Mari

Mari, ancienne cité mésopotamienne située sur la rive droite de l’Euphrate, à Tell Hariri, en Syrie, près de la frontière irakienne. Elle fut occupée de la fin du IV^e millénaire av. J.-C. jusqu’à l’époque séleucide.

Ses vestiges architecturaux les plus remarquables sont ceux de l’immense palais de Zimri-Lim, daté du début du XVIII^e siècle av. J.-C. Ses murs exceptionnellement bien conservés s’élèvent encore sur une hauteur de 5 m et certaines portes étaient en place lorsque les fouilleurs dégagèrent les ruines. Le site a aussi livré plus de 15 000 tablettes d’argile gravées en écriture cunéiforme, une partie des archives royales, et de nombreuses statues de divinités, de souverains, de gouverneurs et autres personnages, dont la plus célèbre est la déesse « au vase jaillissant « — un système ingénieux permettait d’en faire réellement jaillir de l’eau — ainsi que quantité d’objets humbles ou précieux, dont le fameux aigle léontocéphale en or et lapis-lazuli.

Mari était mentionnée dans des textes anciens comme une importante cité, mais son emplacement avait été oublié. Des fouilles furent entreprises en 1933 à Tell Hariri par André Parrot qui les dirigea jusqu’en 1974. La fouille, l’étude du site et le déchiffrement des tablettes cunéiformes sont poursuivis par des chercheurs français du CNRS et de l’École pratique des hautes études. La fouille de Mari, comme celles d’Ougarit et d’Elba, entre autres, a mis en évidence l’importance du développement des centres urbains syriens dès le III^e millénaire avant notre ère. On pensait auparavant que seul Sumer constituait un royaume puissant à cette époque et que la Syrie, après avoir joué un rôle primordial dans la néolithisation (voir néolithique), n’était pas encore passée au stade de l’urbanisation.

La plus ancienne occupation de Mari date de la fin du IV^e millénaire av. J.-C., époque de formation en Mésopotamie de la culture sumérienne (voir Mésopotamien, art). Très excentrée, Mari appartient quand même au monde sumérien comme en témoignent ses vestiges artistiques et culturels, mais les noms de ses dieux et les noms propres en général qui y furent relevés indiquent que sa population était d’origine sémitique. C’est donc par référence aux actuelles familles de langue sémitique (hébreu, arabe) que les tablettes de Mari sont déchiffrées.

Dans la première moitié du III^e millénaire av. J.-C. furent construits une ziggourat — construction à étages en retrait les uns par rapport aux autres, typique de l’architecture religieuse mésopotamienne — et des temples au dieu Soleil Shamash, à Ishtar, déesse de la Guerre et de l’Amour, à Ishtarat (assimilée à Ishtar), à Dagan, divinité locale, et à Ninni-Zaza. Un édifice dit « palais « dont la fonction n’est pas clairement établie date de la même époque. Une des inscriptions relevées indique que Mari était alors en relation avec les puissantes villes d’Ur et d’Ebla. Le « palais « fut détruit vers le milieu du XXV^e siècle av. J.-C. Mari fut ensuite subordonnée à Ur, au sein de l’Empire akkadien, empire sémitique fondé par Sargon l’Ancien au XXIII^e siècle av. J.-C., puis à diverses dynasties conquérantes (d’Isin, assyrienne).

La dynastie amorite marqua l’apogée du site : le palais de Zimri-Lim s’étendait au XVIII^e siècle av. J.-C. sur une superficie de 0,25 ha. Il est ceinturé d’une énorme muraille de briques crues, qui peut atteindre plus de 15 m d’épaisseur, percée d’une unique porte défendue par des tours. Le palais est agencé en quartiers : appartements royaux, salles de réception, administration, école des scribes, sanctuaires, cuisines, ateliers. Les pièces donnent sur des cours intérieures, comme dans toute maison mésopotamienne. Le palais comporte environ 300 pièces et cours, rien qu’au rez-de-chaussée. Les murs très épais — jusqu’à 7 m — supportaient peut-être un étage. Certains sont peints de scènes cérémonielles. Vers 1755 av. J.-C., Mari fut prise par Hammourabi, roi babylonien de la dynastie amorite qui constitua un véritable empire, bien qu’il fût éphémère. Mari semble ensuite perdre de l’importance.