Maurice Barrès, de l'égotisme au nationalisme
Publié le 06/04/2012
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Aucun prosateur n'a mieux exprimé que Barrès le malaise de la génération qui, en 1890, touche à vingt-cinq ans. L'image obsédante de la débâcle, contemplée à l'âge de huit ans, reste dans le coeur de l'écrivain, et ces soldats,« inconnus avilis et rangés comme des animaux«, expliquent sa préférence pour les humiliés de toute espèce. Il faut chercher là la signification de son nationalisme. Meurtri par la sèche raison cousinienne de son professeur de philosophie Burdeau - qui, sous le nom de Bouteiller, caricature dans les Déracinés ....
«
là la signification de son nationalisme.
Meurtri par la sèche
raison cousinienne de son professeur de philosophie Burdeau
-
qui, sous le nom de Bouteiller, caricature dans les Déracinés
la pensée officielle de la troisième République -, Barrès se
livre à dix-huit ans, avec son camarade Stanislas de Guaita, à des débauches de poésie.
C'est un jeune homme
hypersensible, très intelligent et désenchanté qui arrive à Paris en 1882 ; il y rencontre un esprit qui est déjà le sien : le
grand
dégoût de ses jeunes contemporains pour les formes d'action et de pensée qui leur sont proposées.
Sans doute, le
jeune Barrès exploite avec une certaine habileté
cet état d'esprit; mais il le ressent très réellement.
Dès cette gazette
des
Taches d'encre qui eut quatre numéros (en 1884 et 1885).
il exprime à la fois le souhait d'« apprendre au peuple
de France qu'il est une grande nation» et les contradictions qui déchirent l'âme contemporaine.
Décadence et recherche
d'énergie : il y a là une ambiguïté, expression du désarroi
d'une bourgeoisie intellectuelle qui voit ses valeurs et son patrimoine lui échapper peu à peu.
On se révolte contre la société, mais sans mettre en question ses assises profondes.
Avec quel talent Barrès ne développe-t-il pas cette révolte
dans la trilogie du Culte du Moi, germe de toute son œuvre
ultérieure ! Il se retire d'abord dans la seule réalité qu'il connaisse, le Moi qu'il oppose aux Barbares, c'est-à-dire à
tous ceux qui ne peuvent servir à sa consommation égotiste.
Puis, dans Un Homme libre, il aménage sa retraite, appelle à lui des intercesseurs dans l'art de l'indécision et de la
souffrance,
et se tourne enfin vers des expressions collectives,
la Lorraine et ses morts, une Venise orientale pourrissante
mais accomplie.
De son nationalisme, nous voyons ici
l'origine, qui est lyrique
et non politique: il s'agit d'abord de
se faire une raison de vivre, fût-elle illusoire.
Barrès sait bien
que la Lorraine ne comporte pas de race pure, car tant de
Barbares
ont déferlé sur elle ! Mais «l'enthousiasme du charbonnier» plaît à l'écrivain.
Dans Le Jardin de Bérénice, il
devient lui-même intercesseur; son paysage s'étend aux
vastitudes de l'Inconscient, représenté par l'accord entre
Bérénice
et les plaines du Languedoc.
L'originalité de la première Trilogie est faite de
nombreuses influences.
La dette de Barrès envers Renan,
Hartmann, Hegel
et Fichte est évidente.
Mais aussi, Barrès
prend ses distances par rapport aux systèmes.
De
là ce.
»
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