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Lois naturelles, lois scientifiques, lois sociales, loismorales : le mot « loi » a-t-il toujours le même sens ?

Publié le 05/02/2004

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La connaissance de la loi fut approfondie par la prise de conscience de sa nécessité. Au stade auquel nous sommes arrivés, l'homme fait dépendre les lois naturelles d'une libre disposition de la divinité : celle-ci aurait pu, pense-t-il, établir que le froid fait évaporer l'eau tandis que la chaleur la congèle. De cette idée il reste peut-être quelque chose chez les croyants un peu simples. L'extension de la culture scientifique l'éliminera radicalement.Le physicien et le chimiste, en effet, établissent que les propriétés de la matière dépendent de sa constitution et non d'un pouvoir qui s'y ajouterait par décision de Dieu. Etant donnée sa nature, la glace ne peut pas ne pas se liquéfier sous l'action de la chaleur ; sa liquéfaction au-dessus de 0° est aussi nécessaire qu'il est nécessaire que les trois angles d'un triangle soient équivalents à deux droits. Sans doute, la nécessité des lois physiques nous paraît moins absolue que celle des lois mathématiques : les premières, en effet, ne sont que constatées ou induites, tandis que les secondes sont démontrées ou déduites. Mais en soi la nécessité physique est aussi rigoureuse que la nécessité mathématique, du moins à l'échelle humaine ■- nous n'entrons pas dans la discussion de l'indéterminisme microphysique.La nécessité des lois naturelles ne restreint d'ailleurs en rien la toute-puissance du créateur : celui-ci peut créer une substance ayant toutes les propriétés de la glace, sauf celle de fondre à la chaleur ; seulement, cette substance serait constituée autrement que l'eau ; ce ne serait pas de l'eau. Les lois naturelles tiennent à la nature même des êtres qu'elles régissent ; on ne peut pas les modifier ; seule la constitution des êtres eux-mêmes est modifiable.

« mesure, les volontés des humains s'exerçaient par des lois générales, suggérèrent à nos lointains ancêtres une autreidée : les puissances dont dépend le cours des choses terrestres, elles aussi, n'agissent pas seulement par décisionsparticulières plus ou moins capricieuses ; elles ont fixé une fois pour toutes le code régissant normalement l'actiondes êtres qui constituent la nature.

On avait acquis alors la notion de loi générale régissant le monde matériel. B.

La connaissance de la loi fut approfondie par la prise de conscience de sa nécessité.

Au stade auquel noussommes arrivés, l'homme fait dépendre les lois naturelles d'une libre disposition de la divinité : celle-ci aurait pu,pense-t-il, établir que le froid fait évaporer l'eau tandis que la chaleur la congèle.

De cette idée il reste peut-êtrequelque chose chez les croyants un peu simples.

L'extension de la culture scientifique l'éliminera radicalement.Le physicien et le chimiste, en effet, établissent que les propriétés de la matière dépendent de sa constitution etnon d'un pouvoir qui s'y ajouterait par décision de Dieu.

Etant donnée sa nature, la glace ne peut pas ne pas seliquéfier sous l'action de la chaleur ; sa liquéfaction au-dessus de 0° est aussi nécessaire qu'il est nécessaire que lestrois angles d'un triangle soient équivalents à deux droits.

Sans doute, la nécessité des lois physiques nous paraîtmoins absolue que celle des lois mathématiques : les premières, en effet, ne sont que constatées ou induites, tandisque les secondes sont démontrées ou déduites.

Mais en soi la nécessité physique est aussi rigoureuse que lanécessité mathématique, du moins à l'échelle humaine — nous n'entrons pas dans la discussion de l'indéterminismemicrophysique.La nécessité des lois naturelles ne restreint d'ailleurs en rien la toute-puissance du créateur : celui-ci peut créerune substance ayant toutes les propriétés de la glace, sauf celle de fondre à la chaleur ; seulement, cettesubstance serait constituée autrement que l'eau ; ce ne serait pas de l'eau.

Les lois naturelles tiennent à la naturemême des êtres qu'elles régissent ; on ne peut pas les modifier ; seule la constitution des êtres eux-mêmes estmodifiable. II.

— LA LOI MORALE On entend par loi morale la norme d'après laquelle la conscience dirige l'activité de l'homme vers sa fin. A.

Le caractère le plus essentiel de la loi morale est l'obligation, c'est-à-dire le devoir de s'y conformer joint à lapossibilité, par suite du libre arbitre, de lui désobéir.Le sentiment d'obligation a une origine analogue à celle de l'idée de loi régissant la nature.

Dans la voix de laconscience lui intimant la conduite à tenir, l'homme a vu l'expression de la volonté des puissances supérieures dontla grandeur se manifestait dans les phénomènes naturels.

Pour lui, la loi morale n'exprimait d'abord que les exigencesde la divinité.

Cette conception reste familière aux chrétiens pour qui le bien moral consiste dans le fidèleaccomplissement de la volonté de Dieu. B.

Mais la réflexion philosophique devait faire apparaître que, dans le monde moral comme dans le monde physique,l'intervention divine ne se place pas là où croit le vulgaire, et que les lois morales sont soumises à la même nécessitéque les lois physiques.Dieu, en effet, ne procède pas, dans l'établissement des lois morales, par caprice ou par fantaisie.

Ce qu'il veut del'homme, il ne peut pas, sous peine de manquer à la sagesse, ne pas le vouloir.

L'homme, étant raisonnable et libre,doit se diriger conformément aux indications de la raison, qui, quand elle s'applique à la conduite, prend le nom deconscience morale : cette obligation, Dieu ne pouvait pas ne pas l'imposer à ses créatures douées de raison ou deliberté ; ou plutôt, il n'avait pas besoin de l'imposer, car elle découle de la nature même de l'homme.Ainsi, Dieu était libre de créer des hommes ou de ne pas en créer ; mais s'il en créait, la loi morale, sans qu'il fûtbesoin d'une intervention nouvelle de la volonté divine, s'imposait nécessairement à eux, quoique sans violenter leurlibre arbitre. III.

— COMPARAISON A.

Il n'y a donc pas entre loi naturelle et loi morale l'opposition que l'on serait porté à croire : dans un certain sens,la loi morale est une loi naturelle ; on peut voir en elle une espèce particulière de loi naturelle.En effet, si nous définissons la loi naturelle : celle qui se fonde sur la nature des choses, cette définition convient àla loi morale, qui, nous l'avons vu, se fonde sur la nature de l'homme. B.

Mais, dans un autre sens, la loi morale s'oppose à la loi naturelle.

En effet, bien que l'homme fasse partie de lanature, ce dernier mot, dans l'usage ordinaire, désigne l'ensemble des choses de ce monde, exception faite del'homme ou même par opposition à lui.

Par suite, le terme de « loi naturelle » évoque surtout les lois qui régissent lesêtres dépourvus de raison et de liberté, ainsi que les activités des êtres libres qui sont soumises à la loi générale dudéterminisme.

Ainsi entendu, « loi naturelle » est synonyme de « loi physique ».

Par suite, pour éviter les confusions,c'est à la loi physique que nous allons comparer la loi morale.Tandis qu'il importe peu que la loi physique soit connue, il est essentiel à la loi morale de l'être.

La matière bruteainsi que les animaux sont soumis à des lois qu'ils ignorent ; chez la plupart des hommes eux-mêmes, la vieorganique se déroule sans qu'ils le sachent et sans qu'ils aient une idée précise de ses lois.

Dans le domaine moral,au contraire, une loi ne vaut que si elle est reconnue comme telle : il suffit de l'ignorer ou de s'en croire exempt pourn'y être pas soumis.Ensuite, tandis que la loi physique nécessite, la loi morale oblige.

Lorsque les conditions sont données danslesquelles la loi physique s'applique, il est impossible de s'opposer à elle ; il n'y a qu'un moyen d'empêcher son action: modifier les données de telle sorte qu'elle ne s'applique plus ; ainsi, je ne puis pas empêcher la dilatation d'un corpsdont la chaleur augmente, je puis seulement faire en sorte que la chaleur n'augmente pas.

Au contraire, devant la. »

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