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Louis XIV le Grand

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Louis XIV le Grand (1638-1715), roi de France (1643-1715).

Souverain au règne exceptionnellement long — le plus long de l’histoire de France —, Louis XIV a laissé l’image d’un monarque absolu : sa majesté royale mise au service de la grandeur du pays, sa volonté sans cesse réaffirmée de moderniser l’administration et les structures économiques, son souci de garantir les frontières et de protéger la France des agressions extérieures ont largement imprégné l’Europe du Grand Siècle. Les crises financières et la persistance des inégalités ont témoigné des difficultés qu’a ressenties une grande partie de la population. Mais le règne du « Roi-Soleil «, par ailleurs marqué par un remarquable épanouissement de la culture française, constitue, au-delà des jugements dont il continue de faire l’objet, l’un des épisodes fondateurs de l’État moderne.

2   L’ENFANCE ET LA JEUNESSE DU ROI
2.1   Un héritier longtemps attendu

Fils de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, né à Saint-Germain-en-Laye le 5 septembre 1638, Louis reçoit pour deuxième prénom Dieudonné, tant sa naissance est inespérée, vingt-trois ans après le mariage de ses parents, jusqu'alors resté infécond. Âgé de quatre ans et demi lors de la mort de son père (14 mai 1643), il est placé sous la régence de sa mère, confirmée dans ce rôle par le Parlement de Paris. La reine continue à gouverner avec Mazarin, qui a eu toute la confiance de Louis XIII et qui, déjà parrain du jeune roi, est chargé de superviser son éducation.

2.2   Le temps de la Fronde

L’enfance de Louis XIV se déroule dans le climat dramatique de la Fronde, jalonnée par des épisodes comme la fuite de la famille royale et de la cour (contraintes de quitter Paris pour Saint-Germain-en-Laye en janvier 1649), mais aussi par de constants déménagements, des affronts multiples, le spectacle de la trahison des Grands et des princes du sang, qui marquent à jamais Louis XIV et qui modèlent en profondeur sa personnalité.

Le jeune roi reçoit une éducation plus pratique qu’intellectuelle — un peu négligée du fait de la situation politique —, dispensée sous l’autorité de son gouverneur, le maréchal de Villeroy, et de son précepteur, Hardouin de Péréfixe, futur archevêque de Paris, qui écrit pour lui une Histoire d’Henri IV. Plus lointain, Mazarin n’en exerce pas moins une influence considérable sur son royal pupille, en lui transmettant son goût pour l’art et les collections et en l’initiant très tôt aux questions militaires, diplomatiques et politiques ; le ministre fait d’ailleurs entrer le jeune roi au Conseil dès 1650.

2.3   Les dernières années de formation

La majorité officielle du roi (7 septembre 1651) change la nature de la Fronde, certains actes commis pouvant s’apparenter à un crime de lèse-majesté. Dès l’année suivante, Louis XIV manifeste son sens de la décision en faisant arrêter le cardinal de Retz, archevêque de Paris, l’un des chefs de la Fronde des princes (décembre 1652). Cependant, même après son sacre (7 juin 1654), il laisse le gouvernement du pays à Mazarin, perfectionnant sa formation militaire sous la direction de Turenne (il participe notamment au siège de Dunkerque, en 1658), alors que la guerre avec l’Espagne s’éternise jusqu’à la conclusion du traité des Pyrénées (novembre 1659). Outre le gain de l’Artois et du Roussillon, le traité prévoit le mariage de Louis XIV avec sa cousine, l’infante Marie-Thérèse, union qui est célébrée l’année suivante.

Homme mondain passionné de ballets et de musique, notamment d’opéras, le roi, tout en multipliant les liaisons féminines (les plus notables sont avec Louise de La Vallière et avec Mme de Montespan, qui lui donnent toutes deux une descendance légitimée, ainsi qu’avec Mme de Fontanges), a six enfants de la reine, dont seul survit Louis de France, « le Grand Dauphin « (1661-1711).

Bien que sensible aux considérables succès remportés par Mazarin en politique étrangère, le roi, qui connaît bien son royaume pour l’avoir parcouru à l’occasion de ses campagnes, est conscient des bouleversements provoqués par la Fronde et les années de guerre. Il désapprouve silencieusement certains aspects de la gestion du cardinal, au point qu’il écrit avec sévérité, dans ses Mémoires, que, à l’heure de la mort de son fidèle ministre, « le désordre régnait partout «.

3   LES PREMIÈRES ANNÉES DE RÈGNE
3.1   Le gouvernement direct

Le lendemain de la mort de Mazarin, dans la nuit du 8 au 9 mars 1661, Louis XIV provoque un coup de théâtre en déclarant que, désormais, il gouvernera seul, ne déléguant que certaines attributions à ses ministres. La conception du pouvoir ainsi mise en œuvre, mûrement réfléchie dans l’esprit de ce jeune roi de vingt-trois ans, est certes absolutiste — n’a-t-on pas attribué à Louis XIV la formule devenue depuis historique, « l’État, c’est moi « ? — ; pour autant, si cette conception implique un renforcement de l’autorité royale, elle ne peut se réduire à la volonté d’exercer un quelconque despotisme et s’appuie sur une double série de justifications.

La première tient à la définition du pouvoir monarchique, qui considère le roi comme l’héritier des prérogatives du suzerain féodal, l’investit du droit divin, par la grâce de l’onction reçue lors du sacre, et lui confère la mission d’arbitrer, au nom de l’intérêt général, entre les ordres et les privilèges. L’autre série de justifications, plus circonstancielles, tient aux souvenirs qu’a pu laisser la Fronde, au poids des particularismes (religieux autant que provinciaux), aux dangers qu’incarnent, pour l’autorité, les parlements et l’aristocratie, toujours enclins à la contestation.

3.2   L'appareil administratif de l'État

L’œuvre de Louis XIV est une entreprise de modernisation sans précédent, opérée pourtant dans la continuité de la politique de centralisation menée depuis plusieurs siècles par ses prédécesseurs. Elle s’appuie sur une rationalisation des structures du pouvoir central et sur un profond renouvellement du personnel politique et administratif.

Si le roi choisit de gouverner effectivement, il ne le fait jamais seul : au Conseil d’en haut (l’équivalent du Conseil des ministres), il s’entoure de ses ministres d’État, de l’avis desquels il ne s’écarte que rarement, tandis que la gestion de certains domaines revient à d’autres conseils : le Conseil des finances, dominé par Colbert ; le Conseil des parties ou Conseil d’État, présidé par le chancelier ; le Conseil des dépêches, qui centralise les rapports des intendants et joue le rôle de tribunal administratif ; le Conseil du commerce ; le Conseil de conscience, qui désigne les titulaires des plus hautes charges ecclésiastiques ; enfin, le Conseil de la religion prétendue réformée, qui s’occupe de la question protestante jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes.

S’ils ne sont pas une création de Louis XIV, les vingt-trois intendants « de police, de justice et des finances « ainsi que les intendants d’armée deviennent les relais privilégiés de l’autorité royale, chargés d’enquêter, de contrôler, de rendre compte et, en définitive, de donner une image fidèle et régulière des réalités du royaume, qu’elles soient humaines ou d’ordre économique.

Le pouvoir des parlements est limité, à la suite de l’interdiction qui leur est faite en 1673 de présenter des remontrances avant l’enregistrement des édits et des ordonnances. Enfin, outre les intendants dont l’existence réduit en province le pouvoir des gouverneurs issus de la grande noblesse, le roi s’entoure dans ses conseils non plus de cardinaux et de princes du sang, mais de représentants de la bourgeoisie. Comblés d’honneurs mais maintenus en état de subordination constante, ces derniers sont instruits par l’exemple de Fouquet, surintendant des Finances, arrêté en septembre 1661, des limites à ne pas dépasser en termes d’indépendance et d’enrichissement personnel.

L’appareil administratif est structuré autour de quelques grandes figures, dont Colbert, secrétaire d’État à la Marine et à la Maison du roi, chargé des finances, Michel Le Tellier et son fils Louvois à la Guerre, Hugues de Lionne, Pomponne, Colbert de Croissy et enfin Colbert de Torcy à la politique extérieure, tous hommes de valeur, dévoués au roi, chefs de véritables clans familiaux qui placent leurs membres dans tous les rouages du pouvoir.

3.3   L'œuvre législative et économique

Cette période est marquée par une ardeur réformatrice de grande ampleur, seulement troublée par l’épisode de la guerre de Dévolution contre l’Espagne (1667-1668). Sous l’impulsion de Colbert et du roi, édits, ordonnances et lettres patentes se multiplient, qu’il s’agisse du code Louis (Code civil, 1667), complété en 1670 par le Code criminel, du Code forestier et de l’édit sur les classes de la Marine (1669), de l’ordonnance de commerce (1673) et, plus tard, du Code noir (1685), régissant la situation des esclaves.

Colbert, conscient de la faiblesse que représente pour le trésor royal le décalage chronique entre les recettes et les dépenses, tente de réformer la fiscalité en baissant les impôts directs (la taille) et en augmentant les impôts indirects (les aides, les traites, la gabelle), réputés d’un meilleur rapport. Il s’efforce également, avec un succès limité, de réduire la part du budget fournie par la vente d’offices et par le lancement de rentes d’État, lourde charge à long terme, préférant miser sur l’augmentation de l’activité et sur les revenus que celle-ci ne manquerait pas d’engendrer. Maître d’œuvre d’une politique mercantiliste, il s’emploie à stimuler la rentrée de devises étrangères ; il encourage l’accroissement de la qualité et de la quantité de l’offre nationale, tant dans le domaine de l’agriculture que dans celui de l’industrie naissante, par l’octroi de privilèges et de monopoles, et par la création de manufactures et de grandes compagnies de commerce ; il veille personnellement à la modernisation de la Marine.

3.4   Le château de Versailles

Soucieux de rendre tangibles la puissance et le prestige de la royauté, Louis XIV fait de Versailles, à l’origine simple rendez-vous de chasse de son père, à quelques kilomètres à l’ouest de Paris, le centre du pouvoir administratif et la vitrine de sa grandeur. Le château, progressivement agrandi à partir de 1661 sous la direction de Louis Le Vau — auquel succèdent François d’Orbay, puis Jules Hardouin-Mansart — est peu à peu entouré d’un immense parc dessiné par Le Nôtre, aux portes d’une ville créée de toutes pièces, dont la majesté architecturale lui confère des allures de capitale. Ce gigantesque chantier s’étale sur plus de quarante ans.

Versailles, où tous les éléments décoratifs sont pensés comme des symboles de puissance, fait travailler tous les grands artistes du temps — Charles Le Brun, mais aussi Jouvenet, Hyacinthe Rigaud, Pierre Mignard et, pour la sculpture, Antoine Coysevox et les frères Coustou —, dont certains ont commencé, sur le chantier de Vaux-le-Vicomte, à définir ce qui est caractérisé par la suite comme le style Louis XIV.

De manière épisodique, puis définitive à partir de 1682, la cour s’y installe ; elle adopte une étiquette particulièrement rigoureuse, participant également d’un rôle politique, qui consiste à souligner le rayonnement du monarque et à concentrer l’aristocratie dans un lieu unique. Le souci du paraître, celui d’approcher le roi et de s’en faire remarquer deviennent désormais la préoccupation principale de cet ordre naturellement porté à la turbulence.

Jusqu’au début des années 1680, cette cour, d’un luxe inégalé dans tout l’Occident, est au centre d’un tourbillon continuel de carrousels, de représentations théâtrales (comme la première de Tartuffe ou l’Imposteur, en 1664), d’opéras, de fêtes (les « Plaisirs de l’Île enchantée «, 1664), de réceptions de souverains et d’ambassadeurs étrangers, qui mobilisent en permanence artificiers, peintres, décorateurs, mais aussi architectes de bâtiments éphémères, poètes préposés à l’écriture des arguments de spectacles et graveurs chargés d’immortaliser ces spectacles.

3.5   Le rayonnement culturel

L’intérêt porté à l’image et au prestige se traduit aussi par un véritable mécénat culturel, dont l’ambition est de supplanter l’Italie comme centre de la civilisation en Europe. L’achat de la manufacture des Gobelins (1662), la création de l’Académie royale de peinture et de sculpture (1655), de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (sous le nom de « Petite Académie «, 1663), de l’Académie royale des sciences (1666), de l’Académie de France à Rome (1666), de l’Académie royale d’architecture (1671), l’édification de l’Observatoire (1667-1672), de l’arc de triomphe de la porte Saint-Martin (1672), la construction de la place des Victoires et de la place Louis-le-Grand (actuelle place Vendôme), s’inscrivent dans cette logique. En partie mené à bien par Colbert, détenteur de la charge stratégique de surintendant des Bâtiments, ce vaste projet vise à faire de la science et de la culture françaises une manière d’arbitre universel, et de Paris, où l’on demande même au Bernin un projet d’édification de la colonnade du Louvre (1665), une capitale intellectuelle et artistique, célébrant dans son architecture même les triomphes et la grandeur du roi.

Ce mécénat s’adresse également aux artistes, dont beaucoup reçoivent des pensions, voire sont invités à Versailles ou chez les Grands ; certains, comme Racine, Molière et Lully (nommé en 1672 directeur de l’Académie royale de musique fondée en 1669) entretiennent même des liens privilégiés avec le roi. La codification de l’idéal classique, à laquelle se livrent Boileau, en littérature, et Le Brun, pour la peinture, peut certes donner l’impression que le classicisme est devenu une sorte de doctrine esthétique officielle, mais ce serait faire oublier que la vie intellectuelle, loin d’être figée, connaît des affrontements et des controverses, voire des rivalités, comme celle qui oppose Racine et Corneille.

4   L'APOGÉE DU ROI-SOLEIL
4.1   Les objectifs de la politique extérieure

Dès le début de son règne, Louis XIV a arrêté, suivant les conseils de Mazarin, les grandes lignes de ce que doit être la politique extérieure du deuxième pays le plus peuplé d’Europe (après la Moscovie). À l’opposé d’une stratégie agressive, dominée par une soif de conquêtes, cette politique doit viser au renforcement des défenses aux frontières septentrionales et orientales, selon la stratégie du pré carré, théorisée par Vauban quelques années plus tard. En vue de limiter tout nouvel essor de la puissance des Habsbourg, qui menacent la France sur deux fronts en dominant l’Espagne et le Saint Empire romain germanique, elle doit permettre de s’assurer de la neutralité des princes de Suède et de Savoie, tout en concluant des alliances de revers (avec la Pologne, la Hongrie, voire avec l’Empire ottoman).

4.2   La modernisation de l’armée

La satisfaction de ces objectifs doit nécessairement s’appuyer sur une réorganisation de l’armée, confiée à Michel Le Tellier, plus tard assisté et remplacé par son fils Louvois. Tentant de réformer les pratiques de recrutement forcé, qui donne de mauvais soldats, prompts au pillage et à la désertion, et de réfréner les trafics d’hommes entre officiers, propriétaires de leurs régiments, ils affirment le pouvoir du secrétariat à la Guerre sur les commandants en chefs des armées, unifient les soldes et réorganisent les approvisionnements pour éviter les opérations douteuses.

La création de l’hôtel des Invalides pour les soldats infirmes, l’institution d’un tableau d’avancement pour les officiers (1675) achèvent cette entreprise de rationalisation, qui fait de l’armée française, forte de 72 000 hommes en temps de paix, susceptible d’en mobiliser 300 000 en temps de guerre, l’une des plus nombreuses et des mieux organisées d’Europe.

Les efforts se concentrent également sur l’artillerie, dont l’équipement est considérablement renforcé, et sur les fortifications, notamment sous l’impulsion de Vauban, qui ceinture littéralement le pays de places défensives. Enfin, sous la direction de Colbert, puis de son fils, Seignelay, la France est dotée d’une véritable marine de guerre ; des arsenaux sont créés, pour accélérer la construction des navires, le système de l’inscription maritime est institué pour l’enrôlement des marins, les compagnies de gardes maritimes préfigurent l’école navale, de sorte que, bientôt, les vaisseaux français peuvent tenir une place comparable à ceux de la Marine anglaise sur toutes les mers du monde.

4.3   Les premiers succès

En 1667, revendiquant le droit d’héritage de son épouse Marie-Thérèse, Louis XIV envahit les Pays-Bas espagnols, déclenchant ainsi la guerre de Dévolution. Les rapides victoires françaises, notamment la prise de Lille (août 1667), déterminent la formation, entre l’Angleterre, la Hollande et la Suède, de la Triple-Alliance, destinée à contrer la France. Mais prenant de vitesse une éventuelle reprise des hostilités, Louis XIV conquiert la Franche-Comté, dont il se sert adroitement, lors de la conclusion du traité d’Aix-la-Chapelle (1668), pour se faire reconnaître la possession de Lille, de la Flandre française et d’un certain nombre de forteresses qui marquent le début de la réalisation de la stratégie du pré carré.

4.4   La guerre de Hollande

Ayant isolé les Hollandais en négociant la neutralité de l’Angleterre et de la Suède, Louis XIV lance en 1672 ses armées contre les Provinces-Unies calvinistes, dont les positions commerciales, appuyées par une réelle puissance maritime, menacent directement la France. Cependant, après de brillants débuts, la France se retrouve dans une position délicate. Confrontée à une résistance acharnée des Hollandais, à la révolution orangiste, et bientôt au ralliement du Saint Empire, de l’Espagne et de l’Angleterre à la coalition hostile à la France, l’armée de Louis XIV ne doit sa victoire qu’à une suite presque ininterrompue de succès, sur terre, grâce à Condé et à Turenne, mais aussi sur mer, où Vivonne et Abraham Duquesne s’illustrent contre les Espagnols et les Hollandais commandés par Ruyter. La guerre de Hollande se solde par les traités de Nimègue (1678-1679), qui entérinent le gain de la Franche-Comté, permettent de combler les dernières brèches sur la frontière septentrionale et maintiennent le statu quo sur la Lorraine, désormais occupée.

Cette victoire de Louis XIV marque sans doute l’apogée de son règne, tant sa puissance paraît reconnue non seulement en Europe, mais aussi en Asie (d’où le roi de Siam lui envoie des ambassadeurs), en Amérique (où Cavelier de La Salle baptise la Louisiane en l’honneur du roi), au Sénégal (où les comptoirs français sont progressivement organisés par le biais des grandes compagnies), aux Antilles (où l’on commence à créer de grandes plantations sucrières).

4.5   Les affaires religieuses

Les questions religieuses tiennent une place importante durant le règne de Louis XIV et constituent sans doute l’aspect le plus négatif de sa politique ; en effet, le combat mené par le roi Très-Chrétien contre le jansénisme et le protestantisme, au nom de l’unité de la foi, est sans doute un facteur d’affaiblissement de la cohésion nationale.

Entamée dès 1661, la lutte contre le jansénisme connaît une intensification en 1679, avec l’expulsion des pensionnaires et des novices de l’abbaye de Port-Royal, dont les religieuses sont chassées en 1709, peu avant la destruction totale des bâtiments.

