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Marguerite YOURCENAR. Archives du nord (extrait)

Publié le 22/03/2011

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yourcenar

Au début de son livre, Marguerite Yourcenar évoque la terre des âges primitifs.    Tournons avec la terre qui roule comme toujours inconsciente d'elle-même, belle planète au ciel. Le soleil chauffe la mince croûte vivante, fait éclater les bourgeons et fermenter les charognes, tire du sol une buée qu'ensuite il dissipe. Puis, de grands bancs de brume estompent les couleurs, étouffent les bruits,. recouvrent les plaines terrestres et les houles de la mer d'une seule et épaisse nappe grise. La pluie leur succède, résonnant sur des milliards de feuilles, bue par la terre, sucée par les racines ; le vent ploie les jeunes arbres, abat les vieux fûts, balaie tout d'une immense rumeur. Enfin, s'établissant de nouveau, le silence, l'immobile neige sans trace sur son étendue que celle des sabots, des pattes ou des griffes, ou que les étoiles qu'y gravent en s'y posant les oiseaux. Les nuits de lune, des lueurs bougent sans qu'il soit besoin d'un poète ou d'un peintre pour les contempler, sans qu'un prophète soit là pour savoir qu'un jour des espèces d'insectes grossièrement caparaçonnés s'aventureront là-haut dans la poussière de cette boule morte. Et, quand la lumière de la lune ne les occulte pas, les étoiles luisent, à peu près placées comme elles le sont aujourd'hui, mais non encore reliées entré elles par nous en carrés, en polygones, en triangles imaginaires, et n'ayant pas encore reçu des noms de dieux et de monstres qui ne les concernent pas.    Vous ferez un commentaire composé de ce passage. Vous pourrez vous appuyer, par exemple, sur une étude de la composition ou de l'ordre de succession des notations.

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