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Marcel ARLAND, Terre Natale

Publié le 07/01/2012

Extrait du document

Un coin de sable, un arbre, un mur, oui, c'était là sans doute mon décor et la source de ma joie. Mais ce coin de sable avait une ampleur de citadelle, où les plus belles aventures pouvaient naître, et cet arbre, dont le tronc, dès la base, se partage en deux branches, c'est son déchirement, sa figure intime, son être propre qui m'émouvait comme un visage et plus qu'un visage. Car tout prenait une Ame; il n'était que de rester sencieux, immobile, pour la sentir; et le monde se peuplait ainsi de compagnies amicales et stables, d'autant plus précieuses que nul que moi ne semblait les reconnaître.

Chers refuges. Il m'arrivait, après une journée d'école, de courir jusqu'à une lande, derrière le village, ou à une baraque de cantonnier, au bas de la dite, ou simplement au jardin. Et souvent, maussade, énervé, je ne voyais rien survenir, tout me semblait fermé. J'attendais vainement une heure; je me sentais au comble de la misère. Soudain, je ne sais pourquoi, je ne sais comment, tout est changé; le monde s'est ouvert; je perçois un chant de grillon : comment ne l'avais-je pas entendu, si régulier et strident? Un poirier tremble; une odeur de menthe me serre la gorge. Cet air rif, cette rumeur des peupliers sur la route, ces nuages agUes dans un ciel pensif : voilà ma vie. J'ouvre, je ferme les mains, je respire à peine; mais tout cela respire pour moi. C'est un peu de moimême et je suis un peu de l'arbre déchiré, de la terre humide, du vent tiède, un peu de l'heure aussi qui a son visage, mon visage.

Marcel ARLAND, Terre Natale, 1938.

Vous étudierez ce texte sous forme de commentaire composé. Vous pourrez vous interroger, par exemple, sur la manière dont l'auteur fait revivre l'enfant qu'il a été, sur la nature des rapports que ce dernier créait et entretenait avec le monde, et sur les rythmes qui caractérisent cette page.

« les"· B.O.

du 7 juillet 1983, transmettant la note de service n° 83-245 du 27 juin 1983.

1.

1"' approche du texte.

Elle révèle : a) • Quelques simples éléments naturels " un coin de sable " ll'indéfini supprime toute recherche « un arbre " préférentielle «un mur» donc tout ce qui représente un peu de nature, • Voilà qui est bon et suffisant - pour rendre le jeune Marcel heureux : « Source de ma joie ,.

: terme clef; - servir de tremplin à son imagination : « les plus belles aventures pouvaient naître "• autre terme clef (valeur d'ana ­ lyse et de recherche du style à ce propos : certaines tournures sont comme des pauses au milieu du mouvement narratif - les deux citées en particulier).

• Le reste des phrases est tendu d'une passion sous-jacente avec même des mouvements internes analogues à ceux d'une construction dramatique : narration puis révélation aussi bien dans le premier que dans le second paragraphe.

Citer - La structure de chaque paragraphe forme d'ailleurs un tout que l'on retrouve de l'un à l'autre- citer.

• Ainsi nature pour.

enfant : rôle d'éducatrice, de confi­ dente, d'amie.

b) • Elle est même un asile: "Chers refuges » - autre terme clef.

• L'enfant se rend dans tel « coin " de nature.

Il demande - il attend d'elle.

Véritable travail de rythmes qui donne le ton de cette attente- citer.

• Tant que la nature n'y répond pas, il est " au comble de la misère ,.

- terme pascalien : • " Misère de l'homme » sans cette nature, qui lui permet d'exister.

• Souffrance dans cette absence de manifestation de l'être.. »

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