Manhattan Transfer
Publié le 06/04/2013
Extrait du document
La publication de Manhattan Transfer (1926) a fait dire de Dos Passos qu'il était « le premier grand romancier collectiviste américain «. Avant de réaliser cet ouvrage, l'écrivain a voyagé comme reporter en France, en Espagne, au Mexique, au Moyen-Orient. De cette expérience de journaliste, il a tiré à la fois son sens de l'actualité et son radicalisme politique...
«
« Le fiacre tourne court sur une place
aveuglante de soleil
qui dégage une
odeur d'asphalte et de foule.»
EXTRAITS
Le secret du succès de l'ex-roi
de Wall
Street
Mais il vous tarde de connaître mon secret,
vous pensez que vous pourre z vous en servir.
Eh bien,
pas du tout.
C'était une cravate
en soie bleue que
ma mère m'avait
tricotée quand j'étais
gosse.
Ne riez pas,
sacré
nom de Dieu ! ...
Non,
je ne cherche
pas à vous faire
marcher.
C'est tout
simplement un autre
exemple de l'impor
tance prédominante
de la chance.
Le
jour où je me suis
risqué avec un autre
type à mettre un mil
lier de dollars
sur
des Louisville et
Nash ville, je portais
cette cravate.
Ça a
monté de vingt-cinq
points en vingt-cinq
minutes .
C'était le
c ommen cement.
Ensuite,
j'ai remarqué peu
à peu que chaque fois que
je ne portais pas
cette cravate ,
je perdais.
Elle était devenue
si vieille et si déchirée que
j'ai essayé de la
promener dans ma poche.
Ça ne produisait
ri en de bon.
Il
fallait que je la porte,
comprene z-vous?
...
Le reste, c'est la vieille,
vieille histoire, messieurs ...
Il y avait une
f e mme ,
le diable l'emporte , et je l'aimais .
J e voulais lui montrer qu'il
n'y avait rien au
monde que
je ne fisse pour elle et je la lui ai
donné e.
J'ai fait comme si c'était une
blague, et j'ai rigolé.
Elle a
dit: « Oh! elle
n 'est bonne à rien , elle est tout usée
» ; et
elle
l'ajetée au feu ...
Haine de la petite bourgeoisie
de
New York pour les étrangers
L'oncle Jeff parlait d'une voix sonore, entre
chaque cuillerée.
Je vous le répète , Wilkinson, New
York
n'est plus comme autrefois , quand Émily
et moi y sommes venus nous y installer,
environ
le temps où l'Arche abordait ...
La
ville est envahie par les youpins et les
Irlandais de la plus basse catégorie ,
c'est
de là que vient tout le mal.
Dans dix ans, un
chrétien
n'y pourra plus vivre.
Je vous le
dis, les catholiques et les juifs finiront
par
nous chasser de notre pays.
Voilà ce qu'il
feront.
- C'est une Nouvelle
Jérusalem, dit tante Émily
en riant.
-
Oh! il n'y a pas de quoi
rire.
Quand un homme a
peiné toute sa vie pour met
tre une affaire sur pied, il ne
tient
pas à être mis dehors
par un tas de sacrés étran
gers, n'est-ce pas, Wilkinson ?
- Jeff, voyons, tu
t'éner
ves ...
Tu sais bien que c'est
contraire à tes digestions.
-
Je resterai calme, maman.
- Le gros défaut de ce pays-
ci, Mr.
Merivale ...
(Mr.
Wil
kinson fronçait les sourcils
gravement .) Les gens de ce
pa ys-ci sont trop tolérants.
Il
n'y a pas d'autre pays au monde où on per
mettrait cela ...
Après tout, c'est nous qui
avons fait ce pays, et nous permettons à un
tas d'étrangers,
le rebut de l'Europe, la lie
des ghettos de Pologne,
d'y venir et de le di
riger à notre place.
Traduction de Maurice-Edgar Coindreau.
Gallimard, 1928
« L'homme déguenillé
qui regardait les gra
vures d'un journal du
dimanche avait une
figure qui ne lui était
pas inconnue.
»
NOT ES DE L'ÉDITEUR
L'œuvre de Dos Passos (1896-1970), né à
Chicago,
d'une famille d'immigrants
portugais , marque un tournant dans la
littérature américaine.
années
vingt.
Au désenchantement de la
" génération perdue " succède un roman
engagé, et au lyrisme désespéré des héros
solitaires de Hemingway et de Fitzgerald
une épopée de l'aliénation sociale, où les
destins individuels se confondent dans une
catastrophe collective.
» Jacques Cabau.
Quant
à la technique de découpage et de
montage employée par le romancier, elle fit
sensation à l'époque.
Sartre , qui considérait
Dos
Passos comme « le plus grand écrivain
de notre temps
», a imité cette technique .
«Contemporain de Fitzgerald et de
Hemingway , note le critique et historien
Jacques Cabau, il apprit à écrire dans le
Montparnasse des années folles.
Mais sa
réputation de
" romancier social " le
rattache plutôt à la crise économique des
année s trente
qu'à" l'âge du jazz" des Troisième
roman de !'écrivain,
Manhattan
Transfer
est une sorte d' «odyssée
réaliste », dans laquelle « lentrelacs des
récits réduit les destinées individuelles au
commun dénominateur de l'aliénation
sociale .
» Jacques Cabau.
En
ce qui concerne les positions politiques
du romancier, il est important de noter
qu'elles se modifieront par la suite : à
partir de 1938, il amorcera
un tournant
et se fera 1 'écho des désillusions de la
gauche.
1 cat alo gu e.
»
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