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MAROT: LE POETE FAMILIER.

Publié le 29/06/2011

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marot

C'est le plus connu ; celui qu'aimèrent Boileau et Voltaire ; celui que mettent en valeur les manuels de littérature et les recueils de morceaux choisis, l'auteur de quelques épîtres qui sont autant de parfaites réussite. Encore, touchant cet aspect de son talent, ne songe-t-on trop souvent qu'au poète spirituel : celui qui raille aimablement ses démêlés avec la justice ; il ne faut pas oublier que Marot exilé fut capable de nobles accents. C'est dans les épîtres que l'on découvre cet aspect original de son talent. Mais il n'est pas interdit de le rechercher également dans les deux sections des épigrammes et des rondeaux.

marot

« Puis qu'en ce, donc, tous autres precellez,Je vous supply, très noble Pré, scellezLe mien acquict : pourquoy n'est-il scellé ?Le parchemin a long et assez lé :Dictes sans plus : « Il faut que le scellons »,Scellé sera sans faire procès longs... Puis nouvelle épître pour prier Duprat de presser le trésorier Preudhomme qui se refuse à honorer l'acquit, àreconnaître les signatures du Roi et de Robertet : faudra-t-il donc « paindre Dieu en mon acquict susdict » « car enDieu il fault croire ? ».

Epître au cardinal de Lorraine pour qu'il intervienne de son côté auprès du Grand Maître :éloge du prélat, allusions à la Fortune, à Bon Espoir (toujours lui !) qui pousse le poète à implorer le cardinal, requêtemodeste, excuses, promesse de chanter le los du bienfaiteur.

Thème banal, développement facile, mais semé detraits spirituels.

La manière de Marot se précise.Elle atteint sa perfection dans les deux épîtres qu'il adresse au Roi pour qu'il le délivre de la prison où, de nouveau, ila été incarcéré, puis, malade, pour demander son aide.

Voici les pièces les plus célèbres de Marot, et,probablement, ses chefs-d'œuvre.

Est-il utile de les résumer ? On en sait les données.

Dégageons simplement leurscaractères essentiels.

Deux fois le poète fait appel à l'indulgence et à la bonté du prince.

Il s'est mis, d'abord, dansun mauvais cas, ayant eu affaire au guet; mais il peut s'arranger avec celui-ci en indemnisant le sergent qu'il a aidéà rosser ; reste une partie plus sévère et « plus forte » : le Roi dont il a bafoué l'autorité et dont il doit avoir peur.Que non pas ! [Car] le droict poinct où je me resconforte :Vous n'entendez procès non plus que moy.Ne plaidons poinct... Que risque-t-il au surplus dans cette affaire ? Une amende : Prenez le cas que je la vous demande ;Je prends le cas que vous me la donnez... Il a dès lors le droit, tout naturellement, de prier qu'on lui rende la liberté.

Ce qu'il fait avec assurance en s'excusantde ne pouvoir présenter sa requête de vive voix : Je n'ay pas eu le loisir d'y aller... Autre affaire : le poète se trouve désargenté à la suite d'une longue maladie et d'un vol.

Il en écrit au Roi : après debrèves considérations sur la mauvaise fortune et un portrait haut en couleurs de son valet (portrait assez inattenducar on ne sait encore de quoi il s'agit : l'effet de surprise est très vif), il conte avec une verve du plus haut goût, etun sens comique des gestes et des attitudes, le vol accompli par celui-ci (vol qu'il n'a pu voir, mais qu'il décrit avecune paradoxale sûreté) ; puis il narre sur un ton tour à tour bouffon et pitoyable la « lourde et longue maladie » quil'a épuisé, les visites des médecins, sa misère présente, et, le terrain préparé, il sollicite, avec quelle sûredialectique ! non pas certes une charité, mais un prêt, un prêt en bonne et due forme, offrant toutes garanties,auxquelles il ajoute la caution des « princes lorrains » : Je vous feray une belle cedulle,A vous payer (sans usure, il s'entend),Quand on verra tout le monde content ;Ou si voulez, à payer ce seraQuand vostre los et renom cessera... Que François Ier veuille bien lui prêter quelque argent, car son poète a fait de grosses dépenses pour bâtir sonchâteau de « Clément » et a besoin de pécune pour réparer sa maison de « Marot »...

Sur quoi, changeant de ton, ilconclut sur une apostrophe éloquente et noble pour glorifier son protecteur.

A ces deux épîtres s'ajoutent quelquescourts billets : les épigrammes plaisantes qu'il avait adressées pendant sa maladie à ses médecins, maîtres Braillon,Le Coq, Lamy pour les prier de lui rendre visite, à maître Akakia pour le féliciter assez ironiquement d'écrire des verslatins qui semblent « coups de canon » ; — deux courtes épîtres à un ami inconnu, — un officier des finances, —pour lui demander à combien montera le « gracieux prest » du Roi afin qu'il puisse préparer sa « cedulle », — sareconnaissance d? dettes, — et à un quidam qui avait critiqué son épître à François Ier : en quelques vers, d'uncoup bien asséné, Marot le réduit au silence.. »

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