Marquise Marguerite Duparc

vers 1635-1668

Célèbre par son talent de comédienne, mais plus encore pour avoir été l'objet de la rivalité amoureuse de nos deux grands poètes tragiques. Fille d'un saltimbanque italien, elle lui fut achetée par René Berthelot, dit Duparc, qui l'épousa et la fit entrer dans la troupe de Molière. Ravissante danseuse et bientôt fine comédienne, elle était fidéle à son gros mari, ayant résisté à Molière, quand Corneille, à Rouen, fut ébloui par elle. Séduite par sa renommée, elle crut pouvoir contenter par quelques gentillesses cet homme de cinquante-deux ans (elle en avait vingt-trois), chauve et peu élégant. Pour lui, ce fut la révélation de la passion. Après cinq mois d'une véritable crise intérieure il dit adieu à la coquette. Mais deux ans après, il la revoit à Paris : elle est veuve, sa passion se réveille plus profonde, si peu cachée que tout le monde, au théâtre, s'en aperçoit. En vain lui dédie-t-il ses fameuses Stances à Marquise, très nobles mais peu habiles. Racine, jeune et beau, parait, le “ chagrinant rival ” enlève Marquise. Ils sont amants ; elle est l'Hermione de son Andromaque, elle attend un enfant de lui… Elle meurt brusquement (peut-être d'avoir voulu l'empêcher de naître). Racine suit, effondré son cercueil ; Corneille est là aussi, qui aimera Marquise  jusqu'à son dernier souffle, qui écrira sa dernière pièce, Pulchérie, pour faire revivre son amour, embelli. Racine, lui, tentera d'oublier la douce et tendre Marquise avec la sensuelle Champmeslé.