Devoir de Philosophie

Lors d'une émission de radio (sur France-Inter, le 7 décembre 1986), le biologiste et généticien Albert Jacquard a affirmé qu'« on n'est pas fait pour devenir un manuel, un intellectuel; on est fait pour devenir quelqu'un ! » . Quelles réflexions une telle remarque vous suggère-t-elle ? Correspond-elle à l'idée que vous vous faites de la formation, à la fois sociale et individuelle, de la personne humaine ?

Publié le 10/10/2011

Extrait du document

Le sujet est plus complexe qu'il n'y parait. Il s'agit de savoir

si la formation reçue dans le cadre scolaire, et celle acquise au

plan individuel, préparent à tel type de comportement socioprofessionnel

- manuel ou intellectuel - ou bien simplement

si elles permettent à l'individu de «devenir quelqu'un«.

« L'acquisition des connaissances è tout prix Mais hélas, ces pionniers n'ont guère été entendus.

L'accé­ lération du progrès a imposé à tous, dès le XIX• siècle, un système d'acquisition des connaissances à tout prix.

Il fallut alors sortir de l'école avec un bagage intellectuel suffisant pour pouvoir suivre les découvertes de la science et de la technique.

Le temps manquait pour l'éducation, et malgré le beau dévouement des instituteurs de la Ill• République, chez qui la « mission » de former était aussi importante que le métier d'ins­ truire, le système s'est dirigé vers la situation que nous con­ naissons aujourd'hui, où tout est sacrifié à l'impérieux besoin de transmettre des connaissances qui soient immédiatement utilisables.

On prétend même, par tout un jeu de sélection et d'orientation, déceler le plus tôt possible les goûts, les affini­ tés, les dispositions des enseignés.

On sera littéraire ou «matheux>>, manuel ou théoricien, et l'on s'engage, de plus en plus tôt dans des voies où toute bifurcation est difficile, et tout retour en arrière hasardeux.

Le manuel et l'Intellectuel Or, ces distributions ne sont pas commandées par la nature; elles sont arbitraires, artificielles.

Si l'intellectuel ne sait rien faire de ses mains, c'est parce qu'on ne lui a jamais appris à s'en servir utilement.

Et de la même façon, le manuel est celui chez qui on n'a pas développé le goût de l'abstraction, de la théorie.

Certes, nos tendances nous inclinent favorablement dans tel domaine plutôt que dans tel autre, mais il n'y a là rien d'obligato i re, ni d'intangible .

Devenir quelqu'un, c'est préci­ sément trouver une réponse personnelle, originale à partir d'une formation qui est la même pour tous; c'est faire entrer ce qui est acquis dans une matière vivante, qui s'en nourrit, et en fait une synthèse unique, qui n'est que de soi.

La formation de la personnalité (on appelle ainsi l'ensemble des conduites, des façons d'être et de pensée d'un individu) est toujours un compromis entre les «événements» extérieurs qui nous tou­ chent, les choses apprises et perçues, et les réactions person" nelles de notre tempérament à ces acquisitions.

En somme, devenir quelqu'un -et le terme de «devenir» implique un long cheminement, un apprentissage- c'est ne pas être «comme les autres», c'est arracher son identité à la pesanteur de modèles sociaux qui nous conditionnent à être «les mêmes».. »

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