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Louis Aragon : Ballade de celui qui chanta dans les supplices (commentaire)

Publié le 08/09/2012

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Louis Aragon est un poète, romancier, journaliste et essayiste français, né le 3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine et mort le 24 décembre 1982 à Paris. Il est également connu pour son engagement et son soutien au parti communiste français de 1930 jusqu'à sa mort, et il fit parti de la Résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale. Avec André Breton, Paul Eluard, Philipe Soupault, il fut l'un des animateurs du dadaïsme parisien et du surréalisme. Ballade de celui qui chanta dans les supplices Et s'il était à refaire
 Je referais ce chemin
 Une voix monte des fers
 Et parle des lendemains On dit que dans sa cellule
 Deux hommes cette nuit-là
 Lui murmuraient "Capitule
 De cette vie es-tu las Tu peux vivre tu peux vivre Tu peux vivre comme nous Dis le mot qui te délivre Et tu peux vivre à genoux" Et s'il était à refaire
 Je referais ce chemin
 La voix qui monte des fers
 Parle pour les lendemains Rien qu'un mot la porte cède
 S'ouvre et tu sors Rien qu'un mot Le bourreau se dépossède
 Sésame Finis tes maux Rien qu'un mot rien qu'un mensonge Pour transformer ton destin
 Songe songe songe songe
 A la douceur des matins Et si c'était à refaire
 Je referais ce chemin
 La voix qui monte des fers Parle aux hommes de demain J'ai tout dit ce qu'on peut dire
 L'exemple du Roi Henri
 Un cheval pour mon empire
 Une messe pour Paris Rien à faire Alors qu'ils partent
 Sur lui retombe son sang
 C'était son unique carte
 Périsse cet innocent Et si c'était à refaire
 Referait-il ce chemin
 La voix qui monte des fers
 Dit je le ferai demain Je meurs et France demeure Mon amour et mon refus O mes amis si je meurs Vous saurez pour quoi ce fut Ils sont venus pour le prendre Ils parlent en allemand L'un traduit Veux-tu te rendre Il répète calmement Et si c'était à refaire Je referais ce chemin Sous vos coups chargés de fers Que chantent les lendemains Il chantait lui sous les balles Des mots sanglant est levé
 D'une seconde rafale Il a fallu l'achever Une autre chanson française
 A ses lèvres est montée Finissant la Marseillaise Pour toute l'humanité Aragon

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« Il a fallu l'acheverUne autre chanson française A ses lèvres est montée Finissant la Marseillaise Pour toute l'humanité Aragon COMMENTAIRE : Sous l'identité de Jacques d'Estaing, Louis Aragon publia ce poème le 14 juillet 1943, dans l'Honneur des Poètes.

En hommage à Gabriel Péri, résistant Français, laballade de celui qui chanta dans les supplices relate l'histoire d'un résistant prisonnier, torturé par les soldats allemands.

Ce poème recèle un profond mépris pour lescollaborateurs, traîtres à leur patrie, et un véritable respect pour les résistants morts pour la France, hommes et femmes qui se sont battus pour l'avenir de leur pays.L'incitation des bourreaux à la trahison est une partie majeure de ce poème, en effet, il semble que les soldats allemands souhaitent plus briser le patriotisme de leurprisonnier qu'en tirer des informations.

Les termes des soldats sont choisis minutieusement, donnant une impression de tentation insidieuse; ils "lui murmuraientCapitule", et parlent de la liberté qu'il obtiendrait en trahissant ("Dis le mot qui te délivre", "Un mot, rien qu'un mot, la porte cède"), jusqu'à transformer la trahison enmot magique.

"Sesame, finis tes maux.".

Les deux collaborateurs semblent veulent faire changer d'avis le résistant, à tel point qu'un simple mensonge leur suffirait.

«Rien qu'un mot, rien qu'un mensonge ».

Dans une sorte de lassitude, ils arguent la vie qu'il pourrait mener plutôt que de mourir.

« Tu peux vivre, tu peux vivre ».Mais malgré leurs efforts, le patriotisme du prisonnier reste inébranlable.

Les deux premières phrases du refrain, répétées comme pour redonner courage « Et s'il étaità refaire, je referais ce chemin ».

En gardant à l'esprit les « lendemains » de la France.

En effet, l'amour qu'il porte à son pays lui scelle les lèvres, et l'on peut voir lemépris qu'il éprouve envers les collaborateurs, pour lui, impossible de « vivre à genoux », on remarque par ailleurs la 8ème strophe, avec la critique de deux rois :Henri III d'Angleterre, qui, après avoir pris le pouvoir, est prêt à l'échanger contre un cheval pour fuir « Mon royaume pour un cheval » , et Henri IV, qui devintcatholique pour s'emparer du trône « Paris vaut bien une messe », ces deux citations célèbres sont ici inversées, pour bien montrer que le résistant ne commettra pasla même infamie.Il accepte ainsi la mort, seule issue de cette histoire.

On perçoit d'ailleurs des indices de cette mort, disséminés tout au long du texte.En effet, les deux hommes lui disent qu'il peut vivre, mais pour cela il lui faut prononcer le mot qui « transformera son destin ».

« C'était son unique carte », cettephrase nous prouve que le prisonnier ne peut plus faire marche arrière, cet unique vers scelle son destin à jamais, il est suivi par l'ordre fatidique « Périsse cetinnocent.».

De plus, la comparaison à deux rois, assassinés, nous renforce dans cette idée.

Ainsi Le résistant se sacrifie pour sa patrie faisant preuve du plus grandacte de courage, ce sacrifice ne laisse aucun doute quant à l'amour que porte le prisonnier pour la France et les Français, en effet, c'est « pour les lendemains» qu'ilchante la Marseillaise et l'Internationale (chant de ralliement des communistes) en mourant.Ce poème délivre donc un grand message aux Français, il explique pour l'on se bat pour eux, une grande preuve de solidarité nationale.. »

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