Devoir de Philosophie

Mentir à soi-même, mentir à autrui, où est la différence ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

mentir
Cette catégorie utile de mensonges constituerait leur immense majorité (de l?avis général?). C?est le tact social : l?hommage que le moi rend au surmoi (étiquette, etc.). Ce mensonge peut ne comporter aucun élément nuisible envers autrui. Mais le mensonge trop flatteur, les égards excessifs sont à éviter si l?on vise la sagesse parfaite (dès l?Antiquité et Cicéron). Il peut se muer en hypocrisie lorsqu?il transparaît dans les actes non anodins. -         le mensonge pernicieux : a l?intention de nuire, càd à la fois l?effet et le but de nuire à autrui. C?est un mensonge malicieux ?au sens premier de malice. Ce type de mensonge est le plus grave, et il est systématiquement condamné par les philosophes dans une écrasante majorité. -         le mensonge pour valoriser son image ou obtenir un avantage concret (le mensonge tient donc lieu d?argument dans un discours visant à emporter la persuasion).
mentir

« aussi libre que lui .

On voit que le sujet sous-tend ce présupposé éthique de l'alter ego.

En effet, il pose la question suivante : après tout, nuire à l'autre sous forme du mensonge, et se nuire à soi-même n'est-il pas aussi répréhensible, dans la mesure où autrui est un autre moi ? Différence : C'est un rapport d'altérité entre des choses ayant des éléments identiques .

Il s'agirait donc, le cas échéant, d'unifier sous le genre du mensonge le mensonge à autrui et le mensonge à soi-même, en tant qu'espècesrespectives distinguées selon le destinataire du mensonge.

La différence est donc généralement spécifique , puisqu'elle isole des éléments sur fond de parenté et de proximité.

« Différent se dit des choses qui, tout en étant autres, ont quelque identité , non pas selon le nombre, mais selon l'espèce, ou le genre, ou par analogie.

Ce terme se dit encore de ce qui est autre par le genre ou bien des contraires, ou enfin de ce qui contient, dans sonessence, l'altérité » ( Métaphysique , livre Delta, §9). Problématique : - Si le mensonge à soi-même et le mensonge à autrui devaient s'équivaloir, nous serions alors confrontés perpétuellement à ce paradoxe, que résume Sartre en parlant de la mauvaise foi : lorsque je me mens à moi-même, « je dois savoir en tant que trompeur la vérité qui m'est masquée en tant que je suistrompé.

Mieux encore, je dois savoir très précisément cette vérité pour me la cacher plus soigneusement –et ceci non pas à deux moments différents de la temporalité –ce qui permettrait à la rigueur de rétablir un semblant de dualité – mais dans la structure unitaire d'un même projet » ( L'Etre et le Néant , p.84 et 85).

Donc, il faut faire se rejoindre une réalité qui est fondamentalement croyance (la mauvaise foi est d'abord foi comme le dit Sartre) et une autre réalité qui est fondée sur un savoir (car seul celui qui sait peut mentir). - En outre, comment définir le mensonge tout court de telle sorte que les deux espèces de mensonge soient à égalité devant la loi et la responsabilité morales ? Car s'il n'y a pas de différence entre les deux, lechâtiment de l'un doit retomber sur l'autre, ou l'impunité du second doit être accordée également au premier.Le nivellement entre les deux sortes de mensonges, s'il est possible, dépendra au premier chef dela définition qu'on donne du « mensonge à soi-même » , car il est le plus équivoque des deux (car l'intention de tromper semble se retourner contre elle-même).

La définition du mensonge de soi à soi rejaillirabien sûr immédiatement sur notre acception d'autrui, en tant qu'il est plus distinct ou plus éloigné de moi. - Ainsi, qu'il n'y ait plus de « différence » entre les deux, c'est bien possible, mais vers quel terme doit-on verser la similitude ? Tout est-il mensonge à soi, ou tout est-il mensonge à un « autrui » comme instanced'altérité, que ce soit en moi ou en dehors ? La question (de facture légèrement désinvolte : « où est ladifférence » ?) fait-elle signe vers une égalisation de la faute (donc de la responsabilité) dans tout mensonge, si l'on fait pencher les deux mensonges vers le mensonge ordinaire avec intention fallacieuse , de tromper ? La volonté de me tromper serait donc homogène avec mon intention de tromper autrui, et toutaussi répréhensible.

Ou bien, renvoie-t-elle à un.

nivellement des irresponsabilités , où le mensonge devient chaque fois une erreur fâcheuse pour celui qui ment, parce qu'il croit toujours sous un certain aspect qu'il dit la vérité (nul n'étant méchant volontairement en quelque sorte).

Puisqu'il se ment à lui-mêmedans le mensonge à autrui, tout menteur est-il toujours , dans une région au moins de sa conscience, en même temps victime d'une tromperie ? - Le sujet nous force donc à partir à la recherche d'un genre du mensonge .

Cette unification sous le genre est capitale, puisque c'est d'elle (et sur ce fonds commun) que pourra se détacher toute différence spécifique entre les divers types de mensonges. I.

Il n'y en a pas en droit de différence entre mensonge et mensonge à soi : voiler toute vérité par intérêt est condamnable. On se doit ici premièrement de défendre la véracité d'une affirmation, càd le fait qu'elle soit éprouvée subjectivement comme vraie, comme valeur prépondérante et devoir absolument inconditionnel, que ce soit lorsqu'elle est tournée vers soi ou lorsqu'elle prive autrui de son autonomie de jugement ou d'action.

Le genre commun du mensonge est réprouvé en vertu de l'impératif catégorique, qui réunit formellement ego etalter ego sous une même loi. On connaît la formulation kantienne de l'impératif catégorique dans la Métaphysique des mœurs : « Agis d'après une maxime telle que tu puisses toujours vouloir qu'elle soit une loi universelle » (MM, 1 e partie).

L'homogénéisation des mensonges a ainsi lieu sous la bannière d'une loi qui exige que tout principe d'action me soit en retour applicable .

Elle homogénéise ainsi l'action envers le « soi » et « l'autre soi ».

Ne pas énoncer la vérité quand on nous la demande, ou la déformer, ne diffère doncpas en droit selon que c'est à autrui ou à soi-même que l'on refuse d'appliquer un inviolable principe devéracité.

Il y aura donc égalisation et dénonciation de tous les mensonges sans exception dans le domaine dela morale ( Doctrine de la vertu , 2 e section du Livre I, §9), domaine ne souffrant pas la casuistique ou la différenciation .

Kant condamne donc tout mensonge, dans sa Doctrine de la vertu dans une perspective morale, mais encore du point de vue du droit comme « crime contre l'humanité en général », et atteinte aucontrat originaire qui fonde toute société, et enfin selon le droit civil, si l'on envisage que le menteur puisseêtre poursuivi ( Doctrine du droit , Appendice à l'introduction).

Il publie d'ailleurs Sur un prétendu droit de mentir par humanité en 1797 parce qu'il est mis en cause dans la brochure de Benjamin Constant intitulée Des a.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles