Devoir de Philosophie

Les livres, films, pièces de théâtre comiques ont souvent la faveur du public. Comment l'expliquez-vous? Les oeuvres comiques ont-elles selon vous autant d'intérêt que les oeuvres dites sérieuses? Vous justifierez votre opinion à l'aide d'exemples précis.

Publié le 12/02/2011

Extrait du document

«Les hommes ont besoin du rire, parce que le rire détend, désarme, relie», écrit Claude Roy, rappelant ainsi le rôle essentiel du rire pour les êtres humains, les seuls qui — de tous les animaux — sachent rire, comme Bergson l'a rappelé.

« — comique attaque mœurs (Molière, Turcaret de Lesage...), caractères (Marivaux, Molière), société {Contes deVoltaire), l'homme et sa condition (Ionesco);— il prend une position politique (Figaro, Rabelais...); — burlesque ou baroque, traditionnel, farcesque ou ironique, il est très souvent satire (Aristophane, Plaute, Farcede Maître Pathelin...). • C'est alors qu'il devient gênant, à la fois parce qu'il semble prendre la place des œuvres dites sérieuses et parcequ'on lui en veut de traiter en riant ce qui est sérieux (reproches de Boileau à Molière). • On le juge enfin hybride, contradictoire, parce qu'il double dramatique et tragique, reposant fréquemment sur latristesse : «Cette mâle gaieté si triste et si profonde, Que lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer» (jugement de Mussetsur Molière). Ainsi l'incohérence cocasse de Ionesco dans Les Chaises ou dans Amédée ou comment s'en débarrasser...

frise letragique; derrière la bouffonnerie grotesque de Monsieur de Pourceaugnac (Molière) est présente l'âpre té satirique. • «On dirait que l'auteur se hâte de railler le danger par crainte d'être saisi de terreur» (J.

Gautreau). II.

Pourtant les livres, films, pièces de théâtre comiques ont souvent la faveur du public. • « Rire est le propre de l'homme » avertit Rabelais au début de Gargantua. • Il est en contradiction avec Chateaubriand qui affirme que le chant naturel de l'homme est triste... • ...

avec l'évolution même des mots qui, partis d'un sens général, se stabilisent souvent sur celui qui est le plussombre (facinus, latin = d'abord «acte bon ou mauvais», mais le plus souvent «acte mauvais, crime»). • Peut-être finalement le comique est-il plus évolué que la tristesse? En serait-il plus profitable? • Mais pourquoi tant de lecteurs/spectateurs réclament-ils «du comique»? • C'est que le comique est d'abord une défense :— contre la grisaille de la vie; la peur de soi; la peur de la condition humaine, — contre la peur d'autrui (c'est une forme d'attaque). • C'est un masque d'une part et il détend d'autre part.

Quand on rit, on ne pense pas, mais c'est plus et moinsqu'une évasion.

Notion de temps (plus bref) et de protection derrière quelque chose qui n'est pas entièrement soi.Même la contrepèterie ou le jeu de mots peut alors jouer ce rôle (farce, show de Collaro...). • C'est un inattendu dans l'existence, un moment qui éclate, une dissonance, donc un soulagement.

Jeux de scèneà la guignol ou à la Maître Pathelin, inattendus et effets de chute verbale de certains sketches de De vos. • C'est aussi une défense au niveau de la relation au groupe. Ce qu'il y a de comique, ce sont les autres, jamais soi.

Détachement par rapport au personnage comique considérécomme une chose : Scapin. • Pour Bergson, le rire est vengeance de l'esprit, de la vie, de la liberté; il voit dans le personnage comique du«mécanique plaqué sur du vivant». • Aussi le personnage comique est-il souvent dans des situations très ordinaires, avec des activités socialesquotidiennes et banales, ce qui permet de projeter les siennes propres sur lui, et de s'en délivrer quelques minutes :Figaro. • D'ailleurs rechercher le comique, c'est rechercher un défoulement.

Abandon provisoire des tabous. • Laisser-aller, extériorisation, nécessité de cette trêve au milieu de la législation moralisatrice de la vie en société,de ses interdits et de ses contraintes. • Le livre ou le spectacle comiques rejoignent là le jeu, la fête.

D'ailleurs étymologiquement comédie = fête duvillage.

Cf.

dans le Songe d'une Nuit d'été de Shakespeare.

Cf.

le peuple athénien venant applaudir Aristophane etses pièces (Les Oiseaux, Les Grenouilles...). »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles