères dit belges.

Il leur a emprunté leur code d'amour, la mesure courtoise, tout en y mettant quelque chose de bien à lui : un sen­ timent de la nature, jeune et frais; une expé­ rience sensible et sensuelle; une certaine ma­ nière de se servir de ce qu'on peut déjà appeler l'ironie romantique, assez rare parmi ses col­ lègues allemands du Minnesangs Frühling.

Un fait littéraire important : lui et ses confrères allemands, on les trouve, côte à côte, dans le manuscrit fameux de la famille 1\lanesse, con­ servé à l'université de Heidelberg; il y figure avec ses poèmes écrits d'abord en moyen néer­ landais, mais ici transposés en moyen haut allemand, en quelque sorte annexé par la littérature allemande.

Hendrik van Veldeke s'avère être, au xn• siècle, un écrivain fort attachant, très mosan, lotharingien, occidental, faisant fonction d'intermédiaire entre la litté­ rature française et la littérature allemande de l'époque.

Point n'est besoin, après le livre de J.

Flinn, Le Roman de Renart dans la littérature fran­ çaise et dans les littératures étrangères au Moyen Age (1963), d'insister outre mesure sur ce que doit Willem, l'auteur présumé du Ro­ man de Renart (Van den Vos Reinaerde) en moyen néerlandais, aux branches françaises, surtout à la première, Li Plaid de Perrot de Saint-Cloud.

Au XIII 0 siècle s'affirme, au centre de la carte littéraire du Moyen Age thiois, la per­ sonnalité brabançonne de Hadewych.

HADEWYCH est une poétesse mystique - outre sa poésie, elle nous laissa des lettres et des visions - qui, en tant que femme, âme sainte et écrivain, a pu, conjointement, faire de son expérience mystique une expé­ rience littéraire, esthétique.

Elle représente un cas unique dans la littérature religieuse d'inspiration mystique en Occident, bien qu'elle doive aussi beaucoup aux trouvères français, ainsi qu'aux trouvères dits belges.

Cette figure géniale dans le domaine de l'expérience mys­ tique de caractère courtois, tantôt ascétique, tantôt mystique, tantôt extatique, élève spiri­ tuelle de Hugo de Saint-Victor, Richard de Saint-Victor, Guillaume de Saint-Thierry et de saint Bernard, n'a en effet pas dédaigné emprunter à la poésie française plus d'un élé­ ment de l'art de faire des vers; on ne peut concevoir son originalité dans le cadre de la littérature au XIII" siècle, sans tenir compte de ses affinités, d'une part, avec la spiritualité du nord de la France, d'autre part, avec la littérature courtoise en langue d'oïl.

Pas plus que Hadewych, Jacob van MAER­ LANT - de son vrai nom, du moins on le présume, Jacob de Coster, originaire de Maer­ lant, près de Bruges - n'a échappé, surtout à ses débuts, courtois, comme il les appelle « wallons », c'est-à-dire influencés par la poésie épique française, à l'emprise du sud et de l'ouest.

Néanmoins, il a été considéré d'emblée comme étant « le père de tous les poètes de langue thioise ».

En ce qui con­ cerne le Moyen Age, la formule n'est certaine­ ment pas tout à fait inexacte.

Quoi qu'on puisse en penser, Jacob van Maerlant s'impose au XIII• siècle par l'ampleur et la diversité de son œuvre, son passage si caractéristique de la littérature courtoise, donc d'imagination, qu'il considère comme étant fausse et « wallonne » ou française, à la littérature scientifique, donc didactique; il est un écrivain de transition, certes, mais dont l'œuvre représente une synthèse de l'épo­ que; répondant à l'aspiration du tiers-état à la démocratie bourgeoise, en même temps au savoir, il introduit dans la littérature néerlan­ daise du Moyen Age finissant non seulement le sens critique, mais l'esprit du libre examen, le sens pragmatique de ce qui, selon lui, est utile et vrai.

Comme partout ailleurs dans les littératures occidentales, les xiv• et xv• siècles constituent une période de décadence pour la poésie épi­ que, profane et religieuse, ainsi que pour 19.

poésie lyrique, celle des rhétoriqueurs; on tâtonne, on recherche des formes nouvelles, donc une nouvelle conception de la beauté littéraire.. »

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