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Memnon: à travers un dialogue plaisant et divertissant, Voltaire expose une morale philosophique.

Publié le 27/02/2008

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voltaire

Entrée en matière : Le conte philosophique au XVIIIe siècle est un genre qui se fonde sur deux objectifs : raconter une aventure plaisante et aborder une réflexion philosophique qui amène le lecteur à réfléchir. Memnon ou la sagesse humaine, publié en 1749, répond à cette définition dans la mesure où ce récit écrit pour distraire la cour de Pologne en exil à Nancy,  aborde néanmoins un sujet sérieux qui apparaît dans le sous-titre : la sagesse humaine. Résumez le début du conte Décrivez rapidement cette deuxième partie Problématique :Dans notre étude, il s’agira de voir comment , à travers un dialogue plaisant et divertissant, Voltaire expose une morale philosophique.

I) L’aspect plaisant du dialogue

1) Le registre merveilleux Avec le songe, la conclusion du conte prend un aspect surnaturel qui permet à Voltaire de placer son message dans le registre du merveilleux. Il s’agit pour le philosophe de faire dialoguer l’habitant d’un autre monde ( le génie, synonyme d’ange gardien, d’esprit protecteur aux pouvoirs magiques ) et la victime terrestre du mal ( Memnon ). Le registre merveilleux se signale par le champ lexical des planètes ( être céleste, globes, étoiles, l’hyperbole cent mille millions de mondes, étendue, univers ) qui fait entrer le lecteur, sans qu’il s’en doute dans une réflexion métaphysique.

2) Le registre comique

Le rôle du génie est, dit-il, de veiller sur les autres globes, notamment la terre. Mais Voltaire s’amuse à en faire un raté de l’intervention sur les destins. Naïvement, Memnon soupire « Hélas ! » ) parce que le génie était absent lors de ses propres mésaventures. Le génie lui-même souligne son peu d’efficacité en tant qu’ange gardien lorsqu’il évoque le sort du frère de Memnon : «  Il est actuellement dans un cachot ». Ce génie veille peut être mais n’intervient pas ! Son inaction est d’ailleurs renforcée par l’emploi du verbe « consoler » : quel pouvoir surnaturel a donc ce génie ? Si son rôle est de veiller, de consoler, il n’est guère supérieur à un être humain… Plus le lecteur avance dans le dialogue, plus il a des doutes sur le pouvoir de ce génie. Les dénominations de cette entité sont intéressantes à étudier. Voltaire le nomme «  l’animal de l’étoile » comme s’il n’était pas doué de raison ), il utilise aussi une expression dévalorisante pour l’évoquer « l’autre ». Voltaire se moque ce génie pour son inefficacité, ses belles paroles et son absence de magie.

II ) La morale philosophique : Interprétation du discours de l’ange

L’ange est présenté comme « philosophe » l 98, double de Voltaire. On peut donc attendre de lui qu’il éclaire, qu’il soit représentatif de la pensée de l’auteur. La métaphore de la lumière à la ligne 70 ( «  Il était tout resplendissant de lumière. » ) laisse entendre qu’il détient la vérité. Son discours est d’abord informatif. L’ange informe tout d’abord Memnon de l’univers dans lequel il vit. La négation domine cette partie du texte, où l’ange n’a de cesse de montrer que son univers est en tout point différent de celui de Memnon. ( l 77 à 81 : « Nous ne sommes jamais …égal » ) Le monde éthéré dans lequel il évolue ne ressemble donc pas au nôtre, c’est pourquoi ses principes doivent être considérés avec distance : il n’y a aucune tentation dans cet univers céleste. La pensée philosophique, telle que la perçoit Memnon, ressemble à la pensée angélique. Voltaire semble sous-entendre qu’en calquant sa pensée sur celle d’un ange, vivant dans un monde opposé, Memnon est idéaliste, c’est pourquoi tant de malheurs surviennent dans sa vie. On remarque une succession de phrases qui comprennent des parallélismes de construction et qui viennent corroborer cette idée : Nous ne sommes jamais trompés par des femmes, parce que nous n’en avons point ; nous ne faisons jamais d’excès à table parce que nous ne mangeons point. » La locution conjonctive « parce que » est utilisée cinq fois. Rien ne semble correspondre dans ce monde idyllique à celui de Memnon. Le monde des anges est donc sensiblement différent de celui des humains. Memnon s’est trompé en éludant cette particularité.

Après ce discours informatif, suit un discours à la fois didactique et délibératif où l’ange tente de persuader l’homme de l’impossibilité d’atteindre la perfection de la sagesse : l 89, 90 «  tu seras assez heureux pourvu que tu ne fasses jamais le sot projet d’être parfaitement sage. » L’adverbe « parfaitement » est répété ensuite quatre fois, suivi d’adjectifs tels qu’ « habile », « fort », « puissant », « heureux » ; cette accumulation sert à mettre en évidence l’impossibilité d’atteindre la perfection pour un homme. La sagesse ne serait-elle pas la capacité d’accepter sa condition d’homme imparfaite ?  Il semblerait que derrière ce constat se glisse une idée implicite forte : être sage, c’est se dire qu’on est habité par l’envie, la concuspiscence et ne pas être certain de pouvoir y échapper. C’est en réalité l’inverse du discours prélimiaire de Memnon : sans nuance, presque caricatural, présomptueux. Le discours de l’ange condamne la prétention de Memnon à avoir voulu être parfaitement sage. ( « parfaitement » est mis en valeur par une position anaphorique ). Il s’agit donc pour l’homme de renoncer à la perfection. Voltaire montre que l’idéalisme dans tous les domaines, et en particulier dans celui de la sagesse, aboutit à des catastrophes.

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