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Mémoires de Saint-Simon

Publié le 10/04/2013

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saint simon

En 1702, Saint-Simon démissionne de l'armée, ressentant comme un affront d'être exclu d'une promotion de généraux où figurent des nobles d'un rang moins élevé que le sien ; cet incident est un exemple typique de la susceptibilité tatillonne de Saint-Simon à l'égard des questions de préséance et d'étiquette. Ce souci du « rang « occupé par chacun dans la microsociété de la cour est un thème récurrent des Mémoires.

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« Chamillart, secrétaire d'État , jouant aux boules avec Louis XIV EXTRAITS La comédie de la cour à la mort du Grand Dauphin (1711) Plu s avant commençait la foule des courti­ sans de toute espèce.

Le plus grand nombre , c'est-à-dire les sots, tiraient des soupirs de leurs talons, et, avec des yeux égarés et secs , louaient Mon­ seigneur, mais tou­ jours de la même louange, c'est-à-dir e de bonté, et plai­ gnaient le roi de la perte d'un si bon fils.

Les plus fins d'entre eux, ou les plus considérables, s'inquiétaient déjà de la santé du roi ; ils se savaient bon gré de conserver tant de jugement parmi ce trouble, et n 'en laissaient pas douter par la fré­ quence de leurs ré­ pétitions.D'autres, vraiment affligés, et de cabale frappée , pleuraient amèrement, ou se contenaient avec un effort aussi aisé à remarquer que les sanglots.

Les plus forts de ceux -là, ou les plus politiques, les yeux jïchés à terre, et reclus en des coins, médi­ taient profondément aux suites d'un événe­ ment si peu attendu, et bien davantage sur eux -mêmes.

Parmi ces diverses sortes d' affligés, point ou peu de propos ; de conversation, nulle ; quelque exclamation parfois échappée à la douleur et parfois répondue par une douleur voisine, un mot en un quart d'heure, des yeux sombres ou hagards, des mouvements de mains moins rares qu' involontaires, immobilité du reste presque entière ; les simples curieux et peu soucieux, presque nuls, hors les sots qui avaient le caquet en partage, les questions, et le redoublement du désespoir des affligés, et l'importunité pour les autres.

Ceux qui déjà regardaient cet événement comme favorable avaient beau pousser la gravité jusqu'au maintien chagrin et austère, le tout n 'était qu'un voile clair, qui n 'empêchait pas de bons yeux de remarquer et de distin­ guer tous leurs traits.

Monsieur, frère du Roi, et son confesseur Il avait depuis quelque temps un confesseur qui , bien que jésuite , le tenait de plus court qu'il pouvait.

Il lui représentait fort souvent qu'il ne se voulait pas damner pour lui, et que si sa conduite lui paraissait trop dure, il n' au­ rait nul déplaisir de lui voir prendre un autre confesseur .

A cela il ajoutait qu'il prît bien garde à lui, qu'il était vieux, usé de débauche, gras, court de cou, et que, selon toute apparen­ ce, il mourrait d' apo­ plexie, et bientôt.

C 'étaient là d' épou­ vantables paroles pour un prince le plus voluptueux et le plus attaché à la vie qu 'on eût vu de long­ temps, qui l'avait toujours passée dans la plus molle oisi­ veté, et qui était le plus incapable par nature d'aucune ap­ plication, d'aucune lecture sérieuse, ni de rentrer en lui­ même.

Il craignait le diable, il se souve­ nait que son pré­ cédent confesseur n'avait pas voulu mourir dans cet emploi et qu'avant sa mort il lui avait tenu les mêmes discours.

L'impression qu'ils lui firent le for ça de rentrer un peu en lui-même, et de vivre d'une manière qui depuis quelque temps pouvait passer pour serrée à égard.

Arrivée de la princesse de Savoie NOTES DE L'ÉDITEUR xvme siècle, que de quelques privilégiés ; 1829-1830 : première édition, dans une version incorrecte, du texte des Mémoires (en 20 + 1 volumes); 1856-1858: première édition intégrale des Mémoires (en 20 volumes) ; 1879-1928 : édition de référence, donnée par Boilisle et Lecestre, dans la collection « Grands écrivains de la France » : texte conforme au manuscrit, variantes, notes (en 40 + 2 volumes).

Saint-Simon et Proust Vers 1899, Proust aborde Saint-Simon; dès lors, l'influence des Mémoires ne cessera de s'exercer sur la création proustienne.

Dans A la recherche du temps perdu, on trouve vingt-six mentions littérales de Saint-Simon, mais allusions Quelques dates 167 5 : naissance de Saint-Simon ; 1715 : mort de Louis XIV ; 1715-1723 : régence de Philippe d'Orléans; 1739-1750 : rédaction des Mémoires; 1755 : mort de Saint -Simon; mis sous scellés à la requête des créanciers puis sous séquestre pour raison d'État, le manuscrit des Mémoires ne fut connu, au 1 Len Sirman 2, 3, 4 Aquarelles de Pierre Brissaud, H ac hett e, 1949 /B.

et emprunts sont innombrables : plus de deux cents noms de personnages sont pris aux Mémoires.. »

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