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Mali

Publié le 11/04/2013

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mali
1 PRÉSENTATION

Mali, pays d’Afrique de l’Ouest. Sa capitale est Bamako.

Le Mali, traversé par le tropique du Cancer, est un pays enclavé, sans accès à la mer. Il est bordé par l’Algérie au nord-est, le Niger au sud-est, le Burkina, la Côte d’Ivoire et la Guinée au sud, le Sénégal et la Mauritanie à l’ouest.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

Avec une superficie de 1 240 192 km², le Mali est le plus vaste pays d’Afrique de l’Ouest. Son vaste territoire présente des paysages variés. Une grande partie se situe dans la vallée du Niger et se caractérise par des plaines basses et des bassins sédimentaires. Au centre, le delta intérieur du Niger forme la région de Macina, une cuvette aux bords relevés dans laquelle les crues sont fréquentes.

Au sud, des blocs anciens profondément entaillés marquent la frontière avec la Côte d’Ivoire. Plus à l’ouest s’élève le plateau mandingue, où se trouve la capitale, Bamako. Les reliefs réapparaissent au centre, sur la rive droite du Niger : la falaise de Bandiagara domine la plaine ; elle est prolongée par les monts Hombori, qui culminent au Hombori Tondo (1 155 m). Au nord-est, à la frontière avec l’Algérie et formant le sud du Sahara, se dresse l’Adrar des Iforas, un plateau cristallin d’altitude moyenne (600 m). Au nord, enfin, se trouve la cuvette de Taoudenni.

Le sud et le centre du Mali sont irrigués par deux fleuves : le Sénégal (formé à Bafoulabé par la confluence du Bafing et du Bakoy) et le Niger (né en Guinée dans le Fouta-Djalon), qui forme un vaste arc de cercle à travers le pays et occupe une place essentielle dans l’organisation spatiale et le développement économique du pays. Le tiers nord du Mali se trouve en zone désertique, tandis qu’à l’est le Tilemsi n'est plus qu'un affluent fossile du Niger parsemé de points d'eau.

2.2 Climat

Trois zones climatiques se succèdent du nord au sud : le Nord appartient à la zone saharienne ; le delta intérieur du Niger s’étend dans la zone sahélienne semi-aride, où s’opère la transition entre le désert et la savane arborée ; enfin, le Sud connaît un climat soudanien. (voir aussi les paragraphes consacrés au climat dans les articles Sahara, Sahel et Soudan)

Les températures moyennes sont comprises entre 24 et 32 °C dans le Sud, et s’élèvent au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord. Les précipitations annuelles varient d’environ 1 120 mm à Bamako à moins de 130 mm dans le Sahara.

2.3 Flore et faune

La végétation est rare dans la région saharienne où ne poussent que des acacias et des gommiers. La zone sahélienne du centre est caractérisée par une savane arbustive, au sein de laquelle dominent les épineux. Elle laisse la place à la savane arborée dans le Sud soudanien, où les cours d’eau sont encadrés par des forêts-galeries.

La faune malienne compte des animaux tels le guépard, l’oryx, la gazelle, le phacochère, le lion, le léopard, l’antilope et le chacal.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

La population malienne est estimée à 12 324 029 habitants (2008), soit une densité moyenne de 10 habitants au km2. Sa répartition est très inégale puisque les neuf dixièmes des Maliens habitent dans le sud du pays. La population est rurale à 66 p. 100.

À l’instar de la plupart des pays en pleine transition démographique, la population du Mali est majoritairement jeune : les moins de 25 ans représentent environ 68 p. 100 de la population totale en 2007. Sur la période 2000-2005, le taux de croissance de la population était de 3 p. 100 par an. La mortalité infantile demeure élevée (104 p. 1 000), de même que le taux de fécondité (7,34 enfants par femme en 2007, le plus élevé dans le monde). L’espérance de vie à la naissance est estimée à 49,9 ans.

