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LA MEGERE APPRIVOISEE DE Shakespeare (Analyse et résumé)

Publié le 10/03/2011

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   « Qu'il est dur d'entendre des femmes indociles ! « (Lucentio).    On distingue trois périodes dans l'activité dramatique de Shakespeare : de 1590 à 1600, de 1600 à 1608, de 1609 à 1613. 18 pièces s'échelonnent dans la première, de Henry III au Soir des Rois, avec alternance des drames historiques, comme Richard III, le Roi Jean, Jules César, avec des pièces de libre fantaisie, comme Roméo et Juliette, et le Songe d'une nuit d'Eté.    La Mégère Apprivoisée appartient à la période initiale. Premier problème : la date. Elle est incertaine et provoque d'interminables discussions. Quoiqu'il en soit, la pièce ne peut être postérieure à Juin 1594, et elle a sans doute été composée quelques années auparavant. On la date habituellement de 1592, et la représentation eut lieu en 1594. Plus précisément The Taming of the Shrew, version mutilée de la comédie de Shakespeare, fut jouée en Juin 1594 par la Compagnie du Chambellan, puis par celle de Newington Butts. Inscrite au Registre des Libraires le 2 Mai de la même année, elle est reproduite d'une façon défectueuse dans le Quarto de 1594, puis dans l'In-folio de 1623.

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« contemporains.

Ils ne font preuve, sur ce point, d'aucune imagination.

Leur seule originalité consiste à rajeunir unthème banal, à l'accommoder au goût du jour ou à le hausser dans l'échelle des valeurs humaines.

Ainsi procèdeShakespeare, dont aucune pièce n'est de son cru.

Il prend à toutes mains, selon l'expression de Montaigne, qui s'yconnaît en « pilleries », et il fait large mesure : contes, farces, folklore...

tout lui est bon.

Le Prologue reproduit unevieille histoire qui traîne dans Cicéron (Tusculanes), dans les Mille et Une Nuits (épisode d'Habou Hassan).

L'intriguesecondaire (Bianca et ses prétendants) est tirée de Gli Suppositi (Les Travestis), pièce de L'Arioste, adaptée etreprésentée par G.

Gascoigne en 1566.

On discute à l'infini pour déterminer ce que La Mégère Apprivoisée doit àdeux pièces The Shrew et A Shrew : même prologue, même thème, même intrigue.

Mais il faut attendre que lesérudits se mettent d'accord sur ce point.

En revanche, ils reconnaissent tous la dette de Shakespeare envers leFlorentin Giovanni Florio, auteur de Novelle, que Shakespeare avait rencontré à la Cour et dans certains milieuxpolitiques ou littéraires.

C'est pourquoi La Mégère Apprivoisée présente çà et là quelque teinture de la languetoscane.

Mais le thème de la femme insupportable, hargneuse et autoritaire, que l'autorité du mari finit par ramenerà une condition subalterne, appartient au folklore universel, aux fabliaux du Moyen-âge, aux contes grivois, et il aété traité sous toutes les latitudes, en manière de farce et de bouffonnerie, thème gaulois, rabelaisien parexcellence, thème où chaque peuple a mis sa marque ou sa griffe.

Shakespeare, assuré du succès auprès d'unpublic friand de démêlés conjugaux, n'hésite pas à exploiter, après tant d'autres, l'intarissable veine de la « virago ». La pièce commence par un alerte Prologue.

Un Lord veut faire de Christophe Sly, chaudronnier ivrogne, un grandseigneur riche et comblé.

Des comédiens l'aident à créer en Sly cette illusion.

Sly résiste, mais finit par croire que,devenu un lord, il a épousé une lady.

On le persuade en effet qu'il sort d'un rêve de 15 ans, et les comédiens offrentde lui jouer une comédie pour le divertir.

Il assiste donc, avec sa prétendue femme — qui est un page déguisé —, àLa Mégère Apprivoisée.

Ensuite, il disparaît.

Shakespeare a tort de l'oublier, car c'est un type pittoresque, qui donneà cette entrée de jeu une saveur particulière. Inutile, a-t-on dit de ce Prologue.

Il l'est en effet, mais il a une valeur en soi.

Il vaut par le décor, qui n'est pasaussi rudimentaire qu'on le prétend dans le théâtre élisabéthain : ici, une avant-scène, où Sly cuve sa bière, unescène où se déroule l'action, au fond une galerie surélevée, qui abrite une auberge.

Le texte est, pour le public de1593, plus évocateur que le décor même : l'action de ce Prologue se passe dans le village de Wilmcote, où habita lamère de Shakespeare, et l'auberge que lui-même fréquentait dans sa jeunesse.

Quelques détails précis : d'abord ladescription d'un manoir des environs, où l'on apprend qu'à Statford, petit centre intellectuel, vivait uncollectionneur, dont le cabinet possédait des dessins et des estampes apportés d'Italie : Deuxième Valet : « Aimes-tu les tableaux ? Nous t'irons chercher sur-le-champ un Adonis au bord d'un ruisseau etune Vénus cachée dans les roseaux, que son souffle semble remuer et agacer, juste comme le vent joue avec lesroseaux houleux.

» Le Lord : « Nous te montrerons Io, au moment où, vierge encore, elle fut séduite et surprise ; la peinture est sivivante qu'on croirait voir la chose.

» Troisième Valet : « Ou bien Daphné, errant à travers un fourré d'épines et s'écorchant les jambes ; vous jureriezvraiment qu'elle saigne, tant le sang et les larmes sont peints artistement ! » Ainsi Shakespeare, lecteur et imitateur d'Ovide, n'ignore pas la mythologie, dont il use et abuse parfois.

Ni Apollon niSémiramis ne sont oubliés par le Lord.

Mais plus intéressante et plus pittoresque est l'évocation du milieustratfordien.

L'action se déroule « sur la bruyère, devant un cabaret ».

Or ce cabaret est l'auberge de Wilmecote,dont la patronne est Marianne Hackett, et la servante Cécile Hackett, bien connues des buveurs de bière et deShakespeare lui-même.

Christophe Sly est le fils du vieux Sly de Bartonheath ; il s'agit de Barton on the Heath,résidence d'une tante de Shakespeare, femme d'Edmond Lambert.

Les camarades de taverne de Sly s'appellentStephen Sly et le vieux John Naps de Greece.

Or vivait à Stratford, au temps de Shakespeare, un Stephen Sly, lepropre-à-rien du bourg, et Greece est le nom déformé d'un hameau voisin, Greet.

Autant d'allusions indiscutables aupays de Shakespeare (1).

Il en est d'autres, non moins indiscutables, tel le retour de la chasse.

Shakespeare futaccusé, à tort, de braconnage, mais la vénerie ne lui est point étrangère ; témoin ce dialogue : Le Lard : « Piqueur, je te recommande de bien soigner mes chiens, surtout Frétillant ; le pauvre animal est toutenflé ! Accouple Nébuleuse avec la braque à large gueule.

As-tu vu, mon garçon, comme Argent a bien relancé aucoin de la haie, quand tous les autres étaient en défaut ? Je ne voudrais pas perdre ce chien-là pour vingt livres.

» Premier Piqueur : « Eh ! Carillon le vaut bien, milord ; il a aboyé au moindre écart du gibier, et deux fois aujourd'hui ila retrouvé la piste la plus éventée.

Croyez-moi, c'est le meilleur chien.» Le Lord : « Tu es un imbécile.

Si Écho était un peu plus leste, j'estime qu'il en vaudrait douze comme Carillon.

Maisfais-les bien souper, et veille sur eux tous.

J'entends chasser demain encore.

» Premier Piqueur: «C'est bien, milord.» Reste l'invention des comédiens ambulants, qui aident le Lord à mystifier Sly : procédé cher à Shakespeare, qui enusera également dans Hamlet.

C'est l'occasion d'un dialogue où le Lord expose aux comédiens et à ses valets ce qu'ilattend d'eux :. »

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