Pour sa part, la lutte contre les protestants commence en 1685, avec la révocation de l’édit de Nantes par l’édit de Fontainebleau. Soucieux de ne pas voir ses sujets protestants s’allier aux Provinces-Unies ou à l’Angleterre, poussé par l’Église de France, assuré de renforcer l’unité nationale, le roi annule la charte de leurs libertés, en se fondant sur des rapports inexacts qui lui assurent que la « religion prétendue réformée « est devenue une pratique marginale sous l’effet de conversions massives. La révocation de l’édit de Nantes pousse vers l’exil au moins 300 000 personnes, appartenant en majorité à l’élite économique et intellectuelle du pays, qui s’installent en Allemagne, en Suisse ou dans les Provinces-Unies — lesquelles bénéficient de leur dynamisme et de leur esprit d’entreprise. Cette mesure, que Louis XIV semble avoir regrettée par la suite, rejette les protestants dans la clandestinité. Son application est le prétexte de nombreuses exactions (les dragonnades) et la cause directe d’une longue guérilla dans les Cévennes, où s’enlisent les troupes royales, après la révolte des Camisards (1702-1709).

4.6   La guerre de la ligue d’Augsbourg

Pour les ennemis de la France, les traités de Nimègue n’ont constitué qu’un apaisement provisoire. La politique agressive de Louis XIV (notamment la politique des réunions consistant à annexer des places fortes liées par d’anciens droits féodaux aux territoires conquis) et la révocation de l’édit de Nantes compromettent bientôt cet apaisement aux yeux des puissances protestantes, mais aussi du Saint Empire et de l’Angleterre. La guerre de la ligue d’Augsbourg, qui dure près de dix ans (1688-1697), est marquée par le ravage du Palatinat, par les victoires de Staffarde, de la Marsaille, de Fleurus et surtout de Neerwinden. Ces victoires permettent certes de contenir la coalition tant en Piémont qu’en Flandre et en Brabant, et d’aboutir à la conclusion des traités de Ryswick (1697), qui donnent à la France la partie occidentale de Saint-Domingue et lui assurent la possession définitive de la basse Alsace (dont Strasbourg), mais elles coïncident avec plusieurs saisons catastrophiques qui provoquent disettes et famines. La recherche de la gloire militaire a épuisé le royaume.

5   LE CRÉPUSCULE DU RÈGNE
5.1   La guerre de Succession d’Espagne

La dernière entreprise militaire de Louis XIV, la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713), est déclenchée par l’acceptation par la France du testament de Charles II, faisant du duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, l’héritier du trône espagnol. Dans une période de grandes difficultés économiques, la France se résigne à un conflit que lui imposent les ennemis traditionnels du pays. La guerre qui en découle est longue, ruineuse et surtout incertaine, les victoires (Friedlingen, 1702 ; Eckeren, 1703), succédant à de lourdes défaites (Höchstädt, 1704 ; Ramillies, 1706 ; Audenarde, 1706). Elle ne prend un tour définitif qu’après la demi-victoire de Malplaquet (1709) et le triomphe de Denain (1712), qui contribue à hâter la paix d’Utrecht (1713) et la conclusion du traité de Rastatt (1714). Le bilan de la guerre est contrasté, mais se solde toutefois par l’accession d’un Bourbon au trône d’Espagne, et par le gain de Landau et Strasbourg — même s’il faut céder Terre-Neuve, Saint-Christophe et l’Acadie à la Grande-Bretagne, éternelle et principale rivale au Canada.

5.2   Le temps des deuils

Les dernières années du règne de Louis XIV sont assombries par les famines, les défaites militaires et les deuils successifs qui accablent la famille royale. Depuis le décès de la reine Marie-Thérèse en 1683, Louis XIV s’est secrètement remarié à l’ancienne gouvernante de ses enfants, Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, qui introduit à la cour une atmosphère dévote et austère, et contribue à ramener le roi vers une pratique religieuse beaucoup plus sincère. Le décès du Grand Dauphin, en 1711, suivi l’année suivante par celui de son fils, le duc de Bourgogne, pousse le roi à déclarer ses bâtards légitimés aptes à lui succéder, ce qui compromet le prestige de la monarchie.

Épuisé, miné par la gangrène, le roi s’éteint à Versailles le 1er septembre 1715. Son arrière-petit-fils, Louis XV, alors âgé de cinq ans, lui succède.

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