Le Mali occupe l’un des tout derniers rangs dans le classement de l’indice de développement humain. Il connaît une forte émigration (principalement dans la région de Kayes, à l’ouest) en particulier vers la Côte d’Ivoire voisine (où vivent plus d’un million de Maliens) et vers la France (environ 120 000 personnes au milieu des années 2000).

3.2 Villes principales

La capitale, Bamako (située dans le sud-ouest, sur les deux rives du fleuve Niger), est la seule ville du Mali à dépasser le million d’habitants (1 264 000 habitants en 2003). Chef-lieu du district de Bamako, elle est le principal nœud de communication du pays, ainsi qu’un carrefour industriel et commercial. Les autres villes principales sont Ségou et Mopti, importants centres de pêche situés sur le cours inférieur du Niger.

Le Mali est divisé  en huit régions administratives, auxquelles s’ajoute le district de Bamako : Gao, Kayes, Kidal, Koulikoro, Mopti, Ségou, Sikasso et Tombouctou.

3.3 Ethnies, langues et religions

40 p. 100 des Maliens sont des Mandingues, majoritairement des Bambara. Ils vivent principalement dans l’ouest du pays (Bamako). Les Songhaï sont établis dans l’Est, les Soninké dans l’Ouest (Kayes) ; les Sénoufo vivent autour de Sikasso, dans la zone frontalière avec le Burkina et la Côte d’Ivoire. Plus au nord-est vivent les Dogon, sur le plateau de Bandiagara. Les Peul peuplent la cuvette du Macina tandis que le Sahara est le domaine des Maures et surtout des Touareg qui nomadisent entre l’adrar et la boucle du Niger. Ces derniers, au nombre d’environ 400 000, ont toujours refusé la domination politique des Mandingues depuis l’indépendance, laquelle a également signifié pour eux la fixation des frontières et l’intégration à un cadre étatique dont ils s’accommodent mal. À la suite de l’intensification de la rébellion armée dans le nord du Mali (comme au Niger voisin) en 1990, un pacte national est conclu en avril 1992 entre le gouvernement malien et les Touareg. La question de la définition d’un espace autonome pour les Touareg et les revendications d’ordre économique demeurent cependant et, si le conflit s’apaise, les tensions perdurent (comme en témoigne un regain de violence en mai 2006 ayant abouti à un accord de paix prévoyant des mesures de développement pour les régions du Nord).

La langue officielle du Mali est le français. Les langues mandé — bambara, malinké et dyula — ainsi que les langues voltaïques — dogon, sénoufo —, le songhaï, le hassanya et le tamacheq demeurent vivantes au sein des différentes communautés (voir langues d’Afrique). Le bambara tend à devenir la langue véhiculaire nationale.

L’islam, teinté d’animisme, est la religion de 90 p. 100 de la population. Quelque 9 p. 100 des Maliens ont conservé des croyances animistes. Le christianisme concerne 1 p. 100 de la population.

3.4 Éducation

Le Mali possède l’un des taux d’alphabétisation les moins élevés du monde (49,7 en 2005). Le taux de scolarisation dans le primaire reste faible (58 p. 100 en 2002–2003) ; il passe à 20 p. 100 dans le secondaire, et chute à 2 p. 100 au niveau universitaire.

