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Marie-Antoinette, lettre à l'empereur Léopold II (extrait)

Publié le 14/04/2013

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Intrigante et intransigeante, Marie-Antoinette s’oppose à tout compromis avec les révolutionnaires. Elle ne souhaite qu’une chose : que son frère, l’empereur Léopold II, lui promette secours et, à la tête d’une coalition européenne, fasse marcher ses troupes sur Paris pour libérer la famille royale. Le 11 mai 1791, dans une lettre destinée à son frère, elle fait état de ses manigances et expose son souci de s’enfuir. Elle met son projet à exécution le 21 juin : ce sera l’épisode de la fuite de Varennes.

Lettre de Marie-Antoinette à l’empereur Léopold II, 11 mai 1791

 

Les détails que j’ai appris par M. de La Marck, me font frémir sur les difficultés et dangers d’une fuite ; elle exige un concours nombreux de fidèles et ils sont tous dispersés. Cette démarche est le terme extrême de réussir ou périr. Les choses en sont-elles au point de rendre ce risque indispensable ? C’est ce dont je ne puis juger d’ici. D’après les assertions de M. de La Marck, il pourrait survenir des chances moins défavorables. Je n’adopte pas en totalité sa manière de voir, mais j’y trouve des vérités palpables dans les détails, et nommément celle qui porte à feindre un abandon sans réserve au système de la révolution, et une popularité illimitée ; c’est le seul moyen d’endormir la nation, de dérouter les factieux, de gagner du temps, et ce serait tout gagner. Le moment est affreux au-dedans et au-dehors par la difficulté des secours extérieurs, l’empereur étant menacé d’une guerre. [...] J’ai suggéré à Vienne que l’on s’expliquât avec l’Angleterre sur les affaires de France ; cela forcerait le cabinet de Londres de se déclarer, et on saurait au moins à quoi s’en tenir de ce côté-là. Je n’ai rien dit au comte de La Marck des projets que je connais. Il a réellement du zèle ; je crois que l’on peut y compter et qu’il est à même de se rendre très utile dans toutes les conjonctures. Ce qui doit maintenant occuper le plus, est de pourvoir à la sûreté personnelle, et il n’est sorte de moyens que je ne conseillasse pour y parvenir. Il est impossible que les horreurs présentes soient durables ; tout tient à se conserver, à attendre un calme dans l’Europe et à ôter aux scélérats tout prétexte à des forfaits.

 

 

Source : Flaissier (Sabine), Marie-Antoinette en accusation, Paris, Julliard, 1967.

 

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