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Le Malade imaginaire

Publié le 09/04/2013

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La dernière pièce de Molière est la plus jouée de son répertoire. De 1680 à nos jours, on compte environ mille six cent soixante-dix représentations à la Comédie-Française seulement.

« «Il faut qu'il ait tué bien des gens, pour s'être fait si riche ! » Argan, seul, fait ses comptes pour payer son médecin « Plus, du vingt-septième, une bonne médecine composée pour hâter d'aller, et chasser dehors les mauvaises humeurs de monsieur, trois livres.

» Bon, vingt et trente sols ; je suis bien aise que vous soyez raisonnable.

« Plus, du vingt-hui­ tième, une prise de petit-lait clarifié et édulcoré, pour adoucir, lénifier, tempé­ rer et rafraîchir le sang de monsieur, vingt sols.

»Bon, dix sols.

«Plus une potion cordiale et préservative, com- posée avec douze grains de bézoard, sirop de limon et grenade, et autres suivant l'ordonnance, cinq livres.

» Ah ! monsieur Fleurant, tout doux, s'il vous plaît; si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade, contentez­ vous de quatre francs ; vingt et qua­ rante sols.

Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt.

Soixante et trois livres quatre sols six deniers.

Argan explique à Toinette pourquoi il veut marier sa fille à un médecin TOINETTE.

-Mon Dieu ! tout doux.

Vous allez d'abord aux invectives.

( ...

) Là, parlons de sang-froid.

Quelle est votre raison, s'il vous plaît, pour un tel mariage ? ARGAN.

-Ma raison est que, me voyant infirme et malade comme je suis, je veux me faire un gendre et des alliés médecins, afin de m'appuyer de bons secours contre ma maladie, d'avoir dans ma famille les sources des remèdes qui me sont nécessaires et d'être à même des consultations, et des ordonnances.

TOINETTE.

- Hé bien, voilà dire une raison, et il y a plaisir à se répondre doucement les uns aux autres.

Mais, monsieur, mettez la main à la conscience.

Est-ce que vous êtes malade? ARGAN.

- Comment, coquine, si 1e suis malade? si je suis malade, impudente! TOINETTE.

-Hé bien, oui, monsieur, vous êtes malade : n'ayons point de querelle là-dessus.

Oui, vous êtes fort malade; j'en demeure d'accord, et plus malade que vous ne pensez: voilà qui est fait.

Mais votre fille doit épouser un mari pour elle, et, n'étant point malade, il n'est pas nécessaire de lui donner un médecin.

ARGAN.

- C'est pour moi que je lui donne ce médecin.

Déguisée en médecin, Toinette tente de dégoûter Argan de la médecine ARGAN.

- Crever un œil? TOINETTE.

- Ne voyez-vous pas qu'il incom­ mode l'autre et lui dérobe sa nourriture ? Croyez-moi, faites-vous-le crever au plus tôt, vous en verrez plus clair de l 'œil gauche.

ARGAN.

- Cela n'est pas pressé.

TOINETTE.

-Adieu.

Je suis fâ­ chée de vous quitter si tôt, mais il faut que je me trouve à une grande consulta- tion qui se doit faire pour un homme qui mourut hier.

ARGAN.

- Pour un homme qui mourut hier? TOINETTE.

- Oui, pour aviser et voir ce qu'il aurait fa/lu faire pour le guérir.

Jusqu'au revoir.

« Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies.» NOTES DE L'ÉDITEUR imaginaire / Il nous dépeint le carac tère / Avec les traits si naturels/ Qu'on ne peut voir de portraits tels.

/ La Faculté de médecine/ Tant soit peu, dit-on, s'en chagrine.

» Robinet, Gazette rimée, faiblesse humaine, elle est aussi une anthologie, la plus complète, et peut-être la plus parfaite, de l'art comique de Molière.

» Yves Hucher, Le Malade imaginaire, notice biographique, Classiques Larousse, 1988.

En 1673, la pièce est un succès.

Louis XIV en dit : « Les médecins font assez souvent pleurer pour qu'ils fassent quelquefois rire.

» Et un journaliste écrit : « Notre vrai Térence françois / Qui vaut mieux que l'autre cent fois, / Molière, cet incomparable / Et de plus en plus admirable, /Attire aujourd'hui tout Paris / Par le dernier de ses écrits/ Où d'un malade 18 février 1673.

« Le génie de Molière unit toute les sources du comique, les dose , met l'accent tour à tour sur l'une ou l'autre, et d'un rien fait un petit chef-d'œuvre.

( ...

)Si Le Malade imaginaire est la synthèse des opinions de Molière sur les médecins, la médecine et la 1 portrait de Molière par Pierre Mignard (d étai l), Comédie-Fr ançaise/ J.

L.

Charm el 2, 3, 4 ill.

de R.

B eltz, Club du Livre , Paris/ D.R .

« Le dialogue du Malade imaginaire tient lui aussi une place tout à fait à part dans l' œuvre de Molière.

Il surprend par une vigueur, une liberté, un frémissement de vie que l'on ne retrouve pas ailleurs au même degré.

» Jacques Arnavon, Le Malade imaginaire, 1947.

MOLIÈRE09. »

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