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Marie Dorval

Publié le 06/07/2012

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« plus belles et les plus som­ bres.

Vigny, qui voit en Marie « la première tragédienne exis­ tante », regrette qu'elle com­ promette son talent dans des œuvres mineures et écrit pour elle La Maréchale d'Ancre.

En 1831, il fait son éloge dans une « Lettre parisienne » publiée dans le journal I..:Avenir : « Ma­ dame Dorval fait une sorte de miracle, car elle met des pa­ roles plates et totalement insi­ gnifiantes sur un ton si pathé­ tique, si passionné, si chaleu­ reux, que l'on se figure avoir compris et que l'on pleure sur sa parole».

Le poète a perçu ce qui fait le talent de la comé­ dienne : un magnétisme dû à un jeu réaliste, intense, qui suscite l'émotion.

Théophile Gautier, tout aussi admiratif, souligne dans son Histoire du ro­ mantisme que l'artiste a « des cris d'une vérité poignante, des sanglots à briser la poitrine( ...

), des larmes si sincères que le théâtre était oublié, et qu'on ne pouvait croire à une douleur de convention ».

Dumas, Vigny, Hugo Marie Dorval triomphe dans les grands mélodrames, comme Dix ans de la vie d'une femme d'Ani­ cet Bourgeois en 1831.

Elle est «charmante à voir», avec sa taille souple et ses yeux de biche.

Son amoureux le consta­ te alors qu'il assiste aux répéti­ tions d'Antony, d'Alexandre Du­ mas.

Mais la vie de sa tendre maîtresse n'est pas .de tout repos.

Pour pouvoir payer ses dettes, la comédienne multi­ plie les tournées en province, et ces longues séparations per­ turbent les relations des deux amants.

Marie interprète pour­ tant avec succès les pièces de Vigny: en mai 1833, elle joue à l'Opéra la comédie Quitte pour la peur et, en 1835, Chatterton au Théâtre-Français.

La même année, Angelo, tyran de Padoue, de Victor Hugo, réunit les deux actrices phares de l'époque, mademoiselle Mars et Marie Dorval.

Hugo sied à Marie, qui triomphe encore en 1838 dans une reprise d'Herna­ ni et dans la création de Marion Delorme.

Mais elle ne supporte plus les brimades de ses par­ tenaires, qui ne l'ont jamais acceptée, et quitte le Théâtre­ Français pour des salles moins prestigieuses.

C'est alors que sa vie commence à basculer.

Elle a une relation malheureu­ se avec Jules Sandeau, ancien amant de George Sand.

De son côté, Vigny est amoureux d'une !ftœEDITIONS ~ATLAS LE TRIOMPHE DE > Victor Hugo, Alfred de Vigny et Alexandre Dumas se sont alliés pour faire entrer Marie Dorval au Théâtre-Français.

En 1835, Louis-Philippe qui, pour satisfaire Vigny, bien en Cour, a imposé Chatterton à la Comédie-Française, pense à mademoiselle Mars pour interpréter le principal rôle féminin, mais l'auteur tient bon : Marie Dorval sera Kitty Bell.

La première, le 12 février, est saluée par une ovation.

De la loge royale, une grande gerbe de fleurs parvient à Marie, qui a été bouleversante.

La comédienne a imposé un escalier praticable (la tradition était plutôt aux décors peints), gardant secrète jusqu'à la représentation l'utilisation qu'elle voulait en faire.

Ayant vu le cadavre de Chatterton, eUe se laisse glisser le long de la rampe et s'abat sur la dernière marche, où eUe meurt.

Ce jeu de scène suscite les sarcasmes des critiques, mais soulève l'enthousiasme du public.

Américaine de vingt ans, Julia Dupré.

Le 17 août 1838, l'agen­ da du poète porte la mention : «Rupture».

Sur scène, Marie Dorval n'a plus le même succès : Cosima, une pièce que George Sand lui a donnée pour l'aider, se solde par un échec.

Après avoir pris sa retraite, elle est contrainte, n'ayant jamais eu le sens de l'économie, de vivre modeste­ ment.

En 1848, elle est anéan­ tie par la mort de son petit-fils adoré, Georges, âgé de quatre ans, et c'est désespérée qu'el­ le s'éteint le 20 mai de l'année suivante.

Hugo et Dumas assis­ tent à ses obsèques.

Pas Vi­ gny...

Dans Histoire de ma vie, George Sand rendra hommage à « ces cris qui déchiraient l'âme, ces accents de douleur et de passion qu'on n'entendra plus au théâtre ».

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