Un maître est-il un sauveur ?
Publié le 24/03/2004
Extrait du document
De même, n'y
a-t-il pas une servitude de la liberté qui réclame l'intervention d'un
maître? L'expérience du mal moral, et particulièrement l'impuissance d'une
volonté à accomplir ce qu'elle voulait, attestent cette servitude. Si la
liberté est ainsi enchaînée en elle-même, elle ne peut s'avancer d'elle-même
au devant du maître. C'est ici l'appel du maître qui doit créer en elle la
force de l'obéissance. C'est pourquoi le maître est ici un sauveur, car
l'être ainsi libéré lui doit tout. Il n'est pas seulement remis en
possession de ce qu'il savait déjà comme dans la réminiscence, mais le
sauveur fait de lui un homme neuf.
Ainsi Kierkegaard dans Les Miettes
philosophiques oppose-t-il l'oeuvre de Socrate à celle du Christ. Socrate
nous permet l'accès à ce que nous savions déjà. Mais le Christ, en nous
délivrant de l'esclavage du Mal, redonne à notre liberté un pouvoir qu'elle
ne possédait plus, et qu'elle ne pouvait, en aucun cas, reconquérir par
elle-même. Le maître est un sauveur, car il rend l'homme à lui-même.
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