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LA MÉTAPHYSIQUE DE DESCARTES

Publié le 04/04/2011

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descartes

   Encore faut-il, pour obtenir la vérité, remonter jusqu'aux conditions fondamentales de la connaissance, se convertir à la pensée pure, retrouver l'être d'où jaillissent les premières causes et les premiers principes : ce sera l'objet de la métaphysique, science suprême, philosophie première comme l'a bien vu la tradition, qui cependant la concevait mal.   

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« sujet, désireux d'acquérir la parfaite certitude, s'applique à ne recevoir aucune chose pour vraie qu'il ne la connaisseévidemment être telle : il doute, usant de sa liberté, refusant d'abord son assentiment à ce qui n'est pas l'évidencerationnelle car nous avons un libre-arbitre qui fait que nous pouvons nous abstenir de croire les choses trompeuses,et ainsi nous empêcher d'être trompés.

Ce doute d'ailleurs n'est en rien une décision de sceptique ou un artifice dedialecticien.

Il est une épreuve destinée à départager le vrai du faux, un examen préalable de toutes les opinions, unparti pris dicté par la volonté de ne céder qu'à l'indubitable.

Il a une fonction positive et une indéniable grandeur.

Envoici le ton : Pour examiner la vérité, il est besoin une fois en sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu'ilse peut...

et il est utile aussi de considérer comme fausses toutes les choses dont on peut douter.

En exerçant cepouvoir redoutable, le sujet met en cause la vérité des choses sensibles, la distinction du songe et de la veille, etmême les démonstrations des mathématiques.

Autant de causes possibles d'erreurs qui nous invitent à nous dégagerdu dogmatisme naïf. Mais voici que le sujet, en poursuivant cette réduction, se retrouve en face de lui-même comme une puissanced'affirmation, comme une existence aussi dont il ne peut douter à son tour.

Si je doute, je pense, je ne puis douterque je pense, et si je pense, je suis.

Cogito ergo sum.

Nous ne saurions douter sans être, et cela est la premièreconnaissance qu'on peut acquérir...

nous avons tant de répugnance à concevoir que ce qui pense n'est pasvéritablement au même temps qu'il pense, que, nonobstant toutes les plus extravagantes suppositions, nous nesaurions nous empêcher de croire que cette conclusion : Je pense, donc je suis, ne soit vraie, et par conséquent lapremière et la plus certaine qui se présente à celui qui conduit ses pensées par ordre. Le Cogito une fois reconnu, il suffit d'en expliciter le contenu, d'une richesse infinie. Un sujet qui peut douter de tout sauf de soi-même ne saurait être matériel.

Cette épreuve lui a révélé la spiritualitéradicale de son essence.

Il se saisit comme une pensée pure, comme un être pensant, une substance entièrementdistincte du corps, une chose qui pense, dont toute la nature ou l'essence n'est que de penser.

Mais en mêmetemps il voit bien que pour penser il faut être et qu'il pense parce qu'il est, au lieu du contraire.

Si bien qu'il pourraitdire indifféremment : Je pense donc je suis, je suis donc je pense. L'existence de l'âme est le premier principe dont on peut déduire les autres vérités métaphysiques.

Elle est plusaisée à connaître que le corps, puisqu'elle se définit par la conscience de soi immédiatement présente à elle-même,tandis que le corps et les choses étendues ne sont connues que par son intermédiaire.

Elle fournit également lemodèle de la certitude.

Je puis prendre pour principe que toutes les choses que nous connaissons clairement etdistinctement sont vraies. Et la portée du Cogito est encore plus grande : il conduit directement à l'existence de Dieu.

Le sujet qui doute prendconscience de son imperfection; mais il ne peut le faire que par comparaison avec l'idée du Parfait dont il n'a pas enlui la raison suffisante : il est impossible que l'idée de Dieu qui est en lui n'ait pas Dieu même pour cause.

D'ailleurs,s'il était Dieu lui-même, il se serait donné toutes les perfections qu'il est capable de concevoir, à commencer parl'existence nécessaire : toutes choses qu'il n'a pas et qui appartiennent à l'Etre suprême dont il dépend comme unexistant fini et contingent.

Enfin l'idée même de l'Etre parfait contient non seulement une existence possible, commeles autres, mais une existence absolument nécessaire et éternelle. De là se tire naturellement la garantie suprême de la vérité des idées claires et distinctes.

Tant qu'il ignorait Dieu,l'esprit pouvait douter de la certitude de ses connaissances, soit à cause du temps qui affaiblit l'évidence saisie parl'intuition, soit parce qu'il se pouvait qu'une divinité trompeuse nous abusât sur les choses les plus évidentes.

LeDieu parfait une fois atteint par l'approfondissement du Cogito, la certitude est définitivement fondée; car ce Dieuétant la source de toute vérité, n'a pas créé notre entendement de telle nature qu'il se puisse tromper au jugementqu'il fait des choses dont il a une perception fort claire et fort distincte.

A nous de prendre garde, l'erreur nous estimputable.

Elle tient à la part de non-être qui est en nous.

Elle vient de ce que nos facultés n'ont pas mêmeextension et de ce que la volonté infinie en elle-même se porte à affirmer ou à nier au delà des choses quel'entendement fini conçoit clairement et distinctement.

A nous de savoir juger en purifiant l'entendement de l'apportdes sens et de l'imagination. Nous savons par ailleurs, grâce à la véracité divine, qu'il y a des vérités mathématiques, que le monde extérieurexiste réellement en accord avec nos représentations, et que la pensée n'est pas enfermée dans un songeperpétuel.

La valeur de la connaissance est assurée. Nous savons enfin que nous portons en nous le signe de l'Infini : nous en découvrons l'idée en creusant le Cogito,nous en participons par la puissance d'affirmation de l'esprit, l'illimitation de la volonté et l'exercice d'une liberté quinous rend semblables à Dieu. Ce n'est pas à dire que nous soyons intégrés à une substance unique qui serait le seul être.

Il y a plusieurssubstances et c'est là un nom qu'on ne peut attribuer à Dieu et aux créatures en un même sens.

Lorsque nousconcevons la substance, nous concevons seulement une chose qui existe en telle façon qu'elle n'a besoin que desoi-même pour exister.

A proprement parler, il n'y a que Dieu qui soit tel : aussi toutes les choses ont-elles besoinde son concours ordinaire pour subsister ne fût-ce qu'un seul instant.

Il conserve tout ce qui est, dans un gestepermanent de création continuée.

Mais entre les choses créées on peut distinguer celles qui n'ont besoin que de ceconcours : ce sont des substances, — et celles qui ne peuvent exister sans les autres : ce sont les qualités ouattributs de ces substances.. »

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