Mallarmé : pratique et poésie de l'Idée
Publié le 07/04/2012
Extrait du document
Affres du passé nécessaires
Agrippant comme avec des serres
Le sépulcre de désaveu
l'idée de «désaveu« se concrétise d'abord dans le motif du «sépulcre«, mais se fractionne encore, selon la distance
temporelle, en deux «motifs égaux« : le passé angoissant, et l'oiseau de proie présent qui en témoigne et s'oppose à toute résurrection; le désaveu s'explique comme une peur du passé provoquant (le sentiment de) la mort au présent, suite quasiment logique, donc «nécessaire«. Il n'est pas surprenant que Mallarmé ait dû rompre toutes les règles de la syntaxe pour réaliser sa plus haute idée du vers: celle d'une musique mentale.
«
UN MONDE OU L'ON S'ENNUIE 411
souffrit de ce que ses réflexions sur le statut de la poésie -
réflexions nocturnes qui ruinaient sa santé- compliquaient sa position sociale.
Avant la période parisienne, qui commença en 1871, son travail poétique était comme une crise continue dont sortit, en 1869, le conte inachevé d'lgitur, préparé par
les premières parties des
«Noces d'Hérodiade», ce rêve
abstrait
d'une Salomé pure et inexorable qui figurait la conscience se réfléchissant en elle-même, donc, déjà, un
certain retrait poétique, voire une négation de tout ce qui
relèverait du monde concret.
Cette tendance est confirmée
par le premier «Faune».
véritable rêverie sur l'inspiration
poétique située dans les profondeurs psychologiques plus que
dans le réel contingent.
Mallarmé installait comme un voile entre ce qu'il appelait
le Rêve, et le monde; c'est donc par une sorte de complé
mentarité que, durant les années soixante-dix, il assume
l'aliénation
en acceptant la «diversion» dans le concret avec la gazette La Dernière Mode qu'il rédige lui-même, et les
Thèmes anglais et Mots anglais (livres prétendument scolaires), en même temps qu'il s'éloigne définitivement des
Parnassiens.
Ceux-ci, disait-il, présentaient les objets directement ; lui trouvait que « la contemplation des objets, l'image s'envolant des rêveries suscitées par eux, sont le chant».
Voyez L'Après-midi d'un faune ; le faune regarde vers
l'intérieur et ne voit dans l'extérieur que les symboles de ses
propres
«désirs».
L'individualité, dont il sentait un« inexpliqué besoin».
naît
alors d'une rupture radicale entre l'action extérieure et
l'écriture.
Existence du poète: il vit« antérieurement selon un
pacte avec la
Beauté».
Effet de la poésie : le poète «éveille,
par le chant, l'ordonnateur de fêtes en chacun».
Dans le
poème «Salut», qu'il place en tête du recueil de Poésies paru
en 1899, c'est la solitude qui reçoit son hommage, mais la
solitude-étoile, dont l'éternelle lumière éclaire le monde plongé dans la nuit.
Ainsi, devant l'« effervescence
préparatoire» de l'époque, l'acte d'écrire devenait Valeur
suprême et Action essentielle.
Le vers lui-même devenait
technique et connaissance
à la fois, ou technique de la
connaissance tout court : «extériorité et moyen>>, qui créent
«l'ordre absolu>>.
En face des dehors sociaux et mondains, il fallait respecter le «bondissement allègre intérieur>> et
remonter aux sources de chacun, «se moduler, à son gré>>..
»
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