Devoir de Philosophie

LE METIER ET LA VOCATION D'HOMME POLITIQUE DE MAX WEBER

Publié le 02/07/2012

Extrait du document

weber

1) Professionnalisation du politique :

Max Weber fait une distinction entre deux façons de faire la politique : « on peut vivre « de « la politique ou « pour « la politique «.Cette distinction repose sur des critères purement économiques.En effet pour faire de la politique le sens de sa vie ,et vivre donc pour elle, il faut être économiquement indépendant des revenus que pourrait lui procurer la politique (ne pas considérer la politique comme une source de revenus comme celui qui vit « de « la politique) et économiquement disponible,c'est-à-dire ne pas être obligé d’occuper une partie de son temps et de ses capacités à sa subsistance et donc ne pas faire de la politique de manière secondaire.Or, pour Max Weber, seuls les rentiers peuvent théoriquement ne vivre que « pour « la politique.Ainsi lorsqu’un groupement politique n’est dirigé que par des hommes vivants exclusivement pour la politique, ce groupe est une ploutocratie c'est-à-dire un régime où le pouvoir n’appartient qu’aux riches.

weber

« 2) Bureaucratisation des partis politiques :Cette démocratisation est étroitement liée à l’évolution des partis politiques.En effet devant la nécessité d’organiser les masses , «de cohésion plus ferme à l’intérieur des partis » ,les partis politiques deviennent des « entreprises »,des « machines » possédantsun corps de fonctionnaires, « des fonctionnaires « politiques » »On assiste donc à une bureaucratisation de ces groupespolitiques.Les partis de notables disparaissent peu à peu au profit de « permanents » qui définissent le programme à l’intérieur duparti, programme que devront suivre les élus parlementaires.

Ainsi le chef politique, qui est essentiel ici, est celui que « lamachine » pourra suivre, soutenir.

Dans les partis politiques contemporains le charisme du chef est donc primordial.Le chef duparti politique est, comme l’écrit Weber, « un démagogue moderne » c'est-à-dire un individu qui n’hésite pas à faire usage dudiscours et du verbe pour être suivi par les partisans.Ainsi, pour le sociologue allemand la démocratie moderne est un mélangeentre une bureaucratie forte (rationalité) et des chefs plébiscités (charisme).

Les chefs fixent les buts, la bureaucratie dispose desmoyens pour les atteindre.Max Weber nous présente les différentes formes que revêt cette évolution en Angleterre, aux Etats-Unis et en Allemagne.3) Face à ce phénomène de bureaucratisation, à cette apparition de « fonctionnaires politiques » il est indispensable de distinguerles hommes politiques des fonctionnaires :La vocation du « véritable fonctionnaire » est le fait d’administrer de manière non partisane, il ne doit donc pas faire de lapolitique.Il doit appliquer sans ressentiment ce que le chef politique lui dit de faire comme s’il s’agissait de sa propre volonté : ildoit appliquer la tâche « sans ressenti ni parti pris ».Contrairement à l’homme politique, le fonctionnaire ne peut et ne doit pascombattre puisque le principe de responsabilité lui est étranger.En effet il doit exécuter consciencieusement un ordre sous laresponsabilité de l’autorité supérieure c'est-à-dire du chef politique : en aucun cas il n’est responsable de ses actes.

Cedévouement, cette discipline du fonctionnaire est indispensable sinon la machine étatique, s’il s’agit de fonctionnaire d’Etat, oucelle du parti, s’il s’agit de fonctionnaire du parti, s’écroulerait.(A noter que le journaliste est un type d’homme politique mais qu’il ne pourra jamais être un chef politique.) C) La vocation politique :1) Les qualités de l’homme politique :Selon Max Weber, pour que l’homme politique soit digne du pouvoir qu’il exerce et donc de la responsabilité que ce pouvoir luiimpose, il doit posséder trois qualités : « La passion » : il doit se mettre au service d’une cause et se dévouer à elle.

« Le sentiment de la responsabilité » qui oriente l’action du politique « Le coup d’œil » : le détachement, le politique doit savoir prendre de la distance.2) L’ethos de l’homme politique:A la fin de son discours Max weber veut définir l’éthique -c’est à dire un système de valeur personnellement construit,contrairement à la morale, issue de la culture-de l’homme politique.

Le politique peut être guidé par deux sortes d’éthiques « totalement différentes et irréductiblementopposées » : Son activité peut s’orienter selon « l’éthique de conviction ».Le politique influe alors sur la direction du groupement politique enfonction de ce qu’il croit bon.La conscience du politique qui agit selon sa conviction est irréfutable, dans la mesure où son seulobjectif est de rester, quoi qu’il en coûte, fidèle à lui-même.L’homme politique se dévoue donc entièrement à sa cause sans sesoucier des conséquences de son action.

Or, les conséquences des actes vont généralement à l’encontre de la fin poursuivie.

MaxWeber nous donne l’exemple du syndicaliste dont l’action accroît les chances de la réaction, celui du pacifiste qui sans le vouloirfavorise la victoire du plus fort.Pour Max Weber l’éthique de conviction est de toute manière vouée à l’échec puisque les moyensutilisés pour arriver au but poursuivi peuvent aller à l’encontre de la conviction de celui qui agit.Ainsi les révolutionnairescondamnent, au nom de la morale, la politique de force mais l’utilisent lorsqu’ils refusent les buts de leurs adversaires L’activité du politique peut s’orienter en fonction de « l’éthique de la responsabilité ».Le politique prend en compte lesconséquences de son action et interprète l’action en terme de moyens fins,pour reprendre le vocabulaire d’Aron.Ainsi seul comptele résultat : le politique qui agit n’hésitera pas à utiliser des moyens réprimés par la morale s’ils sont indispensables à laréalisation de son objectif.Max Weber cite d’ailleurs Machiavel, le citoyen florentin qui a préféré « la grandeur de « sa »cité ausalut de « son » âme », « la fin justifie les moyens » écrivait d’ailleurs le conseiller du prince.3) Vers une action politique raisonnable :Selon Max Weber, l’action politique doit suivre une voie raisonnable en procédant à un juste compromis entre éthique deresponsabilité et éthique de convictions.En effet, seul l’homme qui possède ces deux éthiques peut prétendre à la vocationpolitique :« L’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l’unel’autre et constituent ensemble l’homme authentique c’est-à-dire un homme qui peut prétendre à « la vocation politique » ». 2) Analyse critique :Différence entre la conception du pouvoir et de l’Etat entre Max Weber et Hannah Arendt:Dans son discours, Max Weber assimile le pouvoir à la violence.Or s’inscrire dans cette logique revient à accepter implicitementl’idée selon laquelle la violence n’est rien d’autre que la manifestation la plus évidente du pouvoir.

Pour Hannah Arendt, cettelogique est erronée car elle ne considère l’Etat et la politique que sous l’angle de la domination et de l’oppression.

Or, l’Etat n’estpas toujours une machine oppressive.

Il est donc nécessaire de distinguer le pouvoir de la violence.

Pour parvenir à cette fin,Hannah Arendt trace une ligne de démarcation entre le pouvoir et la violence.Pour elle, « le pouvoir a toujours besoin de s’appuyer sur la force du nombre tandis que la violence peut s’en passer dans unecertaine mesure, du fait que pour s’imposer, elle peut avoir recours à des instruments ».

L’exemple classique d’un système violentbasé sur un petit nombre peut être perçu à travers les régimes tyranniques qui ont sévi dans certains pays par la force sansdemander aux populations leurs avis.

Ces régimes sont généralement soutenus par un faible nombre d’individus.

Leur forceémane de la violence et de la passivité des individus.Toutefois il est bon de placer ces deux intellectuels dans leurs contextes : Max Weber n’a pas connu le nazisme puisqu’il meurt en1920 à la différence de l’allemande juive Hannah Arendt qui a tenté de le combattre et qui l’a analysé ainsi que le régimetotalitaire stalinien (cf.

Des origines du totalitarisme 1951) Ordre bureaucratique et système totalitaire :Pour Weber, l’Etat moderne met en œuvre les règles universelles du droit à travers l’administration bureaucratique- qui est laforme pratique de la domination légale rationnelle.La norme légale rationnelle représente l’ensemble des règles de droit d’unesociété.Elle signifie que l’on n’obéit plus à une personne mais à un ordre immanent,impersonnel et universel.Cette norme est miseen place par une administration bureaucratique.Cette forme de domination est consubstantielle à la modernité,elle est inévitable. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles