LA MÉTAPHYSIQUE DE DESCARTES
Publié le 14/07/2012
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Considéré de la sorte, le cogito ne semble cependant opposer au doute qu'une exception de fait. Le doute nous met en face de la pensée qui doute, comme d'une réalité qui ne peut être éliminée ; et l'impossibilité de l'élimination de cette réalité provient de la situation, absolument unique, que la pensée occupe par rapport au doute, puisqu'elle est le doute lui-même. Ainsi l'aflirmation du << je pense >> exprime mon incapacité, constatée plutôt que comprise, de porter un jugement contraire. Pourquoi, dès lors, dans le Discours, comme plus tard dans les Principes, le cogito se présente-t-il comme un raisonnement, et selon l a célèbre formule : je pense donc je suis ?
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TES
à la solitude.
La ruptur f' de Des carl Ps avN' SPS pro
fesseurs, avec sa famille, avec son pays, et sa solitude
en Hollande ue sont-elles pas, en effet, les signes de la
solitude de sa pensée, ct de cette rupture essentielle
par laquelle il a choisi d'être philosophe ?
Le seul désir de connaître scientifiquement peut, il
est vrai, amener un homme à s'isoler, et, chez Des
cartes, un tel désir paraît bien avoir été la raison pre
mière de sa retraite.
Mais c'est qu'alors, dans la eon
fusion de son enthousiasme, Descartes croyait pouvoir
satis faire par la science des désirs dgnt il a plus tard
compris qu'ils se dirigeaient vers l'Etre, et non vers
l'obj et.
La science est technique et collective, et les
appels de Descartes i1 Mersenne, auquel il demande
renseignements et relations d'expéri ences, son souci
de répond re aux problèmes et aux questions que lui
proposent Huygens ou Go li us, s'opposent en ceci à la
démarche des .Méditations, où la pensée n' avance
qu'en se séparant des vérités objectives et de la eons·
ci ence d'autrui, en approfomlissant seulement l'exp é
rience de son rapport avec l' Etre.
C'est donc dans les
seules JlféditatiomJ que sc cons omme la rupture avec
toute attitude spontanée de conscience, et la démarche
de Descartes ferait ici plutôt songer à la démarche
religieuse par laquelle l'homme, comprenant que le
comportement quotidien, technique et pratique, qui
constitue sa vie, n'épuise pas son être, oppose, au Monde
des objets, un autre Monde vis-à-vis duquel il s'e ngage
et que déjà il qualifie.
Cependant la démarche cartésienne n'est pas plus
religieuse qu'elle n'est scientif ique et, si Desc artes
ident ifie l'Inf ini qu'il affirme et le Dieu chrétien, c'est
au nom d'une foi qu'il déclare lui-même extérieure à la
connaissance.
L'Infini demeure donc incompréhensible,
et sa présence à la pensée sert surtout à déréaliser
l'obj et, à rappeler, comme on l'a vu dans la théorie de
la création des vérités éternelles, que cela même qui est.
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