MICHEL-ANGE : LE JUGEMENT DERNIER

« MICHEL-ANGE LE JUGEMENT DERNIER 1536-1541 Peintre italien Analyse ♦^ Le Jugement dernier clôt de manière logique le cycle de l'Ancien et du Nouveau Testament peint par Michel-Ange sur les murs de la chapelle Sixtine. L'artiste bouleverse ici la tradition icono graphiquedu XVe siècle qui voulait que Jésus fût placé sur le trône, avec à sa droite les élus, et à sa gauche les réprouvés. Michel-Ange asouligné ainsi beaucoup plus nettement le caractère irré vocable du jugement divin, dans le Bien comme dans leMal. Une nuée de personnages,n'obéissantà aucune loi perspective, encadrent donc le Juge suprême.

Les anges sont figurés dans les lunettes, avec les symboles de la Passion. La partie supé rieure de la composition est consacrée aux saints et aux martyrs : la partie inférieure est réservée aux damnés. Certains d'entre eux luttent avecles diables afin d'échapper au châtiment divin, d'au tres s'entassent dans la barque de Charon, le nocher des Enfers,ou se jettent dans le fleuve, tandis que Minos, un des juges, attend sur l'autre rive. Lespersonnages de gauche sont entraînés vers le haut alors que ceux de droite sont poussés vers le bas. Le centre est occupé par la figure imberbe du Christ, fermementinstallé sur un nuage ; la Vierge est à son côté. Cette œuvre de la maturité tranche avec la pro duction de jeunesse de Michel-Ange :les figures harmonieuses ont laissé place àdes corps pesants, des visages déformés par le péché et terrorisés par le Jugement. La fresque reflète, enréalité, la crise morale qui secouait l'église catholique RCTO CHAPELLE SIXTINE 165b CITÉ DU VATICAN xv^-xvi* siècles Fresque 17 x 13 m avant restauration m depuis le sac de Rome, en 1527 : cet événement avait mis à mal la croyance en une cité éternelle, protégée de tout bouleversement socio-politique. Les nus firent scandale avant même l'inaugura tion de la fresque, en 1541. Paul III se rendit en effet vers 1537 à la Sixtine pour voir où en étaient les travaux. Un groupe de prélats l'accompagnait, parmi lesquels Biagio da Cesena, maître des céré monies : ce dernier déclara, indigné, que ces nus avaient davantage leur place dans une auberge que dans une chapelle papale. Le scandale ne cessa qu'en 1564, lorsque Daniele da Volterra recouvrit les nudités de draperies pudiques. L'œuvre LJ Clément VII avait chargé Michel-Ange en 1533 d'orner lemur du fond de la chapelle Sixtine. À la mort du pontife, les tractations passées entre le Saint-Siège etl'artiste furent soumises àl'approba tion du nouveau pape, Paul III Famèse. Après avoir examiné le carton préparatoire, leprélat entérina l'accord donné par son prédécesseur. Commencés en 1536, les travaux furent terminés en 1541. La restauration, achevée début 1994, (la chapelle Satine est ànouveau ouverte au public depuis le 11 avril) arendu àlafresque son aspect originel, qui nous était connu grâce àune copie de Marcello Venusti, conservée au musée de Capodimonte à Naples. Les droits photographiques de lafresque restau rée ne sont cependant pas encore disponibles. Le conflit entre Michel-Ange et Sebastiano dei Piombo ? L'amitié qui liait Michel-Ange etSebastiano dei Piombo, fervent admirateur du Toscan, cessa avec leurs divergences sur la technique du Juge ment. Le Vénitien suggéra àPaul III d'imposer àMichel-Ange la peinture à l'huile.Ce dernier répondit à la proposition par un silence de plu- Du même peintre : PICTO 161à 167 Nardini Editore, 1994. Liriade pour l'édition française, 1994, i sieurs mois avant de déclarer que « la peinture à l'huile était un art de femme ou de gens aisés... comme (Se)bastiano ».

Lepeintre de la Sixtine ne commença l'exécution de la fresque que le 18 mai 1536, lorsqu'il fut sûr de sa complète autono mie d'action. Photo Scala, Florence. »