Le maître de Moulins: Enfant en prière

« Biographie (1; L'appellation « Maître de Moulins » désigne un peintre qui travailla en France à la fin du XV" siècle et fut très actif dans la ville de Moulins, à la cour de Pierre II de Bourbon.

On l'a d'abord identifié à Jean Perréal, ensuite au peintre lyonnais Jean Prévost ou encore au miniaturiste Jean Bourdichon, un élève de Fouquet.

Toutefois, aucun de ces artistes ne se rapproche du Maître de Moulins par les choix stylistiques, par la qualité et par l'originalité.

L'historien d'art Sterling associe au peintre anonyme le nom du peintre fla­ mand Jean Hey, dont on connaît un tableau sur bois, Ecce Homo (musée d'Art ancien, Bruxelles), très proche par de nombreux aspects du style du Maître de Moulins.

Les premières œuvres qui peuvent se rapporter à l'artiste, comme La Nativité du musée d'Au­ tun, sont datées vers 1480 ; elles montrent des analogies certaines avec la peinture flamande de la fin du w siècle, et surtout celle d'Hugo Van der Goes.

Le Maître de Moulins réalise, vers 1490, les Portraits des ducs de Bourbon avec leurs saints titulaires qui sont aujourd­ 'hui au Louvre.

Il faut rappeler aussi le por­ trait de Madeleine de Bourgogne, dame de Laage, présentée par sainte Marie Madeleine du Louvre, la Vzerge aux anges du musée d'Art ancien de Bruxelles, l'Annonciation de l'Art Institute de Chicago, le Donateur présenté par saint Maurice de l'Art Gallery de Glasgow et finalement le splendide triptyque de la cathé ­ drale de Moulins , la Vierge en gloire entourée d'anges, peint vers 1498-1500 .

Depuis les pre­ mières œuvres d'influence flamande où pré­ vaut l'intérêt pour l'observation réaliste des détails, la vision du Maître de Moulins n'aura cessé de gagner en ampleur et en monumenta ­ lité ; la composition des œuvres tardives, plus rationnelle et plus harmonieuse, se rapproche en partie des découvertes de la Renaissance italienne.

Analyse ...., Ce panneau minuscule représente une enfant en prière.

La petite fille est élégamment vêtue et signe ainsi son appartenance à une famille aristocratique.

Le peintre s'est servi d'un jeu de clair-obscur - le contraste entre le blanc du vêtem~nt et de la carnation du visage et le fond sombre -pour souligner les contours du visage .

L'expression de la fillette est extraordinai­ rement intense 1 toute occupée qu'elle est dans son oraison.

A l'observation minutieuse des détails du costume, des broderi es et des bordures du vêtement, s'allie ici une recherche attentive de l'expression du visage.

L'œuvre C Pendant longtemps les chercheurs et les his to­ riens se sont inte"ogés sur l'identité de la fillette .

Puis , on s 'est rendu compte que le tableau était en réalit é un fragment découp é dans le volet droit d 'un triptyque représen~ant Anne de France, présentée par saint Jean I' Evangéliste et que l'enfant n 'était autre que Suzanne de Bourbon, fille d'Anne et de Piem II.

Nous retrouvons Suzanne un peu plus grande, à l'âge de huit ans environ , dans le triptyque de la cathédrale de Moulins , où elle apparaît à côt é d e sa mère.. »