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Marcel ARLAND, Terre natale (commentaire de texte)

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Un coin de sable, un arbre, un mur, oui, c'était là sans doute mon décor et la source de ma joie. Mais ce coin de sable avait une ampleur de citadelle, où les plus belles aventures pouvaient naître, et cet arbre, dont le tronc, dès la base, se partage en deux branches, c'est son déchirement, sa figure intime, son être propre qui m'émouvait comme un visage et plus qu'un visage. Car tout prenait une âme; il n'était que de rester silencieux, immobile, pour la sentir; et le monde se peuplait ainsi de compagnies amicales et stables, d'autant plus précieuses que nul que moi ne semblait les reconnaître. Chers refuges. Il m'arrivait, après une journée d'école, de courir jusqu'à une lande, derrière le village, ou à une baraque de cantonnier, au bas de la côte, ou simplement au jardin. Et souvent, maussade, énervé, je ne voyais rien survenir, tout me semblait fermé. J'attendais vainement une heure; je me sentais au comble de la misère. Soudain, je ne sais pourquoi, je ne sais comment, tout est changé; le monde s'est ouvert; je perçois un chant de grillon : comment ne l'avais-je pas entendu, si régulier et strident? Un poirier tremble; une odeur de menthe me serre la gorge. Cet air vif, cette rumeur des peupliers sur la route, ces nuages agiles dans un ciel pensif : voilà ma vie. J'ouvre, je ferme les mains, je respire à peine; mais tout cela respire pour moi. C'est un peu de moi-même et je suis un peu de l'arbre déchiré, de la terre humide, du vent tiède, un peu de l'heure aussi qui a son visage, mon visage.

« c) • Puis révélation : véritable effet dramatique - si l'on prend ce terme dans le contexte d'une dynamique du récit. • Terme charnière-pivot : « soudain ». • Essentiel aussi : « tout est changé : le monde s'est ouvert ». • Chaque élément est enfin perçu dans ses manifestations simples : - un chant (grillon) - un mouvement (poirier), - une odeur (menthe), - un ensemble vivant (qualité de l'« air », « rumeur » des arbres, mouvement des « nuages »). • Même le « ciel » est perçu comme être pensant, - ou sentimental? : « ciel pensif ». • Extraordinaire travail des phrases et cadences pour parvenir à la révélation, puis à la fusion parfaite dans le tout. • L'enfant s'identifie au monde. • Sens du tout.

Donc véritable panthéisme enfantin, spontané, confiant... • Mais aussi sorte de poème en prose où cadences suivent deux niveaux : sensations et sentiments de l'enfant etceux de l'adulte retrouvés en écrivant.

Car : II.

2e approche du texte, • qui permet de joindre et déceler les rapports entre l'auteur adulte Marcel Arland et l'enfant Marcel dont il évoquele souvenir. a) • Il le voit d'abord dans le passé, d'où l'emploi de l'imparfait.

Il analyse alors les réactions de l'enfant qu'il était : - amour pour plantes comme si elles étaient humaines.

Exemple arbre (premier paragraphe) : termes très précis : «déchirement », « figure intime », « être propre »; donc l'enfant lui prête une véritable essence, physique et morale; - identité multipliée encore par les possessifs son, sa, son appliqués aux termes ci-dessus; - identification avec être humain traduite par «visage», mais il ne s'agit pas seulement de traits; « plus qu'un visage» fait allusion à la physionomie avec les expressions qui révèlent pensée et sentiments. • « Car », terme pivot du 1er paragraphe ouvre le monde enchanté de l'enfance.

Cf.

L'Enfant et les sortilèges deColette ou les Contes d'Andersen on Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll...

où meubles, jouets, animaux...parlent et vivent humainement. • « Tout prenait une âme ».

Expression clef. • Cette transfiguration en êtres humains est à la fois : - magique : « le monde se peuplait ainsi de compagnies amicales et stables », puisque c'est le monde qui agit; - et création de l'imagination enfantine qui a même ses recettes pour réussir : « il n'était que » (formule un peu recherchée = il suffisait de) : silence et immobilité. Acte entièrement volontaire et vivant. • Devenu adulte, il revit les moments pénibles, aliénés par « une journée d'école ».

Ton du récit : « il m'arrivait decourir...

»; précision sur les lieux où il se réfugiait : « lande » -« derrière le village »; ou « baraque de cantonnier » -« au bas de la côte »; donc vision très localisée. Même une nature travaillée par l'homme suffit : « simplement au jardin ». • Il revit ses états d'âme d'autrefois :. »

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