3.5 Institutions et vie politique
3.5.1 Historique

De 1968 à 1991, le Mali est dirigé par Moussa Traoré, porté au pouvoir par un coup d’État militaire. Élu deux fois sans opposition, le président Moussa Traoré gouverne en dictateur, s’appuyant sur le seul parti politique légal, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), fondé en 1979. Après son renversement, en mars 1991, la transition démocratique est assurée par le général Amadou Toumani Touré, qui rend le pouvoir aux civils en 1992. À l’issue des premières élections libres du pays, l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) remporte la majorité des sièges à l’Assemblée nationale ; son candidat, Alpha Oumar Konaré, est élu président de la République en 1992 et réélu en 1997. Au terme de deux mandats consécutifs, pendant lesquels se consolide le processus de démocratisation, le président sortant ne brigue pas de troisième mandat, conformément à la Constitution, et cède la place en juin 2002 à Amadou Toumani Touré (élu au second tour avec plus de 64 p. 100 des voix contre le candidat de l’ADEMA, Soumaïla Cissé). Sans appartenance politique, le président Touré met en place un gouvernement de consensus rassemblant tous les groupes parlementaires. S’il bénéficie d’un « état de grâce « durant les premières années de son quinquennat, il fait l’objet d’une opposition croissante. Soutenu par une coalition d’une quarantaine de partis et de nombreuses associations (l’Alliance pour la démocratie et le progrès), il est réélu pour un second mandat en avril 2007, avec 71 p. 100 des suffrages dès le premier tour, alors que son principal adversaire, Ibrahim Boubacar Keïta (alors président de l’Assemblée nationale), recueille 19 p. 100 des voix. En dépit des accusations de fraudes émanant de l’opposition, et des irrégularités avérées, ce scrutin est jugé globalement libre et transparent par les observateurs internationaux. Dans ce contexte, le processus démocratique semble se consolider, et la démocratie malienne est considérée par la communauté internationale comme une référence en Afrique.

3.5.2 Organisation des pouvoirs

Le Mali est une république unitaire régie par la Constitution du 10 janvier 1992. Son régime politique est de type semi-présidentiel. Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République et par le gouvernement. Le président de la République est le chef de l’État. Il est le chef des armées, et le président du Conseil supérieur de la magistrature. Il dispose du droit de dissoudre l’Assemblée nationale et de l’initiative référendaire. Élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans (renouvelable une fois), il nomme le Premier ministre (et peut mettre fin à ses fonctions) ainsi que les membres du gouvernement, et préside le Conseil des ministres. Le Premier ministre est le chef du gouvernement ; il dirige l’action gouvernementale et assure l’exécution des lois. Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement, constitué d’une chambre unique : l’Assemblée nationale. Celle-ci est composée de 147 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Elle a le pouvoir de renverser le gouvernement.

3.5.3 Partis politiques

Le multipartisme est garanti par la Constitution de 1992. Le paysage politique malien compte au milieu des années 2000 quelque 80 partis. Les principales formations sont l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA), au pouvoir de 1992 à 2002, et deux autres partis qui en sont issus : le Rassemblement pour le Mali (RPM), dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta, et l’Union pour la République et la démocratie (URD), créée par Soumaïla Cissé.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

Le Mali est l’un des pays les moins avancés du monde. En 2005, le produit intérieur brut (PIB) par habitant s’élève à 442 dollars. Environ 65 p. 100 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et ce taux atteint 76 p. 100 en milieu rural. Alors que les deux tiers du territoire malien sont en zone désertique ou semi-désertique, l’activité économique est en grande partie concentrée dans la région irriguée par le Niger et ses affluents. L’économie du Mali est essentiellement agricole : environ 80 p. 100 de la population vit de l’agriculture et de la pêche, les activités industrielles concernant essentiellement la transformation de la production agricole. La croissance économique est surtout portée par les productions céréalière et cotonnière. Cette prédominance du secteur primaire rend l’économie malienne très vulnérable aux aléas climatiques et aux fluctuations des cours des matières premières, en particulier ceux du coton, qui constitue l’une des deux principales ressources d’exportation (avec la production aurifère). Le Mali subit aussi les effets de son enclavement, qui le rend dépendant des ports des pays frontaliers (notamment Abidjan, en Côte d’Ivoire). Pour l’ensemble de ces raisons, la meilleure exploitation du potentiel de terres irrigables, la modernisation des équipements agricoles, l’amélioration des infrastructures routières et la diversification de l’économie constituent des priorités pour le développement du Mali.

La situation économique et sociale est également fortement marquée par les politiques d’ajustement structurel mises en œuvre sur la pression des bailleurs de fonds internationaux — Fonds monétaire international (FMI) et Banque mondiale — en vue de libéraliser l’économie (privatisations, liberté des prix, rigueur budgétaire). Conjuguées à la dévaluation du franc CFA, en janvier 1994, ces réformes ont un coût social élevé et se traduisent par une aggravation des conditions de vie de la population. Elles permettent cependant d’attirer les investissements étrangers et contribuent à relancer la croissance économique, qui s’établit autour de 5 p. 100 en moyenne sur la période 1996-2006 (contre une croissance annuelle négative de 1 p. 100 en moyenne entre 1985 et 1993). Fortement grevée par le poids de la dette, l’économie malienne bénéficie en 2005 de l’annulation totale de sa dette multilatérale en raison des efforts de bonne gouvernance et de gestion saine de son gouvernement.

Le Mali est fortement tributaire de l’aide au développement, par le biais des institutions internationales ou d’accords bilatéraux (Union européenne, France et États-Unis notamment). Les sommes envoyées par la diaspora malienne constituent aussi une source de revenus capitale.

4.2 Agriculture et pêche

L’agriculture représente, en 2005, 36,6 p. 100 du PIB et constitue le moyen de subsistance de 80 p. 100 de la population. Tributaires de conditions naturelles néfastes (sécheresse, invasions acridiennes), les récoltes souffrent du manque d’infrastructures et dépendent presque totalement de l’irrigation et surtout des inondations du Niger et de ses affluents. La principale zone d’irrigation se situe dans le delta intérieur du Niger, dans un périmètre connu sous le nom d’Office du Niger et construit pendant la colonisation française afin de développer la culture du coton au profit des industries textiles de la métropole.

Le mil constitue la base de l’alimentation de la population malienne ; les autres cultures vivrières principales sont le maïs et le riz. Le coton (dont la production et la transformation sont contrôlées par la Compagnie malienne de développement des textiles) est la première culture d’exportation, mais le Mali doit faire face à la non-compétitivité de sa production cotonnière sur le marché mondial en raison des subventions dont bénéficient les producteurs du Nord (en particulier américains). Les arachides et la canne à sucre sont également cultivées pour l’exportation.

En raison d’une forte tradition agropastorale, l’élevage constitue une activité primordiale de l’économie malienne (environ 10 p. 100 du PIB) et la principale ressource de 30 p. 100 de la population. En 2005, le cheptel comptait 7,68 millions de bovins, 8,40 millions d’ovins, 12 millions de caprins et 31 millions de volailles.

La pêche, pratiquée de manière artisanale dans le delta intérieur du Niger et dans les lacs de Sélingué et de Manantali, est également une ressource de premier plan. Avec une production annuelle avoisinant les 100 000 t, la filière pêche (incluant le poisson séché et fumé exporté dans les pays voisins) représente environ 4 p. 100 du PIB (101 098 t) et emploie 8 p. 100 de la population active.

4.3 Mines, énergie et industries

Les ressources minières sont les phosphates, le sel, l’uranium et surtout l’or, dont le Mali est devenu l’un des tous premiers producteurs en Afrique et qui, au début des années 2000, a supplanté le coton comme premier produit d’exportation.

L’activité industrielle représente 24,2 p. 100 du PIB en 2005 ; elle est concentrée autour de l’agroalimentaire et du coton, et est principalement implantée à Bamako.

La consommation énergétique du Mali repose essentiellement sur les combustibles traditionnels (le bois à plus de 80 p. 100), le pays étant en outre dépendant aux produits pétroliers importés de l’extérieur. La part de l’électricité (pour 79,27 p. 100 d’origine hydraulique) est très faible. Seulement 15 p. 100 de la population a accès à l’électricité au milieu des années 2000, et ce taux chute très considérablement en milieu rural.

4.4 Services et échanges

Dans le secteur des services, le tourisme tend à occuper une place de plus en plus importante, même si son essor est ralenti par le manque d’infrastructures hôtelières et la difficulté des transports. Pays enclavé, le Mali souffre en effet des insuffisances de son réseau routier (18 700 km de routes en 2004 dont 3 300 bitumées), en cours de développement. Une part essentielle des transports est assurée par le fleuve Niger, navigable sur la majeure partie de son cours entre juillet et janvier. Le fleuve Sénégal est navigable de Kayes à Saint-Louis du Sénégal. Une voie ferrée relie Koulikoro, Bamako et Kayes au port de Dakar. Près de Bamako se trouve un aéroport international.

L’unité monétaire est le franc CFA, divisible en 100 centimes et dévalué de moitié en janvier 1994. Elle est émise par la Banque centrale des États d’Afrique occidentale — durant la présidence de Modibo Keita, son premier chef de l’État, le Mali avait quitté la zone franc et créé sa propre monnaie, le franc malien.

Les principales exportations concernent le coton, le bétail, les arachides et le poisson. Le pays importe essentiellement des produits pétroliers, des véhicules automobiles, des produits alimentaires, des machines et des produits chimiques. Les principaux fournisseurs du Mali sont la France, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ; à l’exportation, la Chine occupe une place prépondérante.

5 HISTOIRE
5.1 Le Mali des grands empires

L’adrar des Iforas est riche en vestiges néolithiques, témoignant de l’époque (Ve millénaire avant notre ère) où le Sahara était une savane. Les migrations des populations sahariennes vers la vallée du Niger débutent au iiie millénaire alors que le climat se fait plus aride. À l’aube de notre ère, le delta intérieur du fleuve est déjà au cœur des échanges entre la savane et le désert. Les premières cités s’y développent, telle Jenné-Jeno (ou Djenné-Jéno), près de l'actuelle Djenné. Le commerce transsaharien du sel et de l’or fonde la prospérité de l’empire du Ghana, érigé par les Soninké, vers le ve siècle apr. J-.C., dans cette région du Soudan occidental, entre les fleuves Niger et Sénégal. En 1076, l’empire succombe sous les coups des Almoravides berbères, qui ont entrepris l’islamisation de l’Afrique occidentale. C’est à cette époque que les Bambara s’établissent dans la région. Au xiiie siècle, le Ghana, redevenu un royaume est absorbé par l’empire du Mali, qui contrôle les gisements aurifères du Haut-Sénégal-Niger et qui, à son apogée, sous le règne de Kankan Moussa, étend son influence sur toute la savane de l’Ouest africain, jusqu’à l’Atlantique. Djenné, Gao et Tombouctou commencent à devenir de grands centres commerciaux, artistiques et intellectuels de l’islam soudanais. Leur rayonnement s’accroît encore après que l’empire du Mali s’est effacé, au xve siècle, au profit du royaume de Gao. Les armées de Sonni Ali, puis d’Askia Mohammed diffusent l’islam à travers la savane et donnent à Tombouctou son rayonnement. Au maximum de son extension, le royaume de Gao, devenu l’Empire songhai, couvre la plus grande partie du Mali moderne, englobe à l’ouest des territoires de l’actuelle Guinée et étend son influence jusqu’à Kano, au nord du Nigeria. L’Empire est détruit par une expédition marocaine en 1591.

Durant les xviie et xviiie siècles, le territoire malien est morcelé en plusieurs petits États, dont celui de Ségou fondé par les Bambara. Ces derniers, comme les Dogon, ont résisté à l’islamisation. Ils sont la cible de la guerre sainte menée, dans la seconde moitié du xixe siècle, par le chef musulman El-Hadj Omar, fondateur d’un empire toucouleur, s’étendant de Tombouctou jusqu’aux sources du Niger et du Sénégal — ce dernier, poursuivi par les Peul et les Bambara meurt en 1864, à Bandiagara.

5.2 La période coloniale

La conquête française de la région est organisée par Joseph Gallieni, qui, à partir de 1880, mène des combats meurtriers contre les troupes de Samory Touré, chef de guerre malinké et fondateur d’un empire dans le Haut-Niger, et contre les Toucouleur, qui résistent au nord (siège de Médine contre les Français). En 1898, la conquête est achevée. Le Mali, une partie de la Mauritanie, du Burkina et du Niger actuels sont intégrés à l’Afrique-Occidentale française. En 1904, ces territoires forment la colonie du Haut-Sénégal-Niger, dont la capitale est Bamako. Elle devient, en 1920, le Soudan français après que la Haute-Volta (aujourd’hui Burkina) en eut été détachée l’année suivante.

La colonie fait l’objet d’une politique de valorisation économique, qui s’accompagne du recours au travail et à la conscription forcée. Toute activité politique est, en revanche, interdite aux colonisés jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 1946, à Bamako, est constitué le Rassemblement démocratique africain (RDA), qui mène la lutte pour l’indépendance de l’Afrique occidentale. Sa section malienne, l’Union soudanaise, est dirigée par Modibo Keita.

En 1956, le Soudan français accède à l’autonomie interne et devient, deux ans plus tard, une république au sein de la Communauté française. Le 17 janvier 1959, il se joint au Sénégal pour former la fédération du Mali, qui se proclame indépendante le 20 juin 1960. Cette fédération éclate en septembre, en partie à cause de la rivalité entre Léopold Sédar Senghor et Modibo Keita, deux figures du nationalisme africain. L’ancien Soudan français conserve le nom prestigieux de Mali et Modibo Keita demeure président de la nouvelle république du Mali, proclamée le 22 septembre 1960. Le même mois, le nouvel État devient membre de l’Organisation des Nations unies (ONU).

5.3 La dictature de Moussa Traoré (1968-1991)

Le Mali, sous la direction de Modibo Keita, qui fonde son pouvoir sur l’US-RDA, seul parti représenté à l’Assemblée, poursuit une politique de développement économique guidée par les principes du socialisme étatiste. L’échec de cette politique provoque, en novembre 1968, un coup d’État militaire qui porte au pouvoir le lieutenant Moussa Traoré. Celui-ci interdit tout groupement politique, avant de créer, en 1979, un parti unique, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM). Le régime dictatorial de Moussa Traoré se révèle incapable de faire progresser l’économie de façon appréciable. De 1968 à 1974, puis de 1983 à 1985, des sécheresses persistantes entraînent des famines, tandis que l’État épuise ses maigres ressources dans un différend frontalier avec le Burkina. Le contentieux territorial, portant sur la bande d’Agacher, s’aggrave jusqu’à provoquer un affrontement armé entre les deux pays, en 1985. Il est réglé en 1986 par la Cour internationale de justice.

Cette même année est marquée par d’importantes grèves étudiantes et syndicales. Au mécontentement causé par la crise économique, à l’impopularité des plans d’ajustements structurels mis en œuvre à partir de 1981, s’ajoute l’aspiration démocratique, qui se traduit, en 1990, par la formation de trois mouvements politiques d’opposition. Dans le même temps, la rébellion armée des Touareg reprend avec vigueur au nord. La répression brutale par l’armée des manifestations populaires en faveur de la démocratisation aboutit au renversement de Moussa Traoré, en mars 1991.

5.4 Le retour à la démocratie
5.4.1 Les deux mandats d’Alpha Oumar Konaré (1992-2002)

Au lendemain de la chute de Moussa Traoré, les libertés publiques sont rétablies par un Comité transitoire pour le salut du peuple, dirigé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré et sous l’égide duquel sont organisées les premières élections libres du Mali indépendant. En février 1993, l’ancien dictateur est condamné à mort au terme d’un procès exemplaire — sa peine est commuée en détention à perpétuité en 1997. Le nouveau régime, présidé à partir d’avril 1992 par Alpha Oumar Konaré, un professeur d'histoire qui a manifesté sa volonté de résoudre le conflit touareg, mais aussi la crise sociale, par la négociation. Ses efforts pour renforcer la démocratie demeurent cependant menacés par la persistance des difficultés économiques et une forte corruption.

En mai 1997, le président Konaré est réélu avec plus de 80 p. 100 des suffrages exprimés — l’opposition a appelé au boycott en raison de l’annulation des élections législatives du mois d’avril pour mauvaise organisation du scrutin. Son parti, l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA), continue cependant de dominer la scène politique à l’occasion des élections législatives (1997) et municipales (1999). Avec un budget plus ou moins en équilibre, et la bonne image que présente son président qui affiche un train de vie modeste, le Mali est souvent cité comme un pays de « bonne gouvernance «.

Les difficultés auxquelles doit faire face le gouvernement, dirigé à partir de février 2000 par Mandé Sidibé, qui succède à Ibrahim Boubacar Keïta, sont cependant nombreuses. L’armée malienne est notamment obligée d’intervenir dans le nord du pays en raison d’une insécurité croissante. Sur le front économique, le Mali est victime d’une grave crise énergétique et d’une chute importante des cours mondiaux du coton et de l’or, principales sources d’exportation. Reconnu comme un « pays pauvre très endetté « (PPTE), le Mali doit pouvoir bénéficier de l'effacement d'une partie de sa dette. Conformément à la volonté des instances financières internationales, le gouvernement malien s’engage à mieux lutter contre la corruption et à développer le programme de privatisations. Enfin, l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations au début de l’année 2002, qui a nécessité de lourds et coûteux travaux (construction de nouveaux stades, d’aéroports, de routes, etc.) n’a pas les retombées économiques attendues. Ces dépenses sont en outre mal perçues au sein d’une certaine partie de l’opinion publique malienne, compte tenu des efforts à consentir dans les domaines scolaire et sanitaire.

Le deuxième mandat du président Konaré s’achève ainsi sur un bilan contrasté, qui n’est pas exempt de critiques sur sa mauvaise gestion, la corruption persistante et la paupérisation.

5.4.2 La présidence d’Amadou Toumani Touré (2002- )

L’élection présidentielle de 2002, à laquelle le président sortant accepte de ne pas concourir, conformément à la Constitution, se déroule dans un contexte de défiance de l’opinion publique à l’égard de la classe politique traditionnelle. Vingt-quatre candidats sont en lice, signe des divisions internes qui fragilisent aussi bien le parti au pouvoir, l’ADEMA, que les partis d’opposition. Parmi eux se distingue Amadou Toumani Touré, dit « ATT «, ancien chef de l’État ayant assuré la transition démocratique entre 1991 et 1992 après avoir déposé Moussa Traoré. Fort de sa popularité et de son image de rassembleur en dehors des partis, Amadou Toumani Touré remporte l’élection du 12 mai 2002 avec 64,35 p. 100 des suffrages, contre 35,5 p. 100 pour Soumaïla Cissé, candidat issu de l’ADEMA. Alors que la « réconciliation nationale « a constitué un des grands thèmes de la campagne électorale, et que la plupart des candidats, dont Amadou Toumani Touré, se sont prononcés en faveur de la libération de Moussa Traouré, la fin du mandat du président Konaré est marquée par sa décision de gracier l’ancien dictateur.

La nouvelle présidence malienne innove en gouvernant sur la base du consensus et de la technocratie. Ses efforts de bonne gouvernance et d’assainissement de l’économie sont récompensés en 2005 par l’annulation de la dette multilatérale. L’accent est mis sur les infrastructures routières visant à désenclaver le pays, ainsi que sur l’accès aux services de base (santé, éducation, logement, eau, électricité) et l’emploi des jeunes, durement frappés par le fléau d’un chômage endémique alimentant une importante émigration. Le Mali est cependant exposé à une conjoncture régionale troublée par la survenue en 2002 d’un conflit armé en Côte d’Ivoire. Comme d’autres pays sahéliens, il est frappé en 2004-2005 par les effets conjugués d’une invasion de criquets migrateurs et d’un déficit pluviométrique entraînant une grave crise alimentaire ; la croissance économique est en outre soumise aux fluctuations des cours du coton, qui constitue la principale ressource d’exportation du pays (avec l’or). En politique extérieure, Amadou Toumani Touré se montre un médiateur actif (notamment dans la crise ivoirienne) et renforce le poids politique du Mali sur la scène régionale et continentale en matière de maintien de la paix (en République centrafricaine, en Sierra Leone et au Liberia) ou au sein de l’Union africaine (UA), de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou encore de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ; au sein de l’OMC, il œuvre aussi pour la défense de la production cotonnière africaine. Il est réélu en 2007 et s’engage à être « l’artisan du véritable décollage économique et social du Mali «, qui demeure l’un des plus pauvres du monde